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Changement climatique
Des leviers existent pour adapter nos systèmes de productions au changement climatique

 Jeudi 7 décembre, à St Paulien, la Chambre départementale d'agriculture a organisé une journée 
d'information sur le thème de l'adaptation des pratiques agricoles.

Conseillers Chambre et agriculteurs ont témoigné des leviers actionnés dans les diverses productions pour faire face au changement climatique.
Conseillers Chambre et agriculteurs ont témoigné des leviers actionnés dans les diverses productions pour faire face au changement climatique.
© © HLP

Les leviers d'adaptation des pratiques agricoles en Haute-Loire face au changement climatique ont fait l'objet d'une journée d'information, jeudi dernier 7 décembre à St Paulien, à l'initiative de la Chambre départementale d'agriculture. Et dans son propos d'introduction à la journée, le président Yannick Fiialip a insisté : "le changement climatique c'est une vérité ; c'est une tendance qu'il faut prendre en compte". Néanmoins, il s'est voulu rassurant : "beaucoup parlent de catastrophe, mais il y a des solutions. Pour nous agriculteurs, l'enjeu est grand, mais on a des leviers, on peut s'adapter", tout en ajoutant : "notre rôle est de nourrir la population, il nous faut donc des moyens".
Avant de parler d'adaptation et de leviers à activer, la journée a débuté par un exposé de Vincent Cailliez climatologue sur les observations et les perspectives liées au changement climatique dans le Massif-central et plus précisément en Haute-Loire.
 

Le changement climatique, une réalité


Une hausse des températures moyennes de l'ordre de 1,9° entre 2000 et 2050 avec des contrastes selon les saisons, une pluviométrie qui évolue peu en moyenne mais diminue au printemps et en hiver, et augmente en été, tout cela combiné à une évapo-transpiration qui accentue les déséquilibres saisonniers, et des gels tardifs… voilà un tableau qui décrit une situation qui évolue et engendre nécessairement une adaptation de notre agriculture. Et le climatologue ajoute que l'on constate aussi une grande variabilité interannuelle des températures et de la pluviométrie, et que par ailleurs il y aura toujours un été et un hiver, mais les saisons intermédiaires semblent moins marquées. 
(NDLR : lire l'interview de Vincent Cailliez paru dans La Haute-Loire paysanne du 23/11/2023).
Forts de ce préambule, une table ronde avec des témoignages d'agriculteurs et des expériences des techniciens spécialisés de la Chambre d'agriculture de Haute-Loire, a permis de mettre en avant des leviers d'adaptation testés grandeur réelle, en productions végétales, en bovins viande et lait et en ovins viande.
Mathias Deroulède, conseiller productions végétales, a fait part des relevés du réseau Chambre dans le cadre du projet AP3C (NDLR : lire notre interview dans La Haute-Loire Paysanne du 30/11). Sur la production d'herbe, on note un avancement de la date de récolte de 15 à 25 jours suivant les altitudes, sachant que cet avancement est et sera plus important en altitude, entre 2000 et 2050. Les périodes de pâturage sont rallongées à l'automne, mais les animaux doivent être complémentés dès l'été. Le problème de l'eau est un réel frein. Pour les céréales, ces changements climatiques influent directement sur les dates de semis et sur le choix des variétés.
 

Les productions animales impactées


Pour la production laitière, la parole était donnée à Claude Roche référent à la Chambre d'agriculture et Cindy Souvignet agricultrice à Grazac. Claude Roche est 
direct : "la production laitière diminue en moyenne de 4% sur l'année, mais jusqu'à -10% en été". Et d'ajouter que "les vaches souffrent de la chaleur en été, et ont ensuite du mal à se remettre, ce qui influe sur la production mais aussi sur l'état sanitaire des animaux". Il invite donc les éleveurs à travailler sur le rationnement des animaux, sur l'assolement et les rotations, à se poser la question de la pertinence du maïs, et dans tous les cas à "tendre vers l'autonomie sur les exploitations", et ce tout en "gardant de la souplesse dans ses stratégies et dans ses choix". Cindy Souvignet conduit un troupeau de 52 vaches laitières sur 123 ha ; un chargement extensif suite à un départ d'associé, qui au final s'avère intéressant quant à l'autonomie fourragère. Pour s'adapter, l'agricultrice a actionné plusieurs leviers : complémentation des laitières en été, prairies à base de mélanges et introduction de la luzerne pour une meilleure résistance à la sécheresse, implantation de sorgho, ventilation des bâtiments pour accueillir les animaux en plein été.
En bovins viande, le conseiller Philippe Halter se rapproche, dans son analyse, des propos de Claude Roche. "En vaches allaitantes, la problématique pâturage est plus importante. Si on gagne des journées de pâturages au printemps, on les perd en été ; il faut profiter de toutes les pousses d'herbe et développer les prairies cultivées avec des semences multi-espèces, de la luzerne…". Dans la conduite du troupeau, des leviers existent aussi. Le technicien préconise deux périodes de vêlages afin de limiter l'impact des aléas, tout en jouant sur les périodes de ventes. Bruno Ramousse éleveur de limousines à Bellevue la Montagne s'est depuis longtemps penché sur le sujet, à la recherche de l'autonomie fourragère et en protéines sur son exploitation. Il a donc mis en place des cultures de luzerne, des prairies multi-espèces, du méteil fourrager, et des cultures dérobées à l'automne. Il gère au mieux ses pâturages, avec une mise à l'herbe tôt, un système de pâturage tournant avec mesure de l'herbe, en évitant le surpâturage, et en profitant au maximum de la pâture d'automne. Il a aussi adopté la double période de vêlage, 2/3 en automne et 1/3 au printemps, avec un vêlage plus tôt, à 2 ans, afin de "réduire au maximum les improductives dans le troupeau". Depuis 2015, il a réduit son effectif passant de 55 à 42 vêlages par an, ce qui lui a permis d'atteindre l'autonomie.
En ovins, Thierry Cubizolles éleveur à Vieille-Brioude, un secteur particulièrement touché par les sécheresses successives, constate aussi des problèmes sur son élevage. "Outre la baisse des rendements des végétaux, je rencontre des problèmes de fertilité. Pratiquant le système de 3 agnelages en 2 ans, je note que la lutte de début d'été est difficile. Tous les agnelages se font en intérieur". Comme ses collègues, il opte pour des prairies multi-espèces, il a essayé le sorgho fourrager, mais déplore n'avoir aucune solution pour les prairies naturelles. Le technicien ovin, Fabrice Vassort a lui aussi avancé quelques pistes : "on avance les agnelages pour se caler le plus possible sur la pousse de l'herbe". Pour lui, "l'herbe pâturée est celle qui coûte le moins cher. Il est donc essentiel de gérer au mieux ses prairies pour des systèmes efficients".
Au travers de ces témoignages et des remarques et questions de la salle, d'autres éléments d'adaptation ont été relevés. 
Ainsi, à l'unanimité, les experts insistent sur l'agronomie, la préservation du sol et de la matière organique, "c'est la base de tout". Autre paramètre incontournable, c'est l'accès à l'eau ; un critère déterminant pour toutes les productions.
 

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