La Tunisie se rêve en partenaire des IAA européennes
En lançant le 29 avril dernier sa campagne internationale de promotion, l’industrie tunisienne veut prouver qu’elle a sa place dans l’échiquier européen. Le projet pilote intitulé « Looking for growth ? Think Tunisia, the euromedvalley for industry and technology », fixe le cadre des objectifs que le gouvernement souhaite atteindre dans les huit ans à venir. L’agroalimentaire fait partie des quatre secteurs phares de l’industrie tunisienne ciblés par ce projet élaboré par le ministère de l’Industrie, l’Utica (Union tunisienne de l’industrie, du commerce et de l’artisanat), le ministère de la Coopération et du Développement extérieur, le ministère du Commerce, avec le soutien de la Commission européenne. Le ministre de l’Industrie, de l’Énergie et des PME, Afif Chelbi, a notamment déclaré que la Tunisie entendait à travers ce plan « lancer une invitation à la croissance et un message aux industriels de l’Union européenne, invités à faire avec la rive sud de la Méditerranée en général et de la Tunisie en particulier, ce qui a été fait avec les pays de l’Est au cours de la dernière décennie, et de faire du site Tunisie un marché relais voire un hub régional ». À l’horizon 2016, le gouvernement compte accélérer la dynamique technologique et d’innovation du secteur agroalimentaire débutée ces quelques dernières années. Il veut augmenter ses exportations de produits alimentaires de 9 % par an, pour atteindre 3,401 milliards de dinars (1,852 milliard d’euros) en 2016, contre 1,615 milliard de dinars en 2007, avec des investissements industriels qui passeraient à 585 millions de dinars contre 270 millions en 2007.
Vers plus de valorisation
Cet objectif quantitatif s’accompagne d’une montée en gamme des produits phares de l’industrie tunisienne. Il s’agit notamment de développer certains créneaux porteurs tels que le conditionnement de l’huile d’olive, des fruits et des légumes, les semi-conserves, les plats cuisinés et les produits surgelés. Les produits laitiers et les produits de la mer sont également des secteurs en plein développement. Le gouvernement prévoit une croissance annuelle moyenne de 6,4 % sur la prochaine décennie, visant ainsi à créer 34 000 emplois industriels. Pour atteindre ces objectifs ambitieux, l’industrie tunisienne doit encore renforcer son potentiel d’innovation, en développant notamment des partenariats technologiques. Un pôle de compétitivité vient d’ailleurs d’être créé dans le nord de la Tunisie, à Bizerte, « région la plus agricole du pays », pour aider les entreprises tunisiennes à « sauter le pas technologique ». Deux partenariats ont d’ores et déjà été signés avec les pôles de compétitivité français Qualimed à Montpellier et Agroparc, dans la région d’Avignon. Un troisième est en cours de négociation avec le pôle nutrition-santé Vitagora, à Dijon, ainsi qu’un quatrième avec le pôle Mer Paca à Toulon.
Améliorer la certification
Pour se moderniser, les entreprises tunisiennes s’appuient sur différentes structures, dont le Centre technique de l’emballage et du conditionnement (Packtec), lancé en 1996 en collaboration avec le LNE (Laboratoire national de métrologie et d’essais), établissement public français. Doté d’une activité de recherche et développement, le centre se charge notamment des analyses de conformité des emballages alimentaires. Un Centre technique de l’agroalimentaire (CTAA) et un Institut de nutrition & de technologie alimentaire complètent le dispositif d’appui technique aux sociétés tunisiennes. Car même si les entreprises tunisiennes répondent de plus en plus aux normes de certification internationales, elles n’étaient que 126 en 2008 à être certifiées HACCP. L’ambition du gouvernement est de monter cette part à 400 en 2016. Avec une production de 8,9 milliards de dinars tunisiens (4,36 milliards d’euros) en 2008, en progression de 7,8 %, le secteur agroalimentaire tunisien a déjà attiré des groupes étrangers puisque 100 entreprises opèrent en partenariat financier avec des investisseurs étrangers, dont 26 sont à capitaux 100 % étrangers. Parmi ces groupes, Danone, Lactalis, Candia, Lesieur, Lipton, Lu et bien d’autres. Pour attirer les investisseurs étrangers, la Tunisie met en avant ses faibles coûts de production « à niveau comparable de qualifications », son cadre législatif et réglementaire incitatif. Une zone franche se développe d’ailleurs dans le nord du pays, où pour le moment, une seule entreprise d’équipement agroalimentaire est implantée.