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S'adapter aux nouvelles cibles

Les jeunes mangent peu de f&l et les consomment différemment de leurs aînés qui, eux, peu à peu en utilisent de moins en moins.

« Les Millenials sont la génération PNNS par excellence : les messages tels que “Mangez cinq f&l par jour” leur sont totalement naturels », affirme Rémy Oudghini, sociologue.

Les habitudes de consommation évoluent. Que ce soit pour les jeunes ou les seniors, l'innovation est sans aucun doute la solution. Encore faut-il connaître ces populations.

Rémy Oudghini, sociologue, a animé une conférence “Les Millenials et l'alimentation : comment innover auprès des nouvelles générations ?” lors du forum Vitagora le 3 novembre. Il a d'abord rappelé qu'à l'intérieur de la jeunesse, il y a trois étapes : celle où l'on est tributaire des parents (où le jeune vit chez eux et mange en général plutôt comme eux), puis une grande période de liberté (en général, c'est « une période où l'on zappe les légumes », selon le sociologue), puis « le moment où l'on se reprend » où les préoccupations de santé commencent à poindre. Avant d'ajouter : « On confond souvent génération et âge. On parle bien là de génération ». Avec les Millenials, « on a affaire à une nouvelle génération dans un pays où la culture alimentaire est très forte. On a toujours trois repas par jour, même s'ils se déstructurent un peu. Le modèle de repas convivial à la française reste d'actualité », selon Rémy Oudghini. Pour lui, les jeunes Français sortent beaucoup, sont en recherche d'intensité, et fonctionnent sur un registre ultrarapide, tout en mobilité. Selon une étude du cabinet Sociovision, 82 % d'entre eux sautent des repas et grignotent. Ils sont aussi 82 % à manger devant la télé. Près de la moitié (48 %) déclare manger en mobilité. Ils sont donc en attente de solutions repas pratiques et rapides à préparer. « Mais n'oublions pas non plus que c'est une génération qui a grandi avec une multitude d'émissions culinaires et des chefs starisés », rappelle le sociologue. L'art culinaire est donc important.

Les Millenials, la génération PNNS

 

Si les Millenials valorisent les excès (ils rompent avec les règles), ils appliquent néanmoins le principe de précaution. C'est la génération PNNS par excellence selon Rémy Oudghini. « Les messages comme “Mangez cinq f&l par jour” leur sont totalement naturels, mais à cet âge, l'écart entre ce qu'ils disent et ce qu'ils font est énorme », poursuit le sociologue. Néanmoins, la minceur, pour eux, reste un idéal qui répond à deux objectifs : garder la ligne et une bonne santé. Ces jeunes, selon Rémy Oudghini, sont aussi très attirés par le local. « Le local, pour eux, c'est le nouveau bio, explique le sociologue. C'est une génération assez suspicieuse et ils n'ont pas vraiment confiance dans ce que recouvre le mot bio. “On n'est jamais vraiment sûr”. »

 

« N'oublions pas non plus qu'ils ont une culture innée du marketing, rappelle Rémy Oudghini. Ils sont adeptes d'un discours cash et direct ». Avis partagé par Klaus Gasser, directeur de Vog Products, lors d'une conférence à Interpoma le 25 novembre : « Les Millenials sont très informés. Ils ne mangent pas n'importe quoi. Ils préfèrent de loin la qualité à la quantité. Et ils sont prêts à y mettre le prix ». Un dernier point que ne partage peut-être pas totalement Rémy Oudghini. « Depuis 2008, le consommateur fait très attention au prix, déclare Rémy Oudghini. Les jeunes n'échappent pas à cette règle. »

 

Afin de séduire cette génération, le sociologue préconise comme pistes d'innovation des produits plaisir, rapides à préparer, conviviaux, incluant de nouvelles saveurs. « Les Millenials souhaitent des produits faciles à consommer, pour lesquels il n'y a pas besoin de réfléchir, mais attention, ils ont néanmoins besoin d'être rassurés. » A noter qu'ils préconisent aussi les emballages minimalistes. Parmi les récentes innovations qui correspondent à ces critères : La douce endive des Nouveaux producteurs moins amère vendue en packaging refermables (cf. fld hebdo du 21 septembre), ou encore les fameuses Parmentine's Cup de pommes de terre micro-ondables.

Les seniors adeptes des produits frais mais…

Si l'on s'en réfère aux études sur les habitudes alimentaires, les seniors cuisinent plus les produits frais que les jeunes. Cependant certains phénomènes liés au vieillissement affectent cette consommation. Le terme de “senior” comme celui de “jeune” recouvre différentes notions. Il faut distinguer au moins deux grandes catégories. « D'une part, les plus de 65 ans qui souffrent d'un problème lié au vieillissement et qui sont suivis par des professionnels de santé, des aidants ou qui résident dans des établissements adaptés. Ceux-ci consomment des aliments commandés par des prescripteurs et les pouvoirs publics s'occupent d'eux ; de l'autre les 50-64 ans qui échappent peu ou prou aux radars du ministère de la Santé », a détaillé François Guillon, président d'Alim50+, une association qui planche sur la future alimentation des seniors, lors d'un symposium sur l'alimentation des seniors organisé en mai dernier à l'université d'Avignon. « Pourtant, à partir de 50 ans, se manifestent des transformations musculaires, cardiovasculaires, cérébrales ou osseuses. Une alimentation adaptée avant 65 ans permet de préparer un bon vieillissement futur », affirme le chercheur.

 

« L'espérance de vie augmente, mais l'espérance de vie en bonne santé est toujours la même ! », regrette Daniel Nairaud, directeur général du FFAS.

 

Affaiblissement du goût, de l'odorat, problèmes de dentition, désordres gastriques… autant de changements qui peuvent affecter l'envie de manger et conduisent souvent les personnes âgées à la dénutrition. « Les dernières études sur la dénutrition des résidents en EHPAD [établissement d'hébergement pour personnes âgées dépendantes, NDLR] montrent une situation catastrophique, pire encore que celle à laquelle on s'attendait », s'alerte François Guillon, président d'Alim50+ lors d'une conférence sur le sujet organisée sur le Sial le 18 octobre. Daniel Nairaud, directeur général du Fonds français pour l'alimentation et la santé (FFAS), y rappelait que l'âge moyen auquel les premières grandes maladies arrivent, lui, était toujours le même depuis trente ans : 62 ans. « L'espérance de vie augmente, mais l'espérance de vie en bonne santé est toujours la même ! Rien ne se fait au titre des politiques publiques et c'est bien dommage », regrette-t-il.

30 % de la population aura plus de 65 ans en 2060

Même si les partenaires des EHPAD et d'autres organismes commencent à prendre sérieusement en compte le sujet. Le programme européen Optifel, lancé en 2013 et qui prendra fin en février 2017, a par exemple la vocation d'étudier comment augmenter la part des f&l dans les menus des personnes de plus de 65 ans. L'enjeu est de taille : en 2060, 30 % de la population de l'UE aura plus de 65 ans (17 % aujourd'hui). La solution prônée par les professionnels : travailler sur le plaisir en proposant une offre à la fois adaptée aux différents problèmes de mastication ou de déglutition mais aussi avec des textures agréables, un goût prononcé et des emballages adaptés.

 

Parmi les innovations déjà mises au point, on peut citer une gamme de produits mixés texturés adaptés aux personnes âgées à domicile initiée par Nutrisens et distribuée par Tourpagel. Elior Restauration possède également des gammes baptisées “Bouchées saveurs” et “Facile à manger”, à base de bouchées équilibrées et colorées pour les résidents des EHPAD. Autre innovation de Nutrisens, Be Bread, un produit texturé comme un pain de mie, facile à manger à base de f&l.

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