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Kalinat évalue la qualité des porcelets à la mise bas

Cecab-coop de Broons a mis en ligne un outil d’analyse du poids des porcelets à la naissance. L’objectif est de faire évoluer si nécessaire les pratiques d’élevage sur la base d’une information objective.

En proposant aux éleveurs un outil permettant de juger de la qualité des portées à la mise bas, la coopérative Cecab-coop de Broons donne les moyens à ses adhérents de mettre en place des actions correctives pour améliorer le poids des porcelets à la naissance. « Ce critère technique est un facteur de variation important de la mortalité des porcelets sous la mère », rappelle Alban Berthelot, responsable technique aliment porc. « Le poids de naissance impacte aussi le poids au sevrage, et donc les performances futures en post-sevrage et en engraissement. » Mais pour agir, encore faut-il pouvoir connaître précisément la situation initiale, et surtout savoir quels sont les objectifs à atteindre. L’outil d’auto-évaluation Kalinat disponible en ligne répond à ce préalable. À partir des pesées de portées réalisées en élevage, il calcule pour chaque truie un indice correspondant au rapport entre le poids moyen des porcelets à la naissance et l’objectif de poids moyen à atteindre. Une truie dont l’indice est supérieur à 100 produit des porcelets de qualité. Mais un indice inférieur à 100 indique que le poids moyen des porcelets est améliorable.

Les objectifs de poids ont été déterminés sur la base de pesées de porcelets réalisés en élevage depuis 2012. « Ils sont indépendants de la génétique utilisée », affirme Alban Berthelot. En revanche, ils varient selon la prolificité et la parité de la truie. « Celui d’un porcelet issu d’une primipare est inférieur de 100 grammes à celui d’un porcelet issu d’une multipare, à prolificité équivalente ». De même, une multipare qui produit 18 porcelets aura un objectif de poids moyen de 1,3 kg, contre 1,5 kg si elle n’en produit que 13.

11 000 portées pesées dans 18 élevages

L’outil Kalinat développé sur Google Sheets (l’équivalent d’Excel en ligne) est mis à disposition via un espace internet commun aux éleveurs et à la coopérative. Une fois les données saisies, chaque éleveur dispose d’une analyse de ses résultats, avec les résultats individuels et moyens comparés aux objectifs de poids et l’indice Kalinat moyen global, pour les primipares et pour les multipares. Les présentations se font sous forme de tableaux et de graphiques. « Selon un premier bilan d’étape réalisé à l’automne 2018 avec les données recueillies chez les 18 éleveurs participants et plus de 11 000 portées pesées, l’indice Kalinat moyen est de 100 %, ce qui est une excellente performance », commente Alban Berthelot. Mais cette moyenne cache des disparités importantes. Les primipares atteignent quasiment l’objectif (99). Les portées de rang 2 à 4 ont un meilleur indice Kalinat (entre 101 et 103). Cependant, les truies de rang 6 et plus produisent des porcelets de moins bonne qualité (96 à 97).

L’indice Kalinat a été conçu pour être un critère synthétique qui donne une image précise de la qualité de l’ensemble de la portée, même si c’est le poids moyen qui est mesuré, et non les poids individuels. « Le lien entre la valeur de l’indice et la présence de petits porcelets dans la portée est très fort », constate Alban Berthelot. Selon une analyse approfondie réalisée dans l’un des élevages du réseau Kalinat, les portées obtenant un indice inférieur à 100 comprenaient 11 % de petits porcelets, dont le poids était inférieur à 800 grammes. Celles qui obtenaient un indice supérieur à 100 n’avaient que 5 % de petits porcelets. « La démarche Kalinat donne une bonne estimation de l’homogénéité de la portée », estime-t-il.

Elle met aussi en évidence le lien entre le poids des porcelets et le taux de pertes sur nés vivants en maternité. À moins de 90 d’indice, les pertes montent jusqu’à 21 %. Au-delà de 115 d’indice, seulement 10 % des porcelets ne passent pas le cap des 48 heures de vie.

Les moyens mis en œuvre en élevage pour améliorer l’indice sont essentiellement d’ordre alimentaire. « Il est indispensable de faire correspondre le programme alimentaire en gestation au potentiel des truies », estime Thierry Pichard, responsable du service Innofaf de la Cecab-coop de Broons. « Nous savons faire des aliments pour les truies hyperprolifiques. Mais ils ne sont pas toujours utilisés quand il y en a besoin. » La démarche Kalinat pose aussi la question de l’évolution du matériel de distribution de l’aliment, et notamment l’utilisation des systèmes d’alimentation individuels de précision pour les truies. « L’éleveur du groupe Kalinat qui obtient le meilleur indice alimente ses truies avec des alimentateurs individuels. Ce n’est pas un hasard, car on peut affecter à chaque truie un objectif de poids à la naissance, et donc un plan d’alimentation individuel », conclut-il.

Une ration individualisée avant la mise bas

Depuis qu’il a introduit la démarche Kalinat, Corentin Nevannen de la SCEA de Restrezerch à Pont Scorff, dans le Morbihan, a fait progresser son indice de 93 à 101. « Nous avons divisé le nombre de petits porcelets par deux au sevrage, et le poids moyen individuel a augmenté d’environ 500 grammes », affirme l’éleveur. La situation initiale résultait d’une restructuration de l’élevage achevée début 2016 pour porter l’élevage à 360 truies NE, suite à l’installation de Corentin en association avec son père François. « Nous devions gérer une problématique de diarrhées sous la mère, liée à la présence de petits porcelets. Nous étions obligés de faire des adoptions à cause de l’hétérogénéité des portées », explique l’éleveur. Dans un premier temps, le niveau d’alimentation des truies a été augmenté durant les trois dernières semaines de gestation. « Sur cette période, nous incorporons désormais jusqu’à 30 % d’aliment de lactation dans la ration pour augmenter le niveau des apports protéiques. » Cependant, ces apports ne peuvent pas être individuels, à cause de la taille importante des lots (10 truies par case en bat-flanc). « L’alimentation n’est individualisée qu’à l’entrée en maternité, entre 10 et 12 jours avant la mise bas. » Pour chaque truie, Corentin Nevannen tient compte du poids de la portée et de son indice Kalinat du tour précédent. « On peut moduler la ration jusqu’à 120 % si besoin. » À la mise bas, la pesée se fait en même temps que les soins. Les porcelets sont bloqués dans une caisse placée sur un plateau peseur. « Il n’y a pas plus de temps ni de manipulations supplémentaires, excepté pour le relevé du poids de la portée et la saisie des données sur l’outil en ligne », conclut-il.

 

Témoignage
Jocelyn Dufour, responsable de la maternité collective SCEA du Poulharff

"Un nouveau programme alimentaire pour alourdir les porcelets"

"Une première pesée de portées ainsi que des mesures d’ELD des truies en septembre 2017 avaient mis en évidence des porcelets trop légers et des truies insuffisamment en état. Dans un premier temps, nous sommes passés à un aliment de gestation plus concentré durant le premier mois de gestation, et les quantités d’aliment distribuées ont été augmentées d’un cran sur toute la gestation. Un nouvel aliment de gestation avec des ratios plus élevés en acides aminés et enrichi en vitamine HyD a ensuite été mis en place en seconde partie de gestation, afin d’améliorer la qualité des porcelets à la mise bas. En parallèle, nous contrôlons plus précisément les quantités distribuées par les doseurs, avec notamment un contrôle régulier de la densité de l’aliment. Un travail spécifique a été entrepris sur les cochettes, dont les porcelets étaient particulièrement trop légers. Grâce à l’ensemble de ces actions, l’indice Kalinat est passé de 92 à 100 en un an. Le poids moyen des porcelets a progressé de 1,24 kg à 1,36 kg en un an."

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