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Plus de cellules dans les mamelles abîmées

Les concentrations cellulaires sont plus élevées chez les chèvres avec des ganglions, abcès, déséquilibres ou indurations mammaires. De quoi inciter à reformer les chèvres avec des mamelles très abîmées.

Trois étudiantes de l’École vétérinaire de Toulouse ont examiné deux fois d’affilée les mamelles de pas moins de 3 800 chèvres issues de 15 élevages. Ces inspections, palpations et examens ont permis de noter les abcès, indurations, nœuds lymphatiques et autre déséquilibres mammaires. Cet examen clinique de la mamelle a été mis en relation avec les concentrations cellulaires. On observe une augmentation des concentrations cellulaires avec le nombre et l’intensité des lésions. Ces lésions mammaires s’aggravent en tendance avec l’âge et il semble y avoir peu d’effet de la race.

Les lésions sur le trayon comme indicateurs des conditions de traite

En examinant cette fois le trayon, les étudiantes ont noté la fréquence et l’intensité des lésions apparues sur le trayon après la traite. « Nous n’avions aucune référence chiffrée sur les fréquences de ces lésions et ce travail a permis une première quantification », apprécie Renée de Crémoux de l’Institut de l’Élevage. Dans ces 15 troupeaux, les observations montrent qu’il y a relativement peu de kystes en moyenne (14 %), en grappe et bilatéraux dans un tiers des cas. Les anneaux de compression sont fréquents, observés sur 55 % des mamelles, mais le plus souvent discrets. Les congestions concernent un tiers des mamelles, et sont le plus souvent de même intensité des deux côtés. Les pincements sont fréquents (48 % des observations) et le plus souvent bilatéraux. Les hyperkératoses semblent relativement peu fréquentes (18 %) et le plus souvent discrètes.

« Si le lien entre lésions mammaires et cellules dans le lait est affirmé, on n’observe pas d’impact notable sur les concentrations cellulaires pour les congestions, pincements, hyperkératoses ou anneaux de compression sur les trayons, note Renée de Crémoux. Seule la présence de kystes sévères sur les trayons a été corrélée à des concentrations cellulaires plus élevées. Ces kystes volumineux ou en grappe doivent gêner la tenue du faisceau trayeur et détériorer la qualité de la traite. » Globalement, il y a davantage de lésions sur les trayons chez les animaux âgés à l’exception des congestions que l’on rencontre davantage chez les primipares. Les animaux longs à traire ont aussi davantage de lésions des trayons. Ces lésions du trayon sont néanmoins essentielles à prendre en compte. Elles constituent en effet un témoin des conditions de traite des animaux et donc des risques liés à la traite vis-à-vis de la transmission des infections. Des indicateurs à ne pas négliger !

Réformer les animaux infectés de façon chronique

Les élevages avec des problèmes de cellules, et ceux qui ne peuvent pas repérer les animaux à forts niveaux cellulaires par le contrôle laitier, peuvent néanmoins prendre en compte les enseignements de l’étude : les concentrations cellulaires augmentent avec le nombre et l’intensité des lésions du parenchyme mammaire. « Réformer les deux ou trois animaux infectés de façon chronique permet de diminuer la pression d’infection et de limiter la transmission des bactéries », recommande Renée de Crémoux. La réforme de ces animaux très chargés, à plusieurs millions de cellules, contribuera à faire baisser la moyenne du tank au fur et à mesure.

Des liens entre cellules et morphologie de la mamelle

À partir des 450 000 pointages réalisés par Capgenes en début de carrière, l’Institut de l’Élevage a établi six profils de conformation de mamelle qu’il a croisés avec les concentrations cellulaires. Entre la classe 3, avec une mamelle haute et des trayons courts, et la classe 5, avec des mamelles pendantes et des trayons tournés vers l’extérieur, on observe une différence moyenne de 300 000 cellules/ml. La variabilité est cependant très grande à l’intérieur des classes et l’on trouve des chèvres de classe 3 à fortes concentrations cellulaires comme des classes 5 faiblement chargées en cellules. Lors de l’examen des mamelles, un quart des chèvres de la classe 5 avaient un plancher en dessous du jarret. « Comme chez les autres ruminants laitiers, les mamelles basses sont associées à des niveaux cellulaires plus élevés », confirme Renée de Crémoux. Près d’un tiers des mamelles de la classe 5 présentait un ganglion très réactionnel. Les chèvres de la classe 5 avaient aussi en tendance davantage de déséquilibres ou d’indurations que les celles des autres classes, donc davantage d’infections chroniques.

Les planchers bas sont pénalisés

L’Inra de Bourges a travaillé sur la caractérisation de la morphologie mammaire à partir d’images. À l’aide de quatre photos (sur les côtés, par l’arrière et des zooms sur les trayons) de 81 chèvres, ils ont pu définir 43 variables. « Des différences significatives ont été observées entre les groupes d’animaux à faibles et à fortes concentrations cellulaires » explique Christophe Huau de l’Inra. On a par exemple observé davantage de mamelles avec une poche dans la citerne dans les groupes à cellules élevées. Il en est de même pour les mamelles avec le milieu du trayon plus large ou celles avec un plancher situé en-dessous du jarret.

Les recherches se penchent actuellement sur l’imagerie 3D des mamelles mais il y a encore beaucoup à faire pour automatiser la prise de mesure.

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