Henri de Thoré
Les Marchés : Quelles décisions attendent précisément les éleveurs de porcs ?
Henri de Thoré : Il y a actuellement deux plans qui se chevauchent : le plan d’action pour le bien-être des animaux (2006-2010) et le plan santé animale (2007-2013) qui porte plus sur le transport. Beaucoup de sujets sont sur la table. La castration des animaux, leur logement, mais aussi le transport, l’abattage sur lequel un texte devrait sortir prochainement… Le problème, c’est qu’il n’y a pas de front commun des pays producteurs et qu’à Bruxelles, les associations qui militent en faveur du bien-être sont très écoutées. De toutes les façons, le bien-être ne générera aucune économie pour le maillon de l’élevage, mais au contraire entraînera des distorsions de concurrence, notamment parce que la viande de porc est valorisée aux trois quarts chez des salaisonniers qui pourront importer de la viande d’animaux qui ne seront pas soumis aux mêmes règles.
LM : Quel serait l’impact économique de nouvelles normes bien-être ?
H. T. : Sur le dossier de la castration, il n’y a pas à ce jour de produit sur le marché dont la concentration est adaptée au porcelet. Aucun prix ne peut donc être donné. Nous n’avons pas plus d’estimation du coût pour l’immuno-castration, c’est-à-dire l’ablation médicamenteuse des testicules. Par contre, si Bruxelles remettait en cause le caillebotis intégral qui recouvre 70 % des sols des élevages français, le prix à payer serait autrement plus élevé. On l’estime à environ 3 milliards d’euros. En effet, la réfection des 8 millions de places d’engraissement en France coûterait 400 euros la place. Autrement dit, remettre en cause le caillebotis intégral changerait le modèle économique de la filière porcine française. Cependant, il faut noter que l’administration française écoute nos arguments. Mais elle prend également en compte les arguments des associations de défense des animaux.