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Des systèmes agricoles résilients en Haute-Loire

Les références économiques des exploitations agricoles de Haute-Loire présentées par Cerfrance Haute-Loire, pour la campagne 2022-2023, montrent la résilience de nos systèmes.

Le président, Thierry Bouchet et le directeur du pôle Conseil Agri, Fabrice Bouquet, ont ouvert le café-conférence avec les 3 intervenants.
Le président, Thierry Bouchet et le directeur du pôle Conseil Agri, Fabrice Bouquet, ont ouvert le café-conférence avec les 3 intervenants.
© © HLP

Le café-conférence annuel organisé le 16 février dernier par Cerfrance Haute-Loire a consacré une matinée aux résultats économiques des exploitations agricoles de Haute-Loire. "Nos systèmes de productions agricoles à l'assaut des défis de demain", tel était le thème d'intervention de ce rendez-vous professionnel centré sur la campagne 2022-2023, avec des résultats actés pour 2022 et des tendances pour 2023 voire 2024. Présentée par les chargés d'étude, Antoine Cerles, Annabelle Barthélémy-Dubost et Angèle Herbet de la cellule veille économique Alliance Massif-Central, l'analyse porte sur un échantillon d'exploitations spécialisées (dont l'activité principale représente au minimum 70% du produit d'exploitation hors subvention) en lait conventionnel et bio, bovins viande et ovins viande.
 

Contexte inflationniste


Ces exploitations évoluent depuis plusieurs années dans un contexte économique inflationniste sous l'effet d'une récession nationale et mondiale en 2020 et du conflit russo-ukrainien en 2022. Depuis mi-2023, l'inflation amorce une phase de décroissance mais les prix (énergie et alimentation) restent élevés induisant une baisse de la consommation des ménages et un report sur les produits les moins chers. Dans ce contexte, nos exploitations ont évolué avec une main-d’œuvre salariale en forte progression (+36% en bovins lait conventionnel entre 2019 et 2022) et un chargement en baisse afin de gagner en autonomie, en particulier en système bio. "Les résultats économiques des exploitations ont permis une partie de ces embauches de main-d’œuvre" indique Angèle Herbet tandis que le responsable professionnel Anthony Fayolle remarque que "la vision de l'agriculteur en tant qu'employeur de main-d’œuvre s'est démystifiée grâce à l'accompagnement dont il peut bénéficier au travers de structures compétentes".
Les intervenants ont ensuite exposé les charges impactantes pour la période 2022-2023. Le poste numéro 1 correspond aux frais d'alimentation (+ 21% en 2022) sous l'effet conjugué de la sécheresse et de l'inflation. Viennent ensuite les frais de mécanisation (+25%) principalement impactés par le carburant, dont le prix s'est stabilisé à ce jour, et la hausse du prix du gaz qui a induit l'emballement du prix des engrais ; les systèmes d'élevage s'y sont adaptés en limitant la dose d'engrais utilisée. Au bilan, "Les agriculteurs ont été résilients" indique Angèle Herbet.
 

Des prix en hausse


Face à ces charges en hausse, les agriculteurs ont heureusement pu compter sur une augmentation des prix de leurs produits en 2022-23 sauf pour le lait bio qui subit une forte crise structurelle, même si la baisse de prix atteint aujourd'hui un palier ; Cerfrance espère même une hausse de prix du lait bio en 2024 en lien avec la baisse de collecte. En bovins viande, le déséquilibre offre/demande continue à stimuler les prix des gros bovins. Le prix des vaches de réforme allaitantes et laitières se maintient aussi en 2023-24. Du côté des broutards, la décapitalisation limite leur disponibilité, ce qui a eu un impact positif sur les cours 2022 ; en 2023-24, les cours de cette catégorie d'animaux se sont stabilisés. L'association de gestion et de comptabilité signale par ailleurs que les systèmes bovins viande devraient être impactés par la baisse des aides PAC (-25€/UGB). En ovins viande, les cours sont en progression depuis 2019 et la tendance se poursuit en 2023 et 2024.
Les résultats d'exploitation sont en progression avec des rémunérations permises 2022 de 1,4 Smic en bovins lait (prévision de 1,6 Smic en 2023), de 1 Smic en bovin lait bio, de 1,5 Smic en bovins viande (même tendance en 2023) et de 1,2 Smic en ovins viande (prévision de 0,95 Smic en 2023 en raison de frais de structures élevés). Tous systèmes confondus, ce sont 6 € de capital investis pour 1€ d'EBE produit, ce qui pose la question de l'avenir de la transmission des exploitations...
Toutefois malgré les multiples aléas subis (climatique, sanitaire...), les systèmes agricoles du département ont fait preuve de résilience et ont su s'adapter.
En fin d'intervention, le débat a été ouvert sur la question des systèmes alimentaires actuel et à avenir et par, là même, du comportement du consommateur en matière d'achat alimentaire.

 

Zoom sur...
Quel système alimentaire demain ?
Au niveau mondial, les limites planétaires, du point de vue environnemental, sont près d'être atteintes ou même dépassées et en 2050, 10 milliards d'êtres humains seront sur terre. En France, alors que l'on observe une dégradation du tissu productif agricole et que de forts risques pèsent sur notre souveraineté alimentaire, les intervenants de Cerfrance Haute-Loire ont rappelé qu'un agriculteur nourrit en moyenne 99 personnes ; toutefois, le système alimentaire actuel est basé sur le principe suivant : pour 100€ d'achats alimentaires en France, seuls 6,5€ reviennent aux agriculteurs français. Quant au consommateur, il indique "vouloir consommer local et responsable". 
L'objectif de Cerfrance Haute-Loire étant d'aider les exploitations à trouver de la rentabilité économique et à faire preuve de résilience, Cerfrance a évoqué la problématique des fuites (d'azote...) qui ont des conséquences non négligeables, à la fois sur les exploitations et sur le climat. Or "limiter les fuites a un double effet du point de vue économique et écologique". 
"Les choix du consommateur de demain vont-ils aller dans le bon sens et ainsi permettre aux exploitations de garder de la rentabilité économique ?" s'interrogent les intervenants qui ont présenté quelques évolutions possibles. La transition agricole ne dépend pas uniquement des agriculteurs ; elle doit être précédée et accompagnée d'une transition alimentaire, elle-même initiée par les politiques des États et par la modification des comportements d'achat des consommateurs ; en somme, il revient à chacun d'entre nous de contribuer à bâtir un projet de société lui même porteur d'une transition agroalimentaire. 
 

 

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