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Systèmes d'élevage bovins viande, quelle rentabilité ?

Un traitement statistique des coûts de production, collectés sur trois ans dans les Pays de la Loire et en Deux-Sèvres, a permis de mettre en avant les facteurs de variabilité de la rentabilité des exploitations bovins viande.

Les systèmes les plus rémunérateurs ont joué systématiquement sur une part suffisante de céréales autoconsommées (>50 % des concentrés consommés de l’atelier), sur une bonne gestion du poste mécanisation, une productivité des UGB correcte et une productivité de la main-d’œuvre satisfaisante. © C. Delisle
Les systèmes les plus rémunérateurs ont joué systématiquement sur une part suffisante de céréales autoconsommées (>50 % des concentrés consommés de l’atelier), sur une bonne gestion du poste mécanisation, une productivité des UGB correcte et une productivité de la main-d’œuvre satisfaisante.
© C. Delisle

Afin d’apporter des leviers d’amélioration de la rentabilité en élevages bovins viande, les organismes Bovins croissance Sarthe, Sèvres-Vendée Conseil, Seenovia et les chambres d’agriculture des Pays de la Loire, des Deux-Sèvres ont conduit une étude à partir des coûts de production collectés sur trois années consécutives (2015, 2016 et 2017) dans plus de 800 exploitations.

« À partir d’une base de données composée de 1 032 coûts de production, on a élaboré une série de fiches pour permettre aux agriculteurs de se comparer à la moyenne et aux exploitations les 10 % les plus rémunératrices dans leur système (top 10) en naisseur, naisseur engraisseur et par race », souligne Baptiste Cornette, ingénieur chargé de missions viande bovine à la chambre d’agriculture des Pays de la Loire, avant d’ajouter, « un traitement statistique a été réalisé pour déterminer le lien entre les variables du coût de production et la rémunération en Smic par UMO de l’exploitant. »

La rémunération dépend du système de production

La rémunération moyenne des systèmes bovins viande s’élève à 1,2 Smic par UMO exploitant avec toutefois une forte variabilité qui s’échelonne de - 3,8 Smic à + 6,52 Smic. Cette différence de rentabilité s’explique par plusieurs paramètres. Tout d’abord, il existe un effet système, avec un écart de 0,69 Smic entre les naisseurs (1,1 Smic/UMO) et les naisseurs engraisseurs (1,79 Smic/UMO). Il existe également un effet race avec un niveau de rémunération plus élevé pour les éleveurs détenteurs de cheptels composés de races bénéficiant d’un prix de marché plus attractif.

« Le coût de production est le premier facteur expliquant la différence de revenus entre les éleveurs. À lui seul, il joue pour 50 % dans la variation du Smic par UMO chez les naisseurs engraisseurs et pour 75 % chez les naisseurs. Pour les naisseurs engraisseurs (charolais), la productivité de la main-d’œuvre explique 20 % des écarts de revenu et intervient comme second facteur explicatif. Les aides arrivent en troisième et expliquent 16 % des écarts. En quatrième, on retrouve le prix de vente (13 %) de la viande produite et pour finir la productivité des UGB (5 %). Ainsi, dans un acte de conseil aux exploitants il est important de suivre ce gradient d’importance pour améliorer la rentabilité de l’exploitation. »

Favoriser l’autoconsommation

Au sein du coût de production, le coût d’achat des aliments représente l’un des principaux leviers à actionner pour améliorer la rentabilité des élevages et ce, quels que soient les races et les systèmes. « C’est en jouant sur la part de céréales autoconsommées (> 50 % des concentrés consommés de l’atelier) que les élevages dans le top 10 divisent de 30 % le coût alimentaire. »

La mécanisation demeure la principale charge dans le coût de production. « Plus la part de travaux par tiers est importante, plus le poste mécanisation est réduit. L’optimum est observé quand les travaux par tiers représentent 40 % de la mécanisation. Pour diminuer ce poste, il est de plus, intéressant d’acheter du matériel d’occasion et de le faire vieillir car les réparations provoquées sont toujours inférieures à l’amortissement », précise Baptiste Cornette.

La productivité de la main-d’œuvre constitue un atout pour améliorer son revenu surtout en système naisseur engraisseur. « Dans les systèmes où les éleveurs maîtrisent leurs charges, c’est un levier complémentaire. On estime que 70-80 vêlages par UMO est un bon compromis entre capitaux mobilisés, travail et rentabilité pour un système naisseur engraisseur. Chez les naisseurs, on estime ce repère autour de 80 vêlages. Les systèmes avec une productivité supérieure n’ont pas un revenu au-dessus de la moyenne. »

Le levier prix de la viande à ne pas négliger

Le levier prix explique également une grande variabilité du revenu autour des 10 %. « Ce volet prix est construit par le taux de finition des animaux. Plus le taux de finition est élevé, moins le prix est important. Aussi, nous observons un lien entre le poids carcasse des vaches de réforme et le prix payé au producteur. Malgré les discours le lien est encore positif. Passer de 450 à 500 kg carcasse, améliore de 25 centimes le prix du kilo carcasse entre 2015 et 2017 en race charolaise… », conclut Baptiste Cornette.

(1) Les données sont issues du logiciel CouProd de l’Institut de l’élevage. La méthode « coût de production » nationale (kg vifs vendus - kg vifs achetés + ou – la variation d’inventaire) est l’aboutissement d’un travail commun entre l’Institut de l’élevage et les chambres d’agriculture via les réseaux d’élevages Inosys.

Quel est le système type le plus rémunérateur en viande bovine ?

C’est un système naisseur engraisseur composé de 70-80 vêlages par UMO, avec des poids de vente des réformes entre 450 et 500 kg carcasse, des paramètres zootechniques maîtrisés et un chargement ne dépassant pas 1,7 UGB/ha SFP. Et ce pour une race avec un prix élevé.

C’est une exploitation autonome sur le volet fourrager et énergétique (donc qui produit et consomme sa céréale) avec un parc matériel d’occasion qui utilise du matériel spécifique en Cuma (rouleau semoir enrubanneuse…). Les autres postes du coût de production sont également maîtrisés.

« À la définition de ce système, nous avons ainsi une crainte particulière avec la montée des démarches label à grande échelle qui nécessite l’achat d’aliment sans augmenter de façon notable le prix des animaux vendus et donc la rémunération de l’exploitation… », observe Baptiste Cornette.

Dix fiches téléchargeables gratuitement

Sur le site internet de la chambre d’agriculture des Pays de la Loire, dix fiches sont en consultation libre. Elles décrivent les fermes les plus rentables en élevages bovins viande, pour les principales races présentes dans ces différents départements (Blonde d’Aquitaine, Charolaise, Limousine, Parthenaise et Rouge des Prés) et ce, pour les systèmes naisseurs et naisseurs engraisseurs. Ces fiches sont structurées selon le même modèle. Avec systématiquement une comparaison entre les exploitations les 10 % les plus rémunératrices et la moyenne.

Des spécificités selon les races abordées grâce à des fiches complètes

« En effet, l’approche par race et par systèmes de ces fiches offre de nouvelles perspectives dans la personnalisation du conseil aux éleveurs. Ces fiches sont structurées selon le même modèle. Avec systématiquement une comparaison entre les exploitations les 10 % les plus rémunératrices et à la moyenne. »

Ces fiches abordent en première page une description des postes du coût de production complété par les données sur la structure de l’atelier.

En deuxième page, « vous trouverez les éléments sur le système fourrager et les paramètres de productivité des UGB avec les poids carcasses des animaux et les données de reproduction. Pour finir, la dernière page vous donne l’impact de chaque poste sur le Smic par UMO suivi d’un tableau qui vous donne le gain économique provoqué par l’évolution du critère. Par exemple, en naisseur engraisseur Blonde d’Aquitaine, une exploitation qui réduit son coût alimentaire de 13 euros améliore de 0,34 Smic son revenu par UMO, c’est autant que de conduire 23 UGB supplémentaires. Pour ce système, le coût alimentaire explique 18 % de différence de rémunération entre les exploitations ce qui en fait un point de travail essentiel. »

Un outil donc gratuit et complet indispensable dans le conseil en élevage bovin viande. Pour les consulter, il faut se connecter sur le site de la chambre et accéder au moteur de recherche : couprod fiches décrivant les fermes les plus rentables en élevages bovins viande.

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