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Catherine Da Costa
Primeur à Montmartre et reine des prix

Depuis 35 ans, Catherine Da Costa participe à l’évolution du métier de primeur. On ne compte plus les concours auxquels elle a participé. Portrait d’une femme passionnée par son métier.

Passée maître dans la vente au détail des fruits et légumes, Catherine Da Costa – primeur à Montmartre et dans le XVIe à Paris – cumule les récompenses et participe autant que son emploi du temps le lui permet à toutes les animations mettant en avant le métier de primeur et la consommation de fruits et légumes frais. Que ce soit dans son magasin ou dans les crèches et les écoles avoisinantes, elle œuvre au sein de la filière et se dit toujours partante pour tester les nouvelles idées permettant de rendre les fruits et légumes plus accessibles au grand public. Cette passion, Catherine Da Costa la cultive depuis déjà quelques années. « A 15 ans, j’ai lâché les études pour me lancer totalement dans ce métier de primeur, se rappelle-t-elle. J’avais déjà l’habitude, car j’aidais souvent mes parents au magasin [ils étaient primeurs et fleuristes, NDLR], j’allais même à Rungis choisir les fruits et légumes avec mon père qui participait beaucoup aux décisions politiques en faveur du métier de primeur avec Bernard Rapine. » Aujourd’hui, Catherine tient le magasin de Montmartre et son mari celui qu’ils possèdent à Auteuil.

Un métier en pleine révolution
Détaillante en fruits et légumes, elle porte un regard intéressant sur l’évolution de son métier et tient compte des connaissances de plus en plus fines des consommateurs. « Depuis dix ans, le métier de primeur a changé, explique-t-elle. De nombreux chantiers ont été entrepris et amplifiés par la filière f&l frais. Les concours d’étalage, les animations, les promotions, les publicités génériques ou encore les mises en avant de produits ont fleuri. Quant à l’offre en fruits et légumes dont nous disposons, elle a beaucoup évolué. Nous avons davantage de choix de variétés à proposer qu’auparavant. » Et cette variété se ressent aussi sur l’étal de son magasin. « Au fil des années, on a fait partie du réseau Le Fruitier et tout naturellement on a souhaité participer aux animations proposées. Le CTIFL nous a beaucoup épaulés, notamment pour former notre personnel sur la connaissance des produits. J’ai ainsi pu emmener mes employés voir des productions de champignons, de raisins. C’est fondamental de leur apporter la bonne connaissance de toute la filière », ajoute-t-elle. Les couleurs chatoyantes des f&l d’été viennent égayer le rayon au-dessus desquelles flottent les guirlandes et affiches colorées promotionnelles réalisées pour encourager la clientèle à consommer. Des clients qui, eux aussi, ont évolué.

L’origine et la qualité au palmarès des demandes du consommateur
« Avant, nos clients ne portaient que peu – voire aucune – attention à l’origine ou à la qualité des produits. Aujourd’hui ils sont très regardants de cela. Si je devais donner un ordre d’idée, près de 80 % de notre clientèle s’intéresse aujourd’hui à l’origine des f&l qu’elle achète, ce qui n’était vraiment pas le cas il y a dix ans. » A ce sujet, Catherine Da Costa fait partie depuis peu de la Commission de l’Ecole Ferrandi pour tester les produits à estampiller “Saveurs Paris Ile-de-France”. Elle insiste d’ailleurs sur l’importance de la relation clients afin de bien les renseigner. Depuis cinq-six ans, elle sent un retour de la clientèle vers les magasins traditionnels et l’explique : « Le déclic, ce sont les problèmes sanitaires qu’a connus le monde de l’agriculture et de l’agroalimentaire. On peut considérer que les comportements d’achat ont vraiment commencé à changer au moment de la crise de la vache folle. » Et c’est ici que le métier de primeur joue pleinement son rôle pour aider et parfois rassurer le consommateur. Cette transmission de savoir, ce rapport avec la clientèle la passionne. Si les offres de son magasin sont plus diversifiées en qualité comparées à son magasin de l’Ouest parisien, la gamme en revanche est quasiment identique. « A Auteuil on vend majoritairement du haut de gamme (80 %). Ici, c’est plus équilibré, le haut de gamme frise les 60 % des ventes. » Des évolutions d’achat liées fondamentalement à la mixité des consommateurs de la butte Montmartre.
Les récompenses, Catherine Da Costa les collectionne. Elle s’est fait une spécialité des animations type Pink Lady, Chasselas de Moissac, Pomme du Val de Loire... En participant à nombre de concours d’étalage comme celui de Prince de Bretagne, du CTIFL ou celui de la pomme de terre organisé par le CNIPT, elle estime que ces opérations la font évoluer et permettent d’échanger sur son métier. C’est ainsi, fièrement, qu’elle nous ouvre son album de remise de prix et autres médailles. Avec son étal de 40 m2 à Montmartre et un magasin un peu plus petit à Auteuil, mais possédant un atelier de découpe et de préparation de soupes, confitures, compotes et jus, les Da Costa balayent toutes les possibilités d’offres de vente en fruits et légumes. Parfaite connaisseuse du métier, Catherine Da Costa sera d’ailleurs membre du prochain jury MOF Primeur dont les sélections débuteront dès janvier pour deux ans. Elle faisait partie de la première équipée MOF Primeur, mais n’a pu participer à la finale. « Ce concours m’a beaucoup apporté. En plus de pouvoir me confronter à mes collègues, j’ai appris d’autres techniques, à utiliser d’autres contenants pour mettre en avant les fruits et légumes. Et surtout je me suis perfectionnée dans la connaissance des produits. C’est une filière qui est en mouvement permanent. Il nous faut sans cesse innover. »
Et c’est dans cette optique qu’elle aborde son inscription au jury comme un défi supplémentaire : « En tant que professionnel, on est bien placé pour pouvoir juger du travail de nos confrères. Je me souviens qu’au dernier concours de corbeilles de fruits, j’avais rendu mon verdict en tout dernier, parce que je ne voulais pas noter à la va-vite et je voulais être juste. Alors j’ai compté et recompté les points. Je voulais que mon vote corresponde à mon choix visuel. »
Et ses employées le lui rendent bien. Bella et Janine qui la secondent à Montmartre sont, elles aussi, de véritables passionnées des fruits et légumes. La formation de son personnel, Catherine estime qu’elle est la colonne vertébrale de son point de vente. En cela, elle a gardé l’âme de Bernard Rapine – fondateur du réseau Le Fruitier, décédé en février dernier – et en parle tout émue : « Je l’ai toujours connu. Il venait souvent discuter avec mon père à propos du syndicat des fruits et légumes au magasin. C’est un peu mon mentor, mon père spirituel. J’ai appris avec lui toute l’importance de former ses employés, de les récompenser. »
Sa plus belle récompense, ce sont les prix décrochés par ses salariés, à l’image du Rabelais des Jeunes Talents remporté par Benoît Tenza (cf. encadré). « Chaque automne au moment des vendanges de Montmartre nous avons à réaliser un buffet. C’est un moment important dans la formation de notre personnel. Nous participons aussi à la Foire de Paris, aux journées gourmandes de Fontainebleau. Et chaque fois que nous sommes invités sur les exploitations, j’emmène un de nos employés. Il n’y a rien de mieux qu’un salarié qui connaît le producteur, le terroir pour parler des fruits et légumes qu’il propose à nos clients. » Catherine participe également à la formation au Cifca (1). Chaque année, en janvier-février, elle participe à la Journée des ambassadeurs et vient parler de son métier de primeur aux jeunes recrues et donne quelques conseils sur la confection de corbeilles ou la tenue d’un étal.
Enfin, depuis deux ans, les Da Costa sont propriétaires d’une oliveraie de variété Galega de 50 ha au Portugal. « La production d’huile d’olive vierge extra-bio a démarré il y a six mois et nous avons des contacts avec certaines chaînes de magasins bio. »

(1) Centre interprofessionnel de formation des commerces de l’alimentation.

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