Le ruissellement, principal vecteur des transferts de phosphore dans l’eau
Pendant vingt ans, Arvalis-Institut du Végétal a mesuré l’impact des pratiques culturales sur la qualité de l’eau, notamment pour le phosphore. De 1998 à 2012, Arvalis a suivi chaque semaine
les teneurs en phosphore dissous dans les eaux de ruissellement et drainage de la station de la Jaillère. De 2004 à 2012, les analyses ont également porté sur le phosphore total, composé du phosphore dissous et du phosphore particulaire.
Les concentrations en phosphore, notamment particulaire, se sont ainsi avérées plus élevées dans les eaux de ruissellement, notamment sur des parcelles drainées, que dans les eaux de drainage. « Le rôle du ruissellement dans les transferts de phosphore est indéniable », souligne Alain Dutertre, d’Arvalis. Les teneurs en phosphore dissous sont à plus de 98 % inférieures
à 2 mg/l. Et, sur quatorze ans, ils ont globalement été inférieurs à 10 kg/ha. Mais ils varient selon les situations : inférieurs à 2 kg/ha/an en parcelle drainée (drainage + ruissellement), inférieurs à 3 kg/ha en parcelle non drainée (ruissellement seul). Un apport de phosphore (engrais, effluents) juste avant des écoulements importants entraîne des transferts exceptionnels, ceux-ci pouvant représenter 30 à 50 % des transferts de phosphore, notamment en parcelle non drainée où le ruissellement est plus important. La situation toutefois revient assez rapidement à la normale. Les essais ont montré aussi que le non-labour, qui enrichit les premiers centimètres de sol en phosphore et favorise les circulations rapides de l’eau, tend à accroître les transferts de phosphore dissous.