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Industries agroalimentaires : quelles sont les solutions numériques pour rester compétitif ?

Jumeau numérique, big data, intelligence artificielle, robotisation…, les solutions sont nombreuses pour piloter son activité au plus juste et rester compétitif dans un environnement concurrentiel exacerbé.

Depuis maintenant près de dix ans, on parle d’industrie 4.0. En lien avec les trois révolutions industrielles passées, cette notion fait référence à la convergence des technologies numériques et des techniques de production industrielles. Au-delà d’une révolution industrielle, on parle plutôt d’une évolution des équipements existants. Et si l’agroalimentaire a bien eu du mal à passer le cap, il semble désormais que le secteur est bel et bien en train de réaliser cette mutation, conscient que les nouvelles technologies peuvent être une aide précieuse pour piloter au plus juste son activité. « Il y avait une digitalisation partielle, tirée par le besoin de traçabilité. Il y a clairement eu une évolution depuis quelques mois. Des convergences permettent de mieux mettre en œuvre la variabilité des produits dans la traçabilité, l’automatisation, la robotisation, la numérisation. Pourquoi ? Il y a eu un boom dans les nouvelles technologies ces derniers mois », observe Gregorio Ameyugo, directeur adjoint du CEA List chargé du développement européen et international.

« Il y a eu un boom dans les nouvelles technologies ces derniers mois »
Gregorio Ameyugo, directeur adjoint du CEA List chargé du développement européen et international

Là où la variabilité des produits et le coût des technologies étaient encore, il y a peu de temps, un problème, il semble que ces freins soient désormais levés. Robotiser, numériser, automatiser devient accessible. De l’internet des objets au big data, de la cobotique à l’intelligence artificielle (IA), le panel de choix technologiques est large. Le tout est de bien définir ses besoins au préalable. Réaliser des diagnostics et être accompagnés dans cette transformation semblent être nécessaires. « Pour passer à la digitalisation, il faut surtout bien communiquer sur la conduite du changement avec les équipes. Tout le monde est concerné, de l’approvisionnement à la supply et aux stocks. Tout va se jouer sur l’appropriation des outils et sur la communication entre ces équipes. S’inspirer des standards et des bonnes pratiques est essentiel », estime Simon Le Bayon, consultant sénior en stratégie digitale à Isatech.

L’internet des objets pour limiter les pertes

L’IIoT ou Internet industriel des objets peut permettre aux industriels de rester compétitif, en limitant des pertes inutiles en production. À Braincube, société installée en Auvergne depuis onze ans, les données sont au cœur de l’amélioration de la performance, de la transformation de l’organisation ou encore de la réduction des pertes, trois dimensions essentielles pour conserver sa compétitivité.

« Notre algorithme va être capable de définir le ou les endroits de la chaîne où le problème se pose et de proposer des correctifs »
Paul Pinault, vice-président stratégie produit et marché à Braincube

Ainsi, la solution Braincube a, par exemple, permis à un fabricant de biscuits de résoudre sa problématique de variabilité de production de ses biscuits en matière de taille et de poids. « Nous avons défini les paramètres qui peuvent être à l’origine de la variabilité et les avons mis sous contrôle. Notre algorithme va être capable de définir le ou les endroits de la chaîne où le problème se pose et de proposer des correctifs aux opérateurs pour ajuster la ligne », explique Paul Pinault, vice-président stratégie produit et marché à Braincube. Là où un être humain sera incapable de traiter autant de paramètres en même temps et de les croiser, la solution de la start-up auvergnate le peut. Avril et Cargill sont deux autres industriels qui ont eu recours à cette solution pour limiter des pertes et améliorer leurs rendements.

La réalité augmentée pour gagner en productivité

La réalité augmentée peut être un véritable atout pour gagner en qualité et en productivité, tout en sécurisant les processus. Elle consiste à superposer un contenu virtuel 3D sur la réalité. Affichant les informations essentielles en production, le procédé permet à l’opérateur de visualiser le déroulement en temps réel d’une procédure et de la réaliser vite et bien. Isatech a notamment présenté au CFIA de Rennes en mars ses avancées dans la mise au point d’un casque de réalité augmentée avec deux utilisations possibles : la gestion collaborative de stocks et l’apprentissage.

Des PGI intelligents

Les progiciels de gestion intégrés (PGI ou ERP en anglais) proposent des outils particulièrement efficaces pour permettre aux entreprises d’accroître leurs performances. Cooperl, par exemple, s’est équipé il y a un peu plus d’un an de l’ERP Microsoft Dynamics NAV afin de pouvoir piloter sa nouvelle usine chinoise à partir de la Bretagne. Le progiciel a été déployé sur les modules d’achat, approvisionnement, les ventes et toute la thématique de GPAO, ainsi que la gestion industrielle.

L’intelligence artificielle et ses multiples applications

Pour Gregorio Ameyugo, l’intelligence artificielle est parfois mal comprise, pourtant sa puissance permet de contrôler de manière très robuste sa production. « L’IA fait peur, car elle a une image éloignée de la réalité. Parlons de machine learning plutôt. Les PME voient un mur insurmontable devant elle. Mais des solutions clés en main existent. L’intelligence artificielle permet des contrôles rapides de la production plutôt que de l’échantillonnage. Elle permet aussi de guider les robots. On voit surtout les robots en logistique parce qu’ils coûtaient cher, mais maintenant, c’est deux à cinq fois moins cher pour déployer ces solutions. Ce n’était pas possible il y a un ou deux ans. Nous sommes dans une révolution, notamment sur le calcul IA sur GPU. Cela permet aussi de libérer du personnel sur des tâches à plus fortes valeurs ajoutées et d’automatiser les tâches rébarbatives. Elle permet de contrôler la matière, les corps étrangers », raconte-t-il.

Sécurité et impact environnemental

Deux points de vigilance sont en train d’être pris en compte par les fournisseurs : la cybersécurité et la réduction de l’empreinte environnementale. Deux sujets primordiaux pour l’avenir et sur lesquels les équipementiers se penchent, conscients des atouts compétitifs pour eux.

Des aides

La garantie de prêt France Num a été prolongée jusqu’en 2023.

Jusqu’à 80 % d’un prêt d’un montant maximal de 50 000 euros.

l’avis de

« Nous passons une nouvelle frontière vers des outils de simulation »

Antoine Vignon, président de Vif

« Les industriels passent clairement le cap de la digitalisation. Pendant dix années, nous avons évolué dans une industrie qui voyait l’informatisation comme une contrainte nécessaire parfois pour des questions réglementaires, parfois pour des raisons d’amélioration de leur organisation. C’était un mal nécessaire pour sortir des factures ou pour une question de traçabilité. Entre 2010 et 2015, il y a clairement eu un mouvement vers ce sujet : "Et si on se penchait sur la digitalisation comme une opportunité pour travailler sur des sujets de performance, pour piloter de manière plus efficace ?". Aujourd’hui, on dépasse ce stade-là, on simule maintenant. Le coronavirus notamment et la crise aussi font que les entreprises se posent des questions. Dans cet environnement, il existe des outils de simulation pour être plus performant dans une situation extrême. Nous passons une nouvelle frontière vers des outils de prévisions de vente faisant appel à des algorithmes puissants, des outils de planification de la production, d’approvisionnement, de calcul de besoin. La digitalisation est aujourd’hui un outil d’amélioration durable de la performance opérationnelle. Elle se joue dans l’exécution, mais aussi dans la performance de la gestion et de l’anticipation. Ce triptyque est la base d’un système d’information performant. »

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