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Le Normand Agrial conforte son modèle polyvalent


> La nouvelle tour de séchage à Moyon devrait produire quelque 12 000 tonnes par an et assurer le débouché en ingrédients laitiers de Délicelait.
Le groupe coopératif normand continue d'évoluer dans son univers de multispécialiste. Agrial mise sur la modernisation des outils, l'innovation, la croissance externe et l'internationalisation. Panorama.

La coopérative Agrial dresse un bilan positif de son année 2014, et ce, malgré un contexte agricole difficile. « Les budgets sont atteints dans pratiquement toutes les branches. Nous avons même réussi à redresser la branche laitière, sans toutefois atteindre les objectifs », a déclaré le président Arnaud Degoulet le 11mai. Selon le président de la coopérative, parmi les obstacles au développement en 2014, on peut considérer la baisse des prix des céréales, des viandes (en particulier du porc) et du lait, à laquelle se sont ajoutés l'embargo russe et des épisodes météo rarissimes, qui ont, entre autres, provoqué une diminution de la qualité des protéines du blé panifiable.

Les prix des légumes, et en particulier les pommes de terre, carottes et poireaux, se sont littéralement effondrés au cours de l'hiver 2013-2014. « Heureusement que notre activité 4e gamme a su compenser la 1re gamme », précise Arnaud Degoulet. Résultat : « On constate depuis mi-2014 une dégradation des trésoreries chez les agriculteurs », ex-DR plique Ludovic Spiers, directeur général d'Agrial. La coopérative ne baisse pas les bras pour autant et mise sur l'évolution des pratiques agricoles pour faire revenir les exploitations à une certaine rentabilité : suivi par satellite des exploitations céréalières ; utilisation de drones pour les cultures fruitières et légumières ; déploiement de l'outil Lactorial pour les laitiers, afin de les aider à savoir s'ils sont compétitifs.

Lancement de Mon lait de Normandie

Pour Ludovic Spiers, l'innovation produits demeure un des piliers de la croissance notamment sur le secteur du cidre (Loïc Raison et Écusson), lequel peine à se réveiller. « Nous avons décidé de secouer l'univers du cidre avec des nouveautés à destination des femmes et des jeunes : cidre rosé, délice de poire, cidre framboise, et bientôt, du cidre à la pêche, aux agrumes et à la vodka, en petits conditionnements. »

Le groupe coopératif vient également de lancer avec Agrilait une marque locale de lait Mon lait de Normandie en cours de déploiement.

Côté croissance externe, l'année 2014 a été marquée par la fusion avec la coopérative laitière Cora-lis (lait UHT) et le rachat de 100% de sa filiale Végam, et de son activité de collecte de blé et de vente d'agrofournitures au travers d'un réseau de 40 magasins (75 millions d'euros de chiffre d'affaires). Ce rapprochement avec Coralis (300 millions de litres de lait par an) permet à Agrial une implantation durable en Ille-et-Vilaine, territoire laitier. En revanche, la fusion envisagée avec Eurial ne s'est pas concrétisée, mais Arnaud Degoulet reste « convaincu que ce projet est magnifique » et espère pouvoir y revenir.

AU-DESSUS DE LA BARRE DES 4 MILLIARDS D'EUROS

En 2014, Agrial a réalisé un chiffre d'affaires de 4,2milliards d'euros, en progression de 8,5%, avec 5,5% de croissance externe et 3% de croissance organique. «Une année correcte, selon le président Arnaud Degoulet, qui conforte notre modèle polyvalent et multiactivité.» L'Ebitda s'élève à 160millions d'euros, soit +12,6%, en ligne avec le budget, et le résultat net s'établit à 44millions d'euros. La dette est réduite à 2,5 fois l'Ebitda, contre 2,9 en 2013, et l'arrivée d'Uni-grains et de Sofipar au capital de la holding agroalimentaire Agrial Entreprise porte les fonds propres à plus de 700millions d'euros, contre 635 en 2013. Grâce à la fusion avec Coralis, le nombre d'adhérents est en augmentation. Il est à ce jour de 12000 actifs (+2000), pour 12000 salariés. Pour les années à venir (5 ans maximum), le groupe coopératif ambitionne un Ebitda à 200millions d'euros.

100 millions d'euros investis en 2014

Agrial a investi au total en 2014 quelque 100 millions d'euros dans toutes ses branches. Ce budget a permis de finaliser la construction de trois nouvelles usines de semences, portant la surface cultivée de 13 000 hec-tares (ha) à 17 000 ha, et à terme (d'ici quatre à cinq ans) à 20 000 hectares. Trois unités de stockage pour les céréales ont été inaugurées, portant à 100 000 t la capacité totale du groupe. Agrial a également fait construire à Sarceaux (61) une plateforme de stockage de 35 000 m2 couverts et 30 000 m2 en extérieur pour l'ensemble des produits de jardinage et bricolage de ses 230 magasins type Point vert. Pour les légumes, l'investissement a porté sur la réalisation d'une nouvelle station de pommes de terre en Picardie d'une capacité totale de 200 000 tonnes, ainsi que sur l'acquisition de 15 ha de serres couvertes à Murcie en Espagne, « pour garantir le sourcing des jeunes pousses en hiver ». L'achat de 20 hectares supplémentaires est d'ores et déjà prévu pour 2015. À Perpignan dans l'usine Florette food service, Agrial a inauguré trois nouvelles lignes de salades en bol, dont le principal client reste McDonald's.

Enfin, pour la branche laitière, le groupe a mis en service une nouvelle tour de séchage à Moyon (50), qui devrait rapidement produire quelque 12 000 tonnes par an et assurer le débouché en ingrédients laitiers de Délicelait. Il a également repris l'intégralité des titres de Sénagral pour en devenir l'unique propriétaire. La société spécialisée en ultrafrais, rachetée à Marc Senoble, peine toujours à renouer avec la crois-sance sur un marché en baisse de 2 % par an, avec un chiffre d'affaires de 562 millions d'euros.

Projet de développement à l'international

Fort de sa réussite en Californie avec la société Manzana – dont le chiffre d'affaires est passé de 30 à 50 millions de dollars en deux ans grâce à la fabrication de jus de pomme, de vinaigres et, depuis peu, de compotes «organiques»–, Agrial entend continuer de se positionner à l'international. « Le marché français, voire européen, est atone. Nous sommes résolu-ment dans un projet de développement à l'international, confirme Arnaud Degoulet. Nous avons l'accord des adhérents pour y aller, avec l'intention d'y réaliser un tiers du chiffre d'affaires, contre 20 % aujourd'hui. »

Objectif Asie : utiliser notre matière première et la transformer localement

Pour cela, les dirigeants de la coopérative avouent prospecter en Asie, et notamment en Chine pour le secteur laitier, « avec l'objectif d'utiliser notre matière première et de la transformer localement », mais aussi en Afrique et en Europe de l'Est.

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