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Quand les boucs font l’effet mâle

Placés au milieu des chèvres, les boucs peuvent déclencher et synchroniser la venue des chaleurs. Une technique qui permet de se passer d’hormone, à condition de respecter un protocole rigoureux. Conseils du Groupe reproduction caprine.

L’arrivée des mâles dans un troupeau de chèvres va induire et grouper les chaleurs en dehors de la saison sexuelle. © D. Hardy
L’arrivée des mâles dans un troupeau de chèvres va induire et grouper les chaleurs en dehors de la saison sexuelle.
© D. Hardy

Introduire un mâle sexuellement actif au milieu de femelles réceptives permet d’induire et de grouper les chaleurs en dehors de la saison sexuelle sans avoir recours aux hormones. L’arrivée des mâles va stimuler l’activité ovulatoire de femelles grâce aux signaux sensoriels, notamment olfactifs.

Pour que la stimulation soit efficace, tous les mâles de plus de trois mois devront avoir été séparés des femelles au moins deux mois avant. La séparation doit être totale. Les chèvres ne doivent pas voir, ni entendre, ni sentir les boucs. Concrètement, les mâles doivent être dans un bâtiment différent, à au moins 100 mètres de celui des femelles. Pour éviter de ramener l’odeur des boucs à la chèvrerie, l’éleveur interviendra d’abord par le soin aux chèvres (alimentation, paillage…) avant celui des mâles.

Des boucs actifs et en nombre

Pour être sexuellement actif, les mâles doivent s’être reproduits au moins une fois et être âgé de 2 à 6 ans. Ils doivent être aussi en bonne santé et bien exprimer leur libido. Les mâles ne doivent pas avoir subi de stress avant la mise en place de l’effet mâle. Par exemple, pas d’interventions zootechniques ou prophylactiques deux mois avant la mise en contact.

Pour que la stimulation soit efficace, il faut un bouc pour dix femelles. Une fois introduits, les boucs doivent rester en permanence au contact des chèvres jusqu’à la saillie ou l’insémination. Les mâles vont fortement s’activer pendant cette dizaine de jours. Il faudra veiller à ce qu’ils puissent se reposer et s’alimenter correctement. Dans l’idéal, il faut même prévoir un roulement journalier afin qu’ils puissent avoir des périodes de repos et maintenir une bonne stimulation des femelles.

Un tablier ou une vasectomie pour limiter les saillies

Les mâles introduits dans le troupeau pour déclencher les chaleurs ne seront pas forcément ceux qui vont saillir les chèvres. On peut ainsi préférer inséminer les chèvres en chaleur avec de la semence, fraîche ou congelée, ou s’assurer de la paternité en pratiquant la monte en main. Dans ce cas, les mâles utilisés pour l’effet bouc doivent être munis d’un tablier qui évitera les saillies. Ce tablier doté d’un crayon marqueur permettra de repérer les femelles acceptant le chevauchement, signe de chaleur.

À défaut de tablier, certains éleveurs utilisent des boucs vasectomisés qui gardent tous leurs comportements sexuels mais ne peuvent pas féconder les femelles. L’opération chirurgicale est réalisée par un vétérinaire. Cela permet de s’affranchir de l’usage des tabliers, vite souillés et odorants, qui nécessite des manipulations quotidiennes des boucs. Des harnais marqueurs sont disponibles pour équiper les boucs vasectomisés pour la détection des chaleurs.

Toutes les femelles ne sont pas réceptives

L’effet mâle peut s’utiliser en avance de saison sexuelle sur les mois de septembre et octobre, quand les femelles ne sont pas encore cycliques mais qu’elles sont réceptives au mâle. Il est possible aussi de mettre en place l’effet mâle en contre-saison, sur les mois d’avril à août, à condition d’appliquer un traitement lumineux préalable autant aux mâles qu’aux femelles.

Le déclenchement des chaleurs n’est cependant pas automatique. 2 % des femelles ne répondent pas du tout à l’effet mâle. 17 % des femelles présentent un premier cycle court qui intervient plus de 5 jours après l’introduction des mâles après lequel elles retombent en anoestrus. 3 % des femelles connaissent directement un cycle normal avec une ovulation 2 à 4 jours après l’introduction. En moyenne, 78 % des femelles connaissent un cycle court suivi d’une seconde ovulation accompagnée d’un comportement de chaleur, 7 à 9 jours après l’introduction du mâle. C’est pourquoi on constate un pic de chaleurs dans la semaine qui suit l’introduction des boucs.

Avis d’éleveuse

« Des boucs vasectomisés plutôt que des tabliers »

« Nous sommes en bio depuis 2017 mais nous voulons conserver l’insémination. Pour cela, nous inséminons les chèvres en chaleur après un effet bouc, fin août-début septembre. La première année, nous avions des tabliers marqueurs pour repérer les chèvres en chaleur mais ils se salissaient vite. Avec la chaleur, l’odeur n’était vraiment pas agréable non plus. Pour éviter cela, nous avons fait vasectomiser 14 boucs l’an dernier. C’est le vétérinaire qui nous a fait ça en une journée pour 30 à 35 euros hors taxe par bouc. L’opération chirurgicale est réalisée vers l’âge de cinq mois. Après avoir anesthésié l’animal, le vétérinaire coupe environ un centimètre du canal déférent. C’est nécessaire pour ne pas que le canal se cicatrise. De même, il faut attendre au moins un mois pour s’assurer que les spermatozoïdes présents dans le canal sont morts. Les boucs sont ensuite équipés de harnais marqueurs et sont placés dans le lot de 100 chèvres à raison d’un bouc pour dix chèvres. Les boucs sont laissés une semaine avec les chèvres. À cette période, nous passons du temps, matin et soir, à observer les marquages sur les chèvres. Nous appelons l’inséminateur qui vient le lendemain inséminer les chèvres marquées la veille. Ne sont inséminées que les chèvres qui sont bien marquées. De même, nous préférons la couleur bleue qui tient mieux, plutôt que du rouge qui part vite ou que du vert qui ne se voit pas bien. Il faut s’assurer que les harnais sont bien fixés et changer les marqueurs si besoin mais c’est beaucoup moins d’entretien que les tabliers qui se souillaient. »

Astuce

Du propylène-glycol pour booster le groupage

Une étude de l’Inra a montré qu’une complémentation alimentaire énergétique contenant du propylène glycol permettait un avancement des ovulations induites par l’effet mâle au moment du cycle normal. La distribution de 60 ou 120 grammes par jour de granulés Nutri’AP Energie de l’Alliance Pastorale a aussi permis une plus grande synchronie de ces ovulations après l’introduction de boucs actifs.

Plus d’infos sur journees3r.fr

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