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Boyer affrète des avions pour ses fruits de La Réunion

Alors que la demande et la production progressent, le besoin en fret aérien ralentit la filière réunionnaise.

La famille Boyer a découvert les litchis et les ananas Victoria de La Réunion au début dans années 90 lors d'un test pour du melon de contre-saison. Depuis, Boyer s'est positionné sur ces exotiques premium expédiés par avion en Métropole.

Située à plus de 9 000 km de la Métropole, dans l'océan Indien, l'île de La Réunion est un petit paradis pour les fruits et légumes exotiques, exportés quasiment que par transport aérien. L'entreprise Boyer, installée en partenariat avec le groupement de producteurs Anafruit sur le terminal export fruitier de l'aéroport Gillot à Saint-Denis de La Réunion, développe depuis plus de vingt ans le commerce de ces fruits exotiques. Ananas Victoria, litchis, mangues ou encore fruits de la passion…, la famille Boyer a découvert ces produits premium au début des années 90, lors d'un test pour du melon de contre-saison de La Réunion. « Si pour le melon le terroir réunionnais correspondait difficilement à une qualité adéquate, nous avons découvert l'ananas Victoria et le litchi, des produits très haut de gamme qui pouvaient convenir à nos clients, explique Joël Boyer, président du directoire de Boyer. Depuis ces dernières années, grâce au travail de mon frère Jean-Marc, nous avons une maîtrise et une gestion du litchi frais mûri sur l'arbre et non soufré. C'est difficile mais nous voulons la meilleure qualité, même si c'est plus cher que le produit soufré. »

De septembre à août, Boyer exporte plus de 1 200 t de fruits de La Réunion (prévisionnel brut pour cette campagne), le gros des volumes se situant entre novembre et mars. Saisonnier, le litchi est disponible de mi-novembre à fin décembre, un calendrier qui coïncide aussi avec la floraison naturelle de l'ananas Victoria de fin novembre à fin décembre – même s'il peut être cultivé toute l'année –, ainsi qu'avec la saison de la mangue et du fruit de la passion. « C'est donc une gamme très bien placée pour les fêtes de Noël, des produits tropicaux qui poussent dans un département français », précise Joël Boyer.

De forts besoins en fret aérien

 

Les consommateurs recherchent de plus en plus ces produits. La production a suivi et il y a de plus en plus de volumes à exporter sur la France métro-

 

politaine, marché de prédilection, et l'Europe. Problème : ça bloque au niveau de la logistique. Les lignes avion passagers ne sont pas extensibles et ont même tendance à diminuer en termes de rotation (baisse du tourisme liée aux crises “requin” et au chikungunya).

 

Le fret cargo est lui aussi sur une tendance baissière. Pour des raisons économiques, Air France a stoppé, au niveau mondial, ses rotations sur de nombreuses lignes en passant d'une douzaine d'avions cargo disponibles à trois, diminuant donc ses volumes disponibles pour La Réunion. Depuis trois ans, on observe un excédent de marchandises à exporter comparé à la disponibilité fret, avec même des crises où la marchandise reste à terre sur le tarmac.

 

« Alors que l'on force la production réunionnaise à s'organiser, alors qu'il y a une demande des consommateurs à cette période pour ces exotiques produits en France, cela ne suit pas au niveau de la logistique ! Les producteurs veulent de la visibilité, ils ont besoin d'une situation pérenne. Car ce contexte empêche même des jeunes de s'installer… », revendique Joël Boyer.

La filière affrète des avions supplémentaires

Pour anticiper les besoins en fret de la filière sur les deux semaines cruciales précédant Noël, un comité de pilotage regroupant tous les acteurs se réunit, depuis 2014, tous les ans dès le mois d'août… et met en place, en fonction des besoins, un affrètement supplémentaire pour cette période importante. « Boyer avait les plus gros besoins, nous avons donc porté le projet », précise Joël Boyer.

 

« En 2014 et 2015, Boyer a été mandaté par l'ensemble de la filière, quatre exportateurs et les producteurs partenaires, pour porter le projet d'affrètement cargo supplémentaire, confirme David Cayrou, responsable de Boyer Réunion. Un avion cargo a été affrété en 2014 par Air Corsair pour 80 t. En 2015, Air Austral a affrété un avion d'Ethiopian Airlines pour 95 t. » Mais le coût est élevé. « La Région a aidé pour absorber une partie du surcoût de l'affrètement [150 000 € en 2014, ndlr], souligne Joël Boyer. Cette année, Boyer n'a pas souhaité être porteur du projet, malgré des besoins toujours en hausse – on a d'ailleurs une belle sortie des litchis. »

 

Le projet est, cette année, porté par l'Arifel, association réunionnaise interprofessionnelle fruits et légumes, créée en juin 2012, « qui se développe et est dynamique », comme le précise David Cayrou. Chaque entreprise apportera sa quote-part directement. Le prévisionnel des besoins de la filière réunionnaise est de deux avions de 90 t. « Et la collectivité territoriale va à nouveau jouer le jeu », souligne Joël Boyer. Le contrat a été signé mi-novembre. Affrétés par la Compagnie Aero Cargo, les avions n'atterriront pas en France mais en Belgique. « Arriver à Liège coûte moins qu'arriver en France ! », explique-t-il.

 

« Cette gestion est très compliquée et non pérenne, regrette David Cayrou. La solution serait d'ouvrir La Réunion à de nouvelles compagnies aériennes pour des lignes passagers. La diversification à La Réunion est une priorité pour l'Etat. Nous, nous pouvons le faire mais il nous faut des moyens logistiques ! L'agriculture et la diversification sont un gros enjeu économique et social pour La Réunion et notre développement économique est lié à la logistique. Heureusement que la Région nous soutient et nous aide. Aujourd'hui, une nouvelle compagnie arrive à La Réunion, French Blue, qui potentiellement pourrait nous apporter du fret. »

 

Boyer se lance dans la mangue du Cambodge Autre actualité chez Boyer : la mangue. Après la mangue de La Réunion, après la Kent du Pérou, Boyer travaille depuis quelques semaines la Keo Romeat du Cambodge, mûrie sur l'arbre et transportée par des lignes passagers – d'ailleurs, chez Boyer, 96 % des volumes transportés par avion le sont par des lignes passagers. « La Keo Romeat est une mangue jaune en forme de haricot avec un gustatif exceptionnel », souligne Joël Boyer. Un premier essai concluant avait eu lieu en début d'année.

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