Aller au contenu principal

Portrait d’entreprise - Fleuron d’Anjou
Fleuron d’Anjou, les noces d’or des fleurs et des f&l

Emblématique de la région angevine, le groupe a su évoluer au cours des années pour répondre au besoin du marché et valoriser au mieux ses produits pour ses 92 exploitations adhérentes.

Fleuron d’Anjou, présidé par Christophe Thibault, horticulteur au Plessis-Grammoire et ancien producteur de pommes, souffle ses 50 bougies. Le gâteau d’anniversaire a été partagé le 7 septembre dernier par plus de 500 convives à Terra Botanica, le parc ludique angevin dédié au végétal (1). Pour marquer l’événement, la coopérative angevine a puisé dans sa mémoire et ses archives. Elle en a restitué les faits marquants dans un recueil illustré et vivant : “50 ans de passion, un groupe au cœur du végétal”. Son histoire se mêle intimement aux évolutions de la production et de la commercialisation des fruits et légumes et des produits horticoles.
De souvenir ancestral, les Angevins ont toujours produit des légumes et des fruits. Dans cette vallée de la Loire et de ses affluents comme l’Authion que tous appellent communément la vallée, les terres alluvionnaires sont riches. Le climat est propice. Dans le comté d’Anjou, au Xe siècle, afin de dompter ce fleuve parfois impétueux, une digue est construite sur la rive droite qu’on dénomme la levée. Encore aujourd’hui, celle-ci est toujours entretenue et laisse voir les parcelles de maraîchage, de plantes ornementales et de fruitiers mais entrecoupées trop souvent de peupleraies et de céréales. L’apport de l’irrigation en 1952 à Saint Gemmes-sur-Loire, commune voisine des Ponts-de-Cé et actuellement réputée pour le mètre carré de serres le plus important par nombre d’habitants en France, contribue à l’essor du maraîchage de l’époque.
Parallèlement, le projet d’aménagement de la vallée de l’Authion décidé par l’Angevin Edgar Pisani, ministre de l’Agriculture du Général De Gaulle, accélère le mouvement. Face à une production qui augmente, les difficultés de commercialisation apparaissent. Il existe déjà des organisations commerciales mais certains producteurs souhaitent une structure plus large englobant des secteurs géographiques encore significatifs aujourd’hui comme Mazé, Saint-Rémy-la-Varenne et Sainte Gemmes. C’est ainsi qu’en 1962 naît la coopérative maraîchère la Ponts-de-Céaise. Concrètement, elle résulte de la dissolution de l’Union syndicale agricole La Ponts-de-Céaise fondée seulement deux ans auparavant pour rechercher de nouveaux modes de commercialisation. Les pratiques des courtiers ambulants qui collectaient les légumes de ferme en ferme désavantagent grandement les maraîchers. C’est le moment où les lois d’orientation de 1960 et 1962 – nous sommes en pleine révolution agricole – reconnaissent les groupements de producteurs. Les membres du syndicat en profitent pour changer de statut, plus adapté aux conditions de commercialisation. Les adhérents et son premier président, Raymond Planchenault, décident « d’alléger le travail des producteurs et de créer des petits ateliers de conditionnement », indique le recueil déjà cité.

Fusion et développement externe
Durant ces trois générations de producteurs qui ont dirigé la coopérative, seulement quatre présidents se sont succédé à la tête de Fleuron d’Anjou. Claude Leblanc y resta trente-six ans avant de céder la place à Joseph Leroyer : « Malgré le contexte économique, la mondialisation et l’organisation de la distribution, le chiffre d’affaires a évolué en moyenne de 15 % par an… Pour atteindre ces résultats, il faillait aimer les paysans. Nous n’avions pas d’état d’âme quand une question se posait, la réponse allait de soi : est-ce bon pour l’adhérent ? Pas de place pour les querelles partisanes, nous avions cette qualité en commun, nous nous respections. » Cette belle progression s’explique notamment par les fusions puis les acquisitions externes qui ont jalonné d’abord les années 90 et aujourd’hui celles de 2000.
Après l’installation aux Ponts-de-Cé en 1972, La Ponts-de-Céaise fusionne en 1982 avec la coopérative voisine CHMA (Coopérative horticole et maraîchère angevine) en difficultés financières suite aux désistements de ses membres horticulteurs qui préféraient trouver des solutions individuelles à la commercialisation des plantes ornementales. Ainsi, les produits horticoles entrent comme spécialité à la Nouvelle Ponts-de-Céaise. Ils deviennent même une part importante de l’activité puisque désormais – et c’est l’objectif des dirigeants actuels – ils génèrent environ la moitié du chiffre d’affaires. La coopérative est sans doute la seule dans l’Hexagone à proposer une aussi large gamme de produits, des plantes ornementales en passant par les légumes, petits fruits rouges et naguère les pommes et poires. Cette dernière activité – qui démarra en 1967 – a été cédée en 1993, faute de volume suffisant pour être compétitive, à la coopérative voisine les Vergers d’Anjou qui commercialise actuellement des pommes et des poires via le bureau de vente BVL.
A l’aube du XXIe siècle, le chiffre d’affaires de Fleuron d’Anjou avoisine les 30 millions d’euros. Selon les prévisions pour la campagne 2011-2012, il serait aujourd’hui de 68 millions d’euros. En un peu plus de dix ans, la situation a donc complètement changé. Les difficultés de la fin des années 90 avec des résultats négatifs ne sont plus qu’un mauvais souvenir. Une véritable dynamique s’est enclenchée. Des décisions stratégiques ont été prises.
“L’horticulture angevine des origines à l’an 2000”, éditée par la Société d’Horticulture d’Angers en 2000, soulignait que tous les dix ans un événement important marque la coopérative. C’était peut-être vrai à l’époque mais les événements se précipitent aujourd’hui. D’abord les fusions avec les coopératives de Varennes-sur-Loire en 1990 et Saviprim basé à Vivy en 1999. Le premier rapprochement donnera naissance à l’entité bien connue aujourd’hui de Fleuron d’Anjou. Le second enclencha la réalisation de la station de conditionnement d’Allonnes en plein cœur du Saumurois en 2001. Outil moderne afin de répondre aux exigences actuelles en termes de logistique, d’hygiène et de valorisation des produits, la station de 4 000 m2 a rempli pleinement sa fonction puisqu’un agrandissement de 1 250 m2 a été opéré en 2010. Vient ensuite le temps du développement externe. Yves Gidoin, directeur général du groupe depuis 2001, explique le rachat en 2005 du grossiste La Renomière de Rungis : « Ce fut une opportunité mais qui s’inscrivait dans une réflexion stratégique entamée cette année-là pour le futur de la coopérative. Nous avions toujours investi dans les moyens de production. Le conseil d’administration a décidé de renforcer sa pertinence économique à travers des outils commerciaux. Les crises successives ne laissent aucune perspective aux producteurs. La croissance externe est un moyen que nous avons choisi pour améliorer la valeur de leurs produits. »
Deux projets avaient été décidés. Le premier, malheureusement n’a pas apporté les fruits escomptés. Fleuron d’Anjou a donc sagement arrêté, en raison de ses résultats négatifs, l’activité de Bretagne Conditionnement International, une entreprise de conditionnement et de commerce de bulbes condimentaires créée en 2005. En revanche, la constitution en 2010 de la société de négoce vers les zones lointaines, FDA International, est devenue une réussite et s’inscrit totalement dans la nouvelle stratégie de Fleuron d’Anjou. « Faire du négoce, développe Yves Gidoin, est une voie stratégique que les adhérents de Fleuron d’Anjou ont validée il y a deux ans. Hors de l’Europe les fluctuations des prix sont moindres et nous bénéficions de nouveaux relais de croissance. Par ailleurs, c’est un moyen pour nous de nous développer, de répondre aux besoins de notre clientèle fidèle à nos produits spécifiques. » FDA International remporte un vif succès. Son chiffre d’affaires atteint pour cet exercice 11 millions d’euros et commerce avec plus de trente pays. L’entreprise a commencé par l’exportation de pommes en maritime dès l’année de sa création – « C’est ce qui constitue la colonne vertébrale de la structure » – sur le Moyen-Orient et a rapidement ajouté celle de légumes par transport aérien. « Nous envoyons sur toute la zone du Golfe persique des échalotes, des asperges, de la mâche, des légumes anciens pour une clientèle essentiellement dans l’hôtellerie et la restauration ». Les adhérents de Fleuron d’Anjou sont très fiers de cette entreprise. L’objectif est atteint : « Non seulement des perspectives s’ouvrent à nouveau pour les producteurs, ajoute le directeur général, mais les mentalités changent au sein même de la coopérative. De nouvelles potentialités s’offrent aux commerciaux. Nous avons repositionné de façon importante notre activité échalote, l’un des produits phare de la coopérative. »
La même année, Fleuron d’Anjou acquiert Taugourdeau Plantes et Plants et devient ainsi leader en plants potagers. Avec 14 millions d’euros de chiffre d’affaires, cette entreprise de la vallée complète l’activité de Fleuron d’Anjou en captant le marché haut de gamme des jardineries et du jardinier amateur. Depuis deux ans, la coopérative remet progressivement à flot cette société qui avait opté pour une rationalisation de la logistique qui s’est trouvée inadéquate.

Evolution des gammes
Le développement du volume d’activité en fruits et légumes s’accompagne évidemment par une politique dynamique de la production. Au fur et à mesure des années, Fleuron d’Anjou a fait évoluer sa large gamme de produits pour répondre aux exigences du marché. Dernièrement, cinq familles de fruits et légumes ont été désignées comme stratégiques pour la coopérative : les bulbes condimentaires, l’asperge, les légumes bottes, la mâche et les légumes anciens, les petits fruits rouges venant compléter cette gamme.
Depuis 2008, la nature des produits cultivés par les producteurs a beaucoup évolué, montrant ainsi une véritable mutation de la production.
Entre 2002 et 2005, Fleuron d’Anjou participe activement par des soutiens financiers au développement d’une nouvelle culture, déjà habilitée par leurs voisins nantais, à savoir le radis mécanisé. De même la mâche est entrée rapidement dans les produits phares de la coopérative. A l’inverse, la fraise a fortement chuté ces dernières années telles les tomates dans les années 80 et le melon galia en 2007. « Les conditions climatiques étaient limites pour le melon galia, commente Christophe Thibault. D’autres pays ont commencé aussi à le produire. Ce fruit originaire d’Israël commercialisé essentiellement en Grande-Bretagne a donc progressivement perdu pour nous en compétitivité. »
Réactive, recherchant les solutions innovantes (cf. encadré), la coopérative Fleuron Anjou a donc encore de beaux jours devant elle. Bon anniversaire !

(1) cf. fld hebdo du 11 septembre 2012.

Les plus lus

Salon de l’Agriculture : C'est Qui Le Patron ?! débarque sur les fruits et légumes

La démarche C’est Qui Le Patron ?! (CQLP) qui assure une juste rémunération pour le producteur et qui s’est fait connaître sur…

Face à la sécheresse, comment l'agriculture des Pyrénées-Orientales envisage sa gestion de l'eau ?

Face au manque d’eau, à l’amenuisement des réserves et à la sécheresse prolongée, les Pyrénées-Orientales se concertent pour…

Emballage plastique des fruits et légumes : le Conseil et le Parlement UE s’accordent sur une interdiction

Le Conseil et le Parlement sont parvenus lundi 4 mars à un accord provisoire sur le projet de règlement Emballages, texte issu…

Salon de l’Agriculture : la noisette française Koki a un message à faire passer au président Macron

La coopérative Unicoque et l’association de la noisette française ANPN ont écrit en semaine 8 un courrier au président de la…

Fraises hors sol cultivées en France
Fraise française : un bon début pour la commercialisation... à poursuivre

En retard par rapport à l’an dernier, la saison de la fraise française a bien commencé d’autant que la fraise espagnole est…

Remise de la Légion d'Honneur à Laurent Grandin par Marc Fesneau au salon de l'Agriculture 2024.
Plan de souveraineté fruits et légumes : 100 M€ supplémentaires en 2024

Au salon de l’Agriculture, Marc Fesneau a débuté la journée du 29 février sur le stand des fruits et légumes frais afin de…

Publicité
Titre
Je m'abonne
Body
A partir de 354€/an
Liste à puce
Accédez à tous les articles du site filière Fruits & Légumes
Profitez de l’ensemble des cotations de la filière fruits & légumes
Consultez les revues Réussir Fruits & Légumes et FLD au format numérique, sur tous les supports
Ne manquez aucune information grâce aux newsletters de la filière fruits & légumes