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Vaccination et biosécurité vont de pair pour lutter contre le SDRP

Chez David Riou, la vaccination contre le virus SDRP conjuguée à un renforcement de la biosécurité a permis de réduire les co-infections par d’autres pathogènes et d’améliorer les performances d’engraissement.

L’élevage de David Riou, à Plouvorn (Finistère), a été le premier au sein d’Aveltis à mettre en place la démarche de contrôle du SDRP « 5 steps » du laboratoire Boehringer Ingelheim. Elle comprend un programme vaccinal et un plan d’actions pour améliorer la biosécurité, adaptés à chaque situation d’élevage. Car l’un ne va pas sans l’autre en matière de lutte contre ce virus insidieux et complexe à maîtriser. Après dix-huit mois de recul, David Riou dresse un bilan positif de cette démarche d’amélioration progressive. « On avance pas à pas en mesurant l’intérêt technico-économique des mesures mises en place. Le retour sur investissement mesuré au bout d’une année de vaccination SDRP est de quatre euros gagnés pour un euro d’investi. Le gain net par porc de 2,89 euros s’explique par une baisse de 1 % du taux de pertes en engraissement, une diminution des saisies respiratoires (de 3 % à 1,3 %) et des traitements antibiotiques et une progression du GMQ en engraissement de 721 à 740 grammes », précise l’éleveur.

Le virus SDRP, une porte ouverte à d’autres pathogènes

Circulant à bas bruit depuis plusieurs années, le virus SDRP a été mis en cause en 2014 suite à une augmentation des troubles respiratoires et une hausse du taux de perte et des saisies partielles. « Il s’agissait surtout de saisies respiratoires (coffres et poitrines) spécifiques d’Actinobacillus pleuropneumoniae », précise Claudio Trombani, vétérinaire Breizhpig. « Toujours présente dans l’élevage, la bactérie se greffait sur un état sanitaire déjà fragilisé par la présence de plusieurs virus à visée respiratoire, dont le SDRP et le circovirus. La vaccination contre ce dernier avait permis une amélioration, mais pas dans la durée. Avant d’envisager un autovaccin contre « l’actino », il a été décidé de réduire dans un premier temps l’infection virale sous-jacente liée au SDRP. » Démarré en novembre 2015, le programme vaccinal SDRP a consisté en une vaccination de masse de l’ensemble des porcs et des truies, puis une vaccination bande par bande des porcelets à 5 semaines.

Le vaccin, une des composantes du contrôle SDRP

En parallèle, les mesures d’hygiène et de biosécurité ont été renforcées. Les points critiques contribuant à pérenniser la circulation du virus dans l’élevage ont été décelés à l’aide d’une grille d’évaluation. « C’est avant tout un outil d’échanges et de dialogue avec les éleveurs. Il faut prioriser les actions à mener tout en essayant d’apporter des solutions réalisables et tenables dans le temps », conseille Eric Lewandowski, responsable technique Boehringer Ingelheim. Parmi les changements opérés, l’éleveur cite le lavage des couloirs juste après le départ des porcs charcutiers, l’amélioration de la technique de meulage des dents… ou le changement d’aiguille à chaque truie (au lieu d’une pour trois). « Considérée au départ comme une contrainte, cette mesure n’est finalement pas plus chronophage si elle est anticipée. Elle a aussi permis d’impliquer les salariés dans la problématique SDRP et de les valoriser », souligne David Riou. Les mouvements d’animaux représentant le principal vecteur de la maladie, l’éleveur a modifié ses pratiques d’adoption et renforcé le principe de marche en avant. En construction, un nouveau sas d’entrée deviendra le passage obligé pour accéder à l’élevage. Le bâtiment de 100 m2 comprend des douches individuelles pour chacun des salariés, un bureau et un local de stockage. « L’objectif est aussi de sensibiliser les intervenants extérieurs à la biosécurité. Il ne s’agit pas forcément d’investissements coûteux, à commencer par l’installation de panneaux de circulation à l’entrée du site, » montre David Riou.

Un effet positif validé par les résultats

Maintenant que le virus SDRP est « sous contrôle », l’étape suivante pour baisser d’un cran supplémentaire la pression sanitaire est l’autovaccination contre l’actinobacillose. Les porcs charcutiers vaccinés arrivent en fin d’engraissement mais l’éleveur voit déjà une amélioration sur leur état (conformation, comportement) et sur la baisse des traitements à l’auge. « Le vaccin SDRP a atténué une partie des troubles liés à l’actino. Les saisies respiratoires sont inférieures à 0,8 % depuis plusieurs mois. On travaille plus sereinement et pouvons désormais mieux nous concentrer sur la problématique digestive en PS. » Son objectif est de revenir à un taux de perte en engraissement inférieur à 2,5 %. Les porcs reçoivent cinq vaccins : mycoplasme, circovirus, maladie de l’œdème, SDRP et actinobacillose. « Jamais je n’aurais pensé investir autant dans la prophylaxie vaccinale. Mais l’amélioration des résultats prouve que cela vaut le coup d’investir dans la vaccination. C’est une étape transitoire, l’objectif étant de réduire la pression vaccinale dès que possible, rassure-t-il. Cette démarche de maîtrise du virus SDRP a permis une prise de conscience de l’importance de la biosécurité au quotidien et une remise en cause des pratiques, pas seulement utile contre le SDRP mais contre tous les pathogènes. »

À plus long terme, la biosécurité sera largement intégrée dans son futur bâtiment d’engraissement prévu pour 2018, avec davantage de places pour gagner en souplesse et éviter le mélange de bandes, des couloirs de visite avec fenêtres… « Pour continuer d’ouvrir nos élevages à l’extérieur tout en améliorant la protection sanitaire ».

Bien poser le diagnostic avant d’envisager une vaccination

La décision de vacciner contre le virus SDRP doit reposer sur un diagnostic complet. « Grâce aux outils de diagnostic de laboratoire, il a été démontré que le virus SDRP n’était pas qu’un agent circulant mais qu’il était responsable de pathologies », précise Claudio Trombani, de la Selas Breizhpig. Les histologies sur des porcs charcutiers touchés à partir de 130 jours indiquaient des lésions typiques de SDRP. Les sérologies avaient montré que les animaux étaient en contact de façon plus précoce qu’auparavant avec le virus SDRP, c’est-à-dire dès le post-sevrage. L’analyse par PCR a montré une infection par le SDRP en fin de PS et le "début-milieu" d’engraissement. La bactériologie a enfin démontré une co-infection avec d’autres pathogènes, surtout Actinobacillus pleuropneumoniae.

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