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L’œuf fait valoir son atout « prix » en période de crise

L’heure est à la fermeté sur le marché européen de l’œuf. Les cours remontent significativement. Une raison surtout : la faiblesse de l’offre pour une demande qui se tient, voire se développe. Sans oublier que 2012 se profile déjà à l’horizon.

À 7,28 euros les 100 œufs, la tendance nationale officieuse (TNO) de l’œuf calibré a gagné 1,31 euro depuis le début du mois de février, dépassant désormais de 9,8 % son niveau de 2008. Bien que traditionnelle, cette envolée des cours est plus marquée qu’à l’accoutumée, ce qui s’explique en grande partie par une baisse significative de l’offre. Le tassement de la production, constaté depuis trois ans par l’Office de l’élevage, semble s’accentuer depuis la fin 2008. Les mises en place ont été bien plus modérées, tirant la production vers le bas. Sur notre territoire, les dernières données du ministère de l’Agriculture font état d’une baisse de près de 3 % de notre production sur les trois premiers mois de 2009.

Ce manque de dynamisme en amont de la filière est loin d’être surprenant. Les quatre dernières années ont affaibli les éleveurs, les incitant à plus de prudence dans leurs investissements, voire les obligeant à cesser leur activité. De 2004 à 2006, les prix ont été fortement dévalués au stade départ élevage, l’offre ne s’ajustant pas à la demande. Si, depuis deux ans, les cours se sont redressés, les trésoreries n’ont pas encore réussi à se ressaisir, les hausses tarifaires ne compensant pas l’envolée des coûts de production, liées aux fortes hausses des prix des matières premières.

La demande joue aussi un rôle important dans la fluidité actuelle du marché. Selon l’Office de l’élevage, notre consommation individuelle (234 œufs par an) est repartie à la hausse l’année dernière, après plusieurs années consécutives de baisse, et rien ne permet de prévoir une inversion de tendance ces prochains mois. Au contraire, les achats des ménages pourraient être plus soutenus avec la crise économique mondiale, l’œuf restant une source de protéine bon marché.

Œufs de consommation : entre optimisme et prudence

Si cet intérêt du consommateur se confirmait, la bonne tenue des prix pourrait bien se poursuivre pour les éleveurs, aucune augmentation de l’offre ne se dessinant à l’horizon.

Chacun se devra néanmoins de rester prudent. L’expérience a montré qu’un net redressement des tarifs incitait souvent l’amont à développer sa production. Cette année pourrait cependant faire exception. S’il est compréhensible que chacun veuille profiter de l’embellie et, surtout, du meilleur rapport entre les coûts de production et les prix de vente, personne ne doit oublier que tout développement inconsidéré de la production peut vite peser sur les cours et inverser la tendance. Il ne faut pas non plus ignorer que les investissements sont de plus en plus délicats, la crise économique freinant les activités, et les banques étant désormais bien plus frileuses… et sélectives.

Ainsi, dans l’hypothèse d’un maintien ou d’une nouvelle baisse de la production, et d’une demande plutôt stable, les prix pourraient rester supérieurs à leur niveau de l’an dernier, permettant aux éleveurs de retrouver des marges plus confortables. Ce qui ne serait pas négligeable, l’échéance 2012, et avec elle la mise aux normes des bâtiments, approchant à grands pas.

Peu de signes encourageants pour les industriels

L’année ne débute pas sous les mêmes auspices pour les entreprises d’ovoproduits, et rien ne permet, pour le moment, d’affirmer que la tendance va s’inverser ces prochains mois. Depuis la fin 2008, et surtout depuis février 2009, le manque à gagner est conséquent chez les industriels.

La première cause reste la crise. Les ménages tendent à freiner leurs achats de plats préparés et autres produits transformés. Or, l’œuf est un ingrédient quasiment incontournable dans la composition de nombreux produits. Ce manque de dynamisme tend à freiner les ventes et à peser sur les prix des ovoproduits. Ces derniers sont aussi soumis à une forte concurrence entre les industriels eux-mêmes et à une pression toujours plus intense de la grande distribution, qui veut conserver ses marges tout en proposant des prix plus attractifs pour le consommateur.

Ainsi, les industriels ont entamé l’année en fixant leur prix de vente à des niveaux tenant compte davantage de l’ambiance commerciale que des prévisions formulées en amont. Car finalement, c’est surtout le manque d’offre, en France comme en Europe, qui ne cesse de serrer l’étau. A cela s’ajoutent les premiers effets de la mise aux normes de bâtiments. Les pays du Nord, surtout, notent un net repli de leur production d’œufs de poules élevées en cage, qui restent pourtant la principale matière première pour les industriels. À la place se développent des volumes d’œufs issus de systèmes de production alternatifs, plus recherchés et mieux valorisés sur le marché de la consommation, mais bien moins abordables pour les entreprises d’ovoproduits. Une telle orientation ne fait qu’accentuer le manque de disponibilité pour les entreprises européennes d’ovoproduits, et augmenter la concurrence à l’achat et la pression sur les prix.

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