Alimentation animale - Les coproduits de biocarburants vont remplacer le soja
La production de coproduits issus des filières des biocarburants va probablement modifier en profondeur les compositions des formules utilisées dans l´alimentation animale.
Selon une étude réalisée par le Céréopa(1), l´alimentation du bétail pourrait utiliser à l´horizon 2010 jusqu´à 1,1 million de tonnes de tourteau de colza issus de la filière de production de biodiesel. Pour les drêches de céréales provenant de la filière bioéthanol, la consommation pourrait atteindre près de 900 000 tonnes (blé et maïs confondus). Ces matières premières supplémentaires remplaceraient essentiellement 1,1 million de tonnes de tourteau de soja, et dans une moindre mesure du blé, des reliquats de céréales et du tourteau de tournesol.
Ces tourteaux de colza et drêches de céréales sont issues de la transformation des graines de colza, blé et maïs en biocarburant. Une industrie qui va connaître un développement important dans les prochaines années en Europe : Les États membres de l´Union européenne doivent respecter des objectifs d´incorporation de biocarburants fixés à 5,75 % en 2010. Pour l´ensemble de l´UE à 25, cela représenterait à cette date 15 millions de tonnes de tourteau de colza et 14 millions de tonnes de drèches de céréales, soit 20 % de la production d´aliments du bétail en Europe !
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La transformation du colza en biodiesel devrait fournir 800 000 tonnes de tourteau en France d´ici 2010. ©Communauté européenne |
Pas plus de 15 % de tourteau de colza dans les aliments charcutiers
Mais ces coproduits ne se retrouveront pas en majorité dans les formules destinées à l´alimentation des porcs. Le tourteau de colza est surtout valorisé par les ruminants, qui peuvent consommer des concentrés azotés en contenant plus de 70 %. Selon l´Ifip, son taux d´incorporation ne peut pas dépasser 15 % dans les aliments charcutier finition, et 10 % dans les aliments truies. Quant aux drêches de céréales, leur forte valeur en énergie métabolisable les rend particulièrement intéressantes dans les aliments composés pour volaille.
L´étude du Céréopa se base sur une hypothèse de prix stables(2) entre 2005 et 2010. Elle tient compte également d´une baisse probable du marché des aliments composés (-6 % entre 2005 et 2010), dans la continuité de l´évolution constatée depuis quelques années. Une variation du prix de l´une de ces matières premières modifierait sans doute en profondeur la tendance constatée. Mais, pour le Céréopa, la production de bioéthanol ne devrait pas provoquer une hausse à long terme du prix des céréales : la progression continue des rendement, associée à des exportations en recul, permettront un report d´une partie de la production vers les biocarburants sans que cela ne joue sur les prix. En revanche, des accidents climatiques, un accroissement de la demande mondiale ou une progression des rendements ralentie pourrait constituer des facteurs haussiers du prix du blé à ne pas négliger.
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(1) Céréopa : Centre d´étude et de recherche sur l´économie et l´organisation des productions animales.
(2) Blé : 100 ?/t ; maïs : 115 ?/t ; Tx soja : 200 ?/t ; Tx colza : 120 ?/t.