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Interview de Bertrand Rival, directeur de Légumes de France
« Personne n'a attendu l'embargo russe pour chercher de nouveaux marchés à l'export »

Nouvellement nommé directeur de Légumes de France, le syndicat des producteurs de légumes, Bertrand Rival fait le point sur les différents dossiers qui agitent la rentrée.

FLD HEBDO : Bertrand Rival, qui êtes-vous ?

Bertrand Rival : Je suis Ligérien d'origine et j'y habite. J'ai fait l'essentiel de ma carrière dans le syndicalisme agricole. J'ai commencé en 1998 en Seine-et-Marne, puis j'ai dirigé la Fédération de l'Ardèche, celle de Haute-Vienne et la FRSEA du Limousin, puis la FDSEA de Vaucluse et enfin j'ai effectué une mission à la FDSEA de l'Indre. Eleveur (je ne le suis plus), je suis aujourd'hui à la tête d'une exploitation de 90 ha de productions végétales (céréales, maïs, fourrage) avec mon épouse.

FLD HEBDO : Jusqu'ici, quels étaient vos liens avec Légumes de France ?

B. R. : J'ai beaucoup travaillé avec le syndicat Légumes de France quand j'étais dans le département du Vaucluse, notamment sur la thématique de l'emploi et du coût de la main-d'œuvre pour les producteurs de f&l cela m'a permis de rencontrer tout le monde. J'ai pris mes fonctions en tant que directeur de Légumes de France le 18 août dernier.

FLD HEBDO : Sur quoi travaillez-vous actuellement ?

B. R. : L'actualité en ce moment porte sur les conséquences de l'embargo russe et sur ce qui va être mis en place pour les contrebalancer. Les conséquences directes pour les producteurs, on ne les connaît pas encore à la différence des conséquences immédiates, telles que le blocage de camions aux frontières. En fraise ou encore en chou-fleur et brocoli, il y a de fortes conséquences possibles sur le marché tout comme pour le poireau. En tomate en revanche, ce seront plus des effets de report de marché qui risquent de se retrouver en France. Légumes de France est donc vigilant pour que les grandes surfaces, les grossistes et les détaillants jouent le jeu de la production française. On le fait aussi auprès des grossistes. C'est d'ailleurs ce que Légumes de France a rappelé lors de la réunion de FranceAgriMer fin août. Des visites inopinées et discrètes seront menées sur les marchés de gros pour s'assurer que les grossistes jouent le jeu de la production française.

FLD HEBDO : N'y a-t-il pas un risque de perdre définitivement ce marché ?

B. R. : Perdre 4,5 % de parts de marché par exemple sur le chou-fleur et le brocoli à l'échelle européenne sur le marché russe, cela se fait rapidement mais les regagner par la suite c'est beaucoup plus compliqué. Personne n'a attendu l'embargo pour chercher de nouveaux marchés à l'exportation. Effectivement la Russie a vu ses importations progresser ces dernières années de 4 M€ en 2003 à 12 M€ en 2013. Mais une destination à elle seule ne représente pas la solution, en particulier quand cette destination peut être instable géopolitiquement. Aujourd'hui, la France perd cette capacité d'exportation d'un seul coup. Nous devons surtout apprendre de cet embargo, en clair se poser la question : Quelles sont les leçons que l'on peut en tirer pour conquérir d'autres marchés ? Légumes de France travaille aussi sur le don gratuit. Mercredi dernier, le 30 août, nous avions une réunion avec les représentants des producteurs et les associations caritatives au ministère. Les volumes mis au retrait en f&l sont à peu près stables, on n'arrive jamais à mettre plus de 20 % en don gratuit, soit 2 500 t données sur un total de 9 000 à 12 000 t de produits mis au retrait. Cela est lié à une problématique technique et financière liée à la logistique. Les capacités de stockage ne sont pas toujours à proximité des productions de f&l très périssables.

FLD HEBDO : Vous tenez prochainement votre congrès. Pouvez-vous nous en dire plus ?

B. R. : Le congrès de Légumes de France se tiendra les 20 et 21 novembre à Lamotte-Beuvron (Loir-et-Cher). Nous travaillerons sur deux sujets : une table ronde sera organisée sur l'économie du vivant et une autre le lendemain sur le partenariat euro-Méditerranée. Cette dernière sera axée sur le Maroc et nous avons demandé à Michel Barnier, commissaire européen au Marché intérieur, d'y participer. En mettant l'accent sur le partenariat UE-Maroc, cela fait le lien avec l'embargo russe. En effet au-delà d'arrêter les camions à la frontière européenne, on peut essayer de bâtir des liens solides entre les pays sur certains dossiers.

FLD HEBDO : Quel autre dossier défendez-vous ?

B. R. : Il y a la valorisation des produits. Un travail doit être mené sur le modèle économique des produits. Sur ce sujet il y a des efforts à faire et à poursuivre. Il y a le prix que l'agriculteur subit ou celui construit quand on peut le faire. Légumes de France travaille sur le problème des charges, mais il faut aussi se retourner et s'attaquer à la défense du prix de valorisation de nos productions. Il faut noter qu'il y a quand même un grand décalage entre ce que les gens voudraient faire et leur comportement d'achat. Pour le sentiment patriotique, ce n'est pas sûr qu'il ait un impact réel sur les achats. Cela passe aussi par un travail de fond sur la présentation des produits dans les grandes surfaces ou chez les détaillants. Là, la formation des chefs de rayon a toute sa place. Quand il y a un beau rayon f&l, on est alors sur de la consommation plaisir et cela donne lieu à des achats d'envie, d'impulsion où le client ne regarde plus son achat en termes de prix.

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