Union européenne/États-Unis - Un projet d´accord qui remet en cause la définition du vin
Le projet d´accord sur le vin entre l´Union européenne et les États-Unis, « pourrait remettre en cause la définition traditionnelle du vin », estiment les professionnels français.
La viticulture européenne ferait-elle les frais d´un rapprochement politique entre les États-Unis et l´Europe ? Les professionnels de la viticulture se posent la question au vu des termes de l´accord signé entre la Commission européenne et les Américains. Cet accord doit encore être entériné par le Conseil des ministres de l´Agriculture européen. Les organisations de producteurs veulent donc mettre à profit ce délai pour tenter de relancer les discussions. Cet accord qui est en négociation depuis plus de 20 ans, prévoit qu´en échange d´une reconnaissance des pratiques oenologiques américaines par l´UE, les États-Unis s´engagent à abandonner l´usage d´appellations dites semi-génériques comme chablis, champagne ou bourgogne. Pour les professionnels, le projet d´accord, s´il était adopté en l´état, pourrait, en autorisant l´importation de vins ayant fait l´objet de pratiques oenologiques non reconnues par l´OIV comme l´ajout d´eau, entraîner « une profonde modification de la définition traditionnelle du vin ».
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L´usage de pratiques oenologiques non reconnues par l´OIV donnerait aux vins américains un avantage compétitif certain. ©P. Cronenberger |
Un avantage certain pour les États-Unis
L´usage de telles pratiques donnerait de plus aux vins américains un avantage compétitif certain, dénoncent les professionnels qui estiment encore que la doctrine de l´UE devrait être calquée sur celle de l´OIV. Mais les États-Unis ont claqué la porte de cette organisation, ce qui complique quelque peu le respect par tous d´une définition internationale et unique du vin. De plus, cela pourrait donner des idées à d´autres pays désireux à leur tour d´exporter en Europe des vins aux pratiques oenologiques normalement prohibées. Et certains producteurs européens pourraient bien être également tentés d´adopter des techniques de vinification si peu coûteuses. Et au nom de quoi pourrait-on leur refuser ? Les professionnels sont d´autant plus en colère que la contrepartie de cette reconnaissance des pratiques, à savoir la fin de l´usurpation des 17 noms d´appellations d´origine par les Américains, n´est pas réglée. Sans oublier que les États-Unis sont devenus le premier marché des vins français, les professionnels demandent à la Commission européenne de poursuivre les négociations.