Le bien-être bien compris
La réglementation relative au respect du « bien-être animal » confirme que les dossiers de fond et de long terme se traitent désormais à Bruxelles, bien plus qu’à Paris. Un constat qu’il n’est pas inutile de rappeler quand 60 % des électeurs français s’apprêtent à s’abstenir le 7 juin. Autre remarque : le bien-être animal apparaît à beaucoup comme une question secondaire. C’est pourtant le plus important défi que les filières viandes européennes auront sans doute à relever dans les dix années qui viennent. Car éleveurs et entreprises auront à apporter des réponses à des questions que l’opinion publique se pose de bonne foi ; mais surtout à convaincre leurs concitoyens face à des adversaires dont l’intention n’est pas de débattre, mais d’exclure. Le but de certaines associations, minoritaires mais influentes, n’est pas d’améliorer les pratiques professionnelles, mais d’établir l’équivalence suivante : animal d’élevage = homme. Le dossier est donc technique, mais également scientifique et politique. Il faut y apporter des réponses du même ordre. La FAO, qui a ouvert cette semaine un portail internet sur le sujet, apporte quelques arguments : les productions animales représentent 40 % de la valeur de la production agricole mondiale ; leurs produits assurent un tiers des apports protéiques de l’humanité ; et ils font vivre un milliard de personnes dans le monde, dont un grand nombre de pauvres. Mais comme c’est en Europe qu’il faut aussi défendre l’élevage, saluons la création, le 19 mai, du « club de la table française », un lobby de la gastronomie tricolore qu’ont déjà rejoint 200 parlementaires. Les producteurs de foie gras (Cifog) et de porcs (le Club des amis du cochon) font partie des membres fondateurs. Ce n’est sans doute pas un hasard…