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Les éleveurs Triskalia se projettent vers l’avenir

Une enquête présentée par des étudiants d’AgroParisTech, au forum Triskalia, montre que les éleveurs souhaitent investir dans leur outil de production pour assurer sa pérennité.

Soixante-dix-huit pour cent des éleveurs de porcs Triskalia déclarent avoir des projets.
© D. Poilvet

Soixante-dix-huit pour cent des éleveurs de porcs Triskalia déclarent avoir des projets. C’est ce qui apparaît dans l’enquête réalisée par les étudiants d’AgroParisTech auprès d’éleveurs du groupement. Ces projets concernent majoritairement le bâtiment – pour 45 % d’entre eux – avec des objectifs variés : améliorer la productivité ou l’ergonomie, faire baisser les coûts alimentaires, ou encore diminuer les dépenses énergétiques. Viennent ensuite les projets sur le foncier pour 31 % d’entre eux ou la production d’énergie (10 %).

Cette enquête montre également un certain optimisme : malgré les difficultés conjoncturelles, plus de 80 % des éleveurs encourageraient un proche à s’installer. Ils posent cependant des conditions : qu’une rentabilité minimum garantisse la sécurité du revenu, que des ressources d’investissements soient disponibles et qu’il y ait une articulation satisfaisante entre le travail d’une part et la vie familiale et sociale d’autre part.

Maîtriser les résultats techniques

Concernant le résultat de l’exploitation, les éleveurs affirment que, dans sa constitution, la maîtrise des résultats techniques est prioritaire (34 % des réponses), loin devant le prix de base (2 %), les annuités (4 %) ou l’énergie (2 %). Ces bons résultats techniques s’obtiennent, d’après eux, essentiellement par la productivité et les coûts alimentaires. Pour l’avenir, ils attendent beaucoup des progrès de la santé et de la génétique. Ils jugent généralement très bon le retour sur investissement des actions « santé », comme les améliorations de la qualité de l’eau ou de la biosécurité. Les éleveurs interrogés pensent par ailleurs que la productivité peut encore être améliorée. Il reste, selon eux, un travail à réaliser sur les pertes entre le sevrage et la vente, ainsi que sur la plus-value.

Les exploitants sont aussi largement favorables à l’usage des outils numériques. Ils les considèrent comme des vecteurs de progrès pour 58 % d’entre eux, mais aussi des moyens de contrôle, de partage de l’information et de réduction du temps de travail.

Quatre scénarios pour demain

Pour les éleveurs interrogés, l’élevage de demain sera « certainement » économe en énergie, axé sur la biosécurité, connecté et automatisé. Il sera « sans doute » productif et fondé sur le bien-être animal. Et enfin, il sera « peut-être » économe en main-d’œuvre, de grande taille et « vert ».

Quatre scénarios se dessinent lorsqu’on leur demande comment ils voient l’élevage porcin dans dix ans. Le premier prévoit une évolution modérée, des élevages de 400 à 600 truies, accordant une large place à l’automatisation et au salariat. Le deuxième scénario envisage deux modèles en parallèles : soit un type d’élevage sous signe d’identification de la qualité et de l’origine (SIQO) avec 200 à 300 truies et très axé sur le bien-être animal. Soit un élevage standard, de grande taille (1 000 truies), utilisant des méthodes de précision et autonomes en énergie. Le troisième scénario ressemble au deuxième, mais accompagné d’une montée en gamme générale. Le quatrième et dernier fait l’hypothèse qu’il y aura peu de changements dans les types d’élevages, la seule modification étant le développement de la communication autour de la filière. Plus généralement, l’idée d’une augmentation continue de la taille des élevages fait consensus, ainsi que la diminution de leur nombre. Et l’intérêt de rechercher l’autonomie (alimentaire, énergétique ou sur les épandages) semble également largement admis.

En savoir plus

30 éleveurs enquêtés

Les étudiants d’AgroParisTech ont interrogé 30 exploitants du groupement porc Triskalia. Menée au cours du mois d’octobre 2017, leur enquête a concerné 30 éleveurs. Les élevages enquêtés comptent une moyenne de 250 truies. Plus de 70 % d’entre eux emploient de la main-d’œuvre et un tiers sont des exploitations à plusieurs associés. La moitié d’entre eux sont naisseurs engraisseurs et 43 % fabriquent leurs aliments à la ferme.

La production a une bonne image auprès des jeunes

L’élevage porcin jouit d’une bonne image auprès des jeunes. C’est ce qui ressort d’une enquête conduite par la chambre d’agriculture de Bretagne en collaboration avec AgroCampus. Pourtant, les exploitants peinent à recruter des salariés. Cette image positive concerne avant tout le bien-être animal et l’impact environnemental. Leurs stages en production porcine sont de bonnes expériences et ils envisagent volontiers le salariat pour faire suite à leurs études. Celui-ci est cependant souvent vu comme une étape transitoire avant l’installation.

Réalisée auprès de plus de 1 000 lycéens issus de 21 lycées agricoles, cette enquête, présentée par Thierry Bellec, ingénieur d’études en production porcine à la chambre d’agriculture de Bretagne, montre par ailleurs que les niveaux de salaire et les volumes horaires sont majoritairement mal connus. Un tiers seulement des jeunes ont une vision cohérente des salaires pratiqués et ils ont tendance à exagérer le volume horaire du travail. 27 % d’entre eux pensent en effet qu’il dépasse 45 heures hebdomadaires, sans que ce soit pour autant rebutant. Les conditions de travail (pénibilité, odeurs) peuvent, selon les cas, être attirantes ou rédhibitoires. Et parmi elles, le travail en intérieur est plus souvent considéré comme une contrainte que comme un avantage.

Mettre en accord les attentes des jeunes et les employeurs

Au final, 41 % des jeunes interrogés se disent prêts à travailler en élevage porcin. Pourtant, il est difficile de trouver des ouvriers. Alors, « où passent-ils ? » Il est probable que les concurrences de l’élevage laitier et de l’installation jouent un rôle non négligeable. Mais « il y a aussi un malentendu entre les attentes des jeunes et ce que les éleveurs imaginent à leur sujet », note Thierry Bellec. L’enquête menée auprès des éleveurs de Triskalia montre en effet une contradiction : ceux-ci définissent le salaire et les horaires comme première cause d’attractivité, alors que pour les jeunes, c’est le rapport à l’animal et la nature du travail qui sont en réalité les plus attirants. Salaire et horaires viennent très loin derrière. Mettre en avant ces caractéristiques du métier est donc inutile. Ce constat devrait inciter les employeurs à revoir leur communication.

Ce point de vue est confirmé par Sylvie Le Clec’h-Ropers, directrice du Sdaec (service de remplacement des Côtes-d’Armor), qui affirme que dans la situation de tension actuelle sur le marché du travail en élevage, « il faut considérer le salarié potentiel comme un client », donc savoir être attractif et accorder une grande attention à l’aspect humain du métier. Cela signifie savoir parler de ses objectifs et établir une relation de partenariat, dans laquelle le salarié se sentira responsabilisé et en confiance. Elle insiste sur l’importance de la convivialité et de la communication. Par exemple, formaliser la pause-café permet d’instaurer des échanges réguliers dans l’équipe et c’est l’occasion de désamorcer des problèmes potentiels. C’est donc la manière de considérer le salarié et l’organisation de l’élevage qu’il faut revoir pour espérer recruter efficacement.

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