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Les industriels déclarent manquer de visibilité en France


> Xavier Ruaux, Partner en charge de l'agroalimentaire au cabinet Oliver Wyman, a livré les résultats d'une étude inédite lors des Assises de l'Alimentation clôturées par Jean-Philippe Girard, président de l'Ania, et le ministre de l'Agriculture Stéphane Le Foll.
L'emploi et l'investissement repartent dans l'agroalimentaire, surtout tirés par le grand export dans lequel les patrons voient un avenir plus radieux qu'en France. C'est ce qui ressort des Assises de l'Alimentation, organisées le 21 octobre.

3 « 3 % des acteurs de la filière agroalimentaire déclarent n'avoir aucune visibilité sur leur avenir », selon une enquête réalisée par le cabinet Oliver Wyman* en partenariat avec l'Ania et rendue publique le 21 octobre lors des Assises de l'Alimentation au Sial. Des déclarations qui interviennent après deux années de croissance modérée pour le secteur (+1,3 % en moyenne sur 2011/2013) accompagnée d'un déclin de la rentabilité (-2 points). Et ce dans un contexte de hausse des coûts des matières premières et de guerre des prix dans la grande distribution, a rappelé Xavier Ruaux, Partner en charge de l'agroalimentaire au cabinet Oliver Wyman et coauteur de l'étude. Pourtant, les patrons de l'agroalimentaire ne baissent pas les bras. « Vous êtes le secteur où les investissements sont annoncés le plus en hausse en 2014 (à +6%) par rapport à 2013, selon l'Insee », s'est félicité Stéphane Le Foll, ministre de l'Agriculture, en clôture des Assises. Un peu plus ” tôt, Jean-Pierre Geneslay, directeur général de Révillon chocolatier et vice-président de l'Ania en charge de l'Emploi et de la Formation, avait discrètement relevé la création nette de 1 500 emplois dans le secteur (à juillet dernier, selon les chiffres de l'Urssaf), au lieu de la destruction des 4 500 emplois annoncée fin 2013. « Il faut sortir de la morosité, il faut être fort et ainsi on préparera l'avenir », a enjoint Stéphane Le Foll se réjouissant du récent accord entre LDC et Sofiprotéol et de l'entrée du Saoudien Almunajem au capital de Doux. Un élan positif néanmoins nuancé par les résultats de l'étude Wyman et l'intervention des représentants professionnels lors de la table ronde « Les leviers de notre compétitivité ».

Investissements annoncés en hausse en 2014 (à +6%)

AGRICULTURE, ÉNERGIE : GREENPEACE INTERPELLE L'ANIA

« Vous devez nous aider à changer de système. Les systèmes énergétiques et agricoles sont à bout de souffle. Vous êtes le troisième utilisateur d'énergie, vous avez un rôle à jouer. Vous avez le devoir de promouvoir le modèle d'agriculture écologique. L'industrie agroalimentaire n'est pas victime d'un système, vous êtes acteurs», a lancé Jean-François Julliard, directeur général de Greenpeace France, le 21 octobre lors des Assises de l'Alimentaire organisées par l'Ania. « On est d'accord, le risque d'épuisement des ressources est réel », lui a répondu Thierry Gaillard, vice-président de l'Ania, en charge du Développement durable, mettant en avant le guide RSE réalisé par l'association et les initiatives de certaines grandes marques comme Lu et Mars.

À la question, quelles régions représentent le plus d'intérêt pour vous, « 0 % des leaders interviewés ont répondu la France, contre 67 % le grand export », a souligné Xavier Ruaux. Les groupes comme Bonduelle, Fleury Michon, Danone, Bel ou encore InVivo faisaient partie des leaders interviewés. Les ETI sont, elles, 8 % à croire le plus en la France (75 % dans le grand export), contre 20 % pour les PME (31 % pour le grand export).

58 % des patrons s'intéressent au grand export

Au global, pour renouer avec la croissance, 58 % des patrons interrogés expriment un intérêt poussé pour le grand export, 79 % considèrent le premium comme source de rebond et 98 % voient « le contact avec le client final comme clé pour rebondir en France ». « Dans le premium, le chiffre d'affaires progresse », a confirmé Catherine Petitjean, directrice générale de la maison Mulot Petitjean. « On a des consommateurs à travers le monde qui ont besoin de produits de tous les jours, c'est aussi ça le développement de l'agroalimentaire. Attention à l'arrogance du premium français », a toutefois contrebalancé Michel Nalet, président de la commission export de l'Ania et directeur des relations extérieures de Lactalis. « Les cinq premières entreprises laitières mondiales sont françaises. Ce sont des marques qui partent à l'export. Sans marque, vous ne ferez rien », a-t-il assuré. Et d'ajouter qu'au-delà de l'ex-” port, la présence à l'étranger des entreprises françaises était primordiale. Pourquoi pas en Inde, où la demande agroalimentaire devrait tripler d'ici à 2020 ?

Il faut des marges suffisantes pour embaucher

Sans surprise, pour Thierry Blandinières, directeur général d'InVivo qui a développé une stratégie en ce sens (avec le déploiement des magasins Frais d'ici), ce qui compte pour renouer avec la croissance c'est « organiser un contact direct avec le consommateur ».

Xavier Beulin, président de la FNSEA et de Sofiprotéol, milite davantage pour une stratégie de regroupement. « Il faut consolider les leaders. Je considère que cette séparation entre coopératives et entreprises privées sur le terrain est un peu derrière nous. Il faut des stratégies d'alliance, en n'oubliant aucun maillon de la production à la distribution en passant par la transformation », a-t-il déclaré en tribune.

Manque de flexibilité du droit du travail

La taille insuffisante des entreprises face à la grande distribution fait partie des freins évoqués par 45 % des patrons interrogés par le cabinet Wyman. Mais « le manque de flexibilité du droit du travail » est de loin la première contrainte mise en avant par les chefs d'entreprise (à 83 %). Arrivent derrière : « des fournisseurs pas assez traités en partenaires » et « une relation trop passive avec les autorités publiques » (à 39 %). «Malgré la meilleure volonté du monde, il faut des marges suffisantes pour embaucher. Or, nous sommes confrontés à ce mur. Cette guerre des prix. Ne prenons pas le risque de passer de la déflation alimentaire à la déflation sociale. Aidez-nous!», lançait Jean-Philippe Girard, président de l'Ania à Stéphane Le Foll, le 21octobre. Depuis, le gouvernement a saisi l'Autorité de la concurrence sur le regroupement des centrales d'achat de la grande distribution, et prévenu qu'il contrôlerait l'utilisation faite par les enseignes du CICE. Affaire à suivre…

*Enquête réalisée au premier semestre 2014 auprès de 40 dirigeants (parmi les leaders, des ETI et des PME) représentant près de 15 % du marché français.

En hausse, en baisse

La demande de lactosérum mondiale est en plein essor. Avec un marché mondial évalué à 7,6milliards d'euros, en hausse de 36 % par rapport à 2011, cette source de protéine attire les convoitises. En 2017, le marché devrait dépasser les 9 milliards d'euros, assure le Danois Business Consulting Group.

Selon Agreste, les exportations de vin ont prolongé leur repli entamé en fin d'année 2013 (-12 % entre les deuxièmes trimestres 2013 et 2014). En cause, la faiblesse des deux dernières récoltes. Cependant, souligne Agreste, cette baisse fait suite à une hausse très importante des exportations de vin entre 2010 et 2012 (+24 %).

Aux États-Unis, les prix de l'alimentation ont augmenté en septembre de 0,3 %, avec une hausse de 2 % pour la viande de bœuf (+16,7 % depuis janvier) et de 0,5% pour les produits laitiers. L'indice des prix alimentaires a grimpé de 3 % sur douze mois.

Si l'on en croit les résultats obtenus par des chercheurs de l'université de médecine Loma Linda en Califronie, la non-consommation de viande entraînerait une baisse de la fertilité masculine. Pour les scientifiques, cela serait dû à une carence en vitamine B12 (présente dans la viande), conjuguée à une trop forte consommation de produits à base de soja, riche en phyto-œstrogènes.

ILS ONT DIT JEAN VIARD Sociologue, directeur de recherche au CNRS

« Le cœur du malaise, c'est quand même l'élevage. Si on regarde là où il y a des suicides, on voit que l'essentiel se passe chez des éleveurs. D'une part, il y a un problème économique et d'autre part, dans nos sociétés, l'élevage est un travail 7/7. On ne s'arrête jamais. L'exploitation d'élevage est donc encore plus difficile que d'autres activités.» La Dépêche (27/10)

DOMINIQUE LANGLOIS Président d'Interbev

« L'étiquetage Viandes de France, on va le voir. On a la volonté de faire en sorte que la nouvelle Commission européenne et surtout le nouveau Parlement fassent de cette mesure franco française une mesure européenne. C'est vrai que pour l'instant on ne le voit pas assez.» RTL (25/10)

JEAN-DENIS DEWEINE Directeur des achats internationaux d'Auchan

À propos de l'accord d'alliance, «il ne s'agit pas de négocier le prix des produits en commun, mais de la fourniture par Metro et Auchan d'un certain nombre de prestations permettant aux fournisseurs de baisser leurs coûts, et pour lesquels nous leur demanderons une rétribution» financière. Les fournisseurs concernés par cette coopération internationale seront les grandes marques multinationales, telles Nestlé, Unilever, etc. « Metro Group et groupe Auchan ont pour objectif de renforcer leur position de négociation vis-à-vis de ces acteurs.» AFP (23/10)

PETER VOGT Vice-président de Nestlé, RH monde

«Il est possible de travailler 30 ans chez Nestlé. Le groupe privilégie la promotion interne pour environ 80% des postes […] Paul Bulcke, l'actuel administrateur délégué, a débuté comme stagiaire. Le directeur de toutes nos usines dans le monde également.» Le Figaro (27/10)

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