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L’endive du Nord veut sortir du noir

La production nationale d'endives s'élève à 220 000 tonnes.
La campagne 2008-2009 s’est globalement mal passée. Et elle risque de se terminer encore plus mal pour les producteurs. La marque Perle du Nord, qui fête ses 25 ans, entend réagir. Elle vient de lever un coin du voile sur un nouveau projet d’entreprise ambitieux.

Le Nord-Pas-de-Calais représente 54 % de la production mondiale d’endives Source : conseil régional Nord-Pas-de-Calais (mars 2009).. Derrière ce chiffre triomphal se cache une réalité plus terre à terre : l’endive ne fait plus la richesse de ses producteurs, ni de ses grossistes ou détaillants. Seule peut-être la grande distribution en tire encore un certain profit. « Il y a quelques jours, de l’endive sortait des exploitations à 30 centimes d’euro du kilo rendu Rungis… et dans le même temps on voyait l’endive vendue à 2,5 euros du kilo sur les linéaires des grandes enseignes », assure Daniel Bouquillon, le président de la fédération des producteurs Fédération nationale des producteurs d’endives (FNPE).. Les GMS ont longtemps été accusées de tous les maux. Mais aujourd’hui, personne n’est dupe : « Ce sont les producteurs d’endives eux-mêmes, les plus grands responsables », souligne Daniel Bouquillon.

On estime la production nationale d’endives à 220 000 tonnes, dont 140 000 produites par onze organisations de producteurs (OP), le reste étant le fait de producteurs indépendants. La production est essentiellement implantée en Nord-Picardie (moins de 600 endiviers), le reste en Bretagne Aujourd’hui, 119 producteurs endiviers cultivent 77 % des surfaces endivières du bassin Nord-Picardie et mettent en marché plus de 90 % des endives du bassin.. De l’autre côté de la frontière, on dit ne pas comprendre l’inorganisation permanente de cette filière française. Minoritaires dans la production, Belges et Hollandais subissent néanmoins les contrecoups de cette inorganisation à la française. Les tentatives régulières de concertation entre les trois pays n’y font rien, car la porte de la réunion une fois refermée, les vieux démons ressurgissent.

Des retraits sans stratégie

En 2008-2009, l’endive n’a pas su profiter de la longue période de froid pour faire décoller les cours. Et la fin de campagne s’avère encore des plus délicates. Incapables de se mettre d’accord pour décider en commun le retrait d’une partie de la production, les OP « endives » ont décidé de laisser l’initiative du retrait de production à chacune d’entre elles. C’est ainsi que depuis le 23 mars dernier, certaines ont décidé le retrait d’une partie des endives forcées en bacs pour soulager le marché. L’opération a été reconduite la semaine suivante… mais sans véritable stratégie.

Du côté des OP, on appréhende le mois de mai. On table en effet sur une production supérieure de 25 à 30 % à celle de l’année passée à la même époque. Les promos s’enchaînent et les prix plongent… Le 7 avril on relevait, dans une GMS régionale, de l’endive commercialisée à moins d’un euro le kg (95 cts/kg) en tête de gondole.

C’est dans un tel contexte que Perle du Nord a décidé de réagir. La marque régionale, créée il y a 25 ans, a toujours surfé sur une importante notoriété. Créée officiellement en 1984 par le Comité économique du Nord de la France (Celfnord), Perle du Nord appartient désormais à une SAS fondée entre six des onze OP de Nord-Picardie qui ont, seules, le droit de commercialiser des endives sous la marque Perle du Nord.

Ces six organisations de producteurs regroupent environ 300 endiviers, produisant chaque année environ 87 000 tonnes d’endives, dont environ 20 % commercialisées sous la marque Perle du Nord. Les endives Perle du Nord représentent ainsi entre 8 à 10 % de la production nationale d’endives (220 000 tonnes). Les 6 OP commercialisent également 8 millions de têtes de choux-fleurs dont 45 à 65 % sous marque Perle du Nord, 1,5 millions de têtes de frisée fine (dont 90 % sous marque Perle du Nord) ainsi que du pissenlit blanc. Depuis quelques années, la marque Perle du Nord s’était faite beaucoup plus discrète dans les linéaires ; elle a adopté des stratégies « marketing » quelque peu différentes, boycottant notamment les rayons des hard-discounters. Elle a aussi fait un important travail qualitatif au niveau des produits mis en marché (endives, choux-fleurs, pissenlits blancs et frisées fines).

Imaginer une nouvelle organisation commerciale

Un nouveau tandem président-directeur est arrivé aux manettes de la SAS en janvier 2008. Le président Hugues Moilet est à la tête de l’endiverie de Soyecourt (80). Avec cinq autres associés, elle constitue Primacoop, une des six OP actionnaires de Perle du Nord. Primacoop met ainsi en marché 33 000 tonnes d’endives, pour 680 salariés. Christophe Levyfve, directeur de l’agence de communication lilloise KRBO, a accepté, en parallèle de sa responsabilité, la direction générale pour 24 à 28 mois, à charge pour lui de mener à bien le nouveau projet d’entreprise de Perle du Nord. Avec deux objectifs très ambitieux : imaginer une nouvelle organisation commerciale et une segmentation différente pour l’ensemble de la gamme Perle du Nord. Le nouveau directeur souhaiterait d’ailleurs ouvrir très largement la gamme des productions, que ce soit aux pommes et aux poires, voire aux pommes de terre… Sur la nouvelle organisation commerciale, on devrait en savoir plus dès la fin mai ; quant à la segmentation retenue définitivement, elle devrait être prête en avril 2010…

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