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Fruits rouges - Bilan 2011
La cerise d’industrie frappée par les aléas climatiques

C’est encore une année de gros temps qui a affecté la récolte de cerises d’industrie. Au propre comme au figuré.

« Pour la quatrième année consécutive, a expliqué Jean-Pierre Cuxac, président de Copebi, les aléas climatiques ont détruit une grande partie de la récolte. Pourtant, l’année 2011 s’annonçait comme une des meilleures des dix dernières années. La commission interprofessionnelle d’évaluation de la récolte s’était déplacée sur les vergers le 17 mai et avait conclu à une charge proche du potentiel maximum des vergers, soit environ 11 000 t au niveau national. Les prévisions individuelles des sociétaires de Copebi étaient en parfaite cohérence avec les résultats de la commission interprofessionnelle avec une récolte attendue de 9 600 t. » C’était sans compter avec les trombes d’eau qui sont tombées sur les vergers entre le 30 mai et le 5 juin, anéantissant les espoirs d’une récolte record.
« Les conséquences ont été de deux ordres : la perte d’environ 45 % des volumes et une dégradation qualitative à deux niveaux, ajoute Jean-Pierre Cuxac. Les gros calibres ayant quasiment disparu, les seuls calibres récoltés avaient une proportion inhabituelle de cerises inférieure à 18 mm. Par ailleurs, les livraisons comportaient environ 10 % de cerises tachées ou fendues livrées malgré le tri des producteurs. Au final nous ne pouvons que déplorer la qualité moyenne, bien loin de répondre aux besoins de nos débouchés. » La production s’est donc trouvée limitée à 5 439 t. La coopérative a été contrainte de revoir sa stratégie commerciale. « A fin mai, la récolte largement supérieure aux débouchés nous avait contraints à mettre en place un dispositif de quota. Environ 1 600 t avaient été affectées à notre site de Villars pour garantir un débouché maximum aux sociétaires. Grâce à une prospection commerciale active en mai 2011, ces tonnages étaient vendus. Compte tenu du déroulement de la campagne, une partie des tonnages prévus pour Villars a été réaffectée ou vendue en saumure aux industriels locaux en cours et en fin de campagne. »

Actuellement, 500 à 600 t de cerises sont encore en stock
« Nous rencontrons des problèmes avec le calibre moyen qui ne correspond pas aux contrats que nous avions passés. Néanmoins, un industriel italien s’est engagé à reprendre tous nos invendus. » Par ricochet, l’activité des industriels a été affectée par la mauvaise campagne. Kerry, pour sa part, a dû faire rentrer 1 500 t de cerises d’Espagne pour rééquilibrer l’activité de l’usine d’Apt, mais a perdu des parts de marché en raison du problème de calibre. La coopérative avait pris, à titre préventif, des dispositions financières pour limiter les conséquences de cette mauvaise récolte. « Les pertes ont été provisionnées à hauteur de 310 000 €. Cette provision pèse bien sûr sur le prix payé, mais elle constitue une démarche de précaution, évitant de reporter sur 2012 les conséquences de la récolte 2011. »
En dépit de ces aléas, la coopérative a dégagé un léger résultat de 17 500 euros, pour un chiffre d’affaires de 3,8 millions d’euros, dont 544 500 euros à l’export. « Ce chiffre d’affaires très bas, a expliqué Jean-Paul Ravier, directeur de Copebi, aura des conséquences sur les futurs fonds opérationnels, dont il faut s’attendre à une forte baisse. Par ailleurs, ces chiffres montrent tous les enjeux de l’export. Nous étions tombés très bas, mais les efforts prodigués à l’export depuis 2006 ont porté leurs fruits. »

Un marché mondial difficile
Les flux exports sont essentiellement bâtis sur le commerce de la cerise confite, pour laquelle le produit français bénéficie d’une très forte notoriété. Sur les 10 734 t échangées, la France en fournit 5 050 t, l’Italie 3 098 t, l’Espagne 984 t et la Grèce – qui a multiplié ses volumes par dix depuis 2004 –1 602 t. « Le marché est assez stable, constate Jean-Paul Ravier. Mais la France perd des parts de marchés au bénéfice de l’Italie et de la Grèce, qui montent en gamme. La production grecque à l’export est dans les mains d’un seul industriel italien qui a décidé d’attaquer le marché avec du bas de gamme. C’est une logique à l’inverse de celle de Kerry, qui a décidé de garder son positionnement haut de gamme. »
Kerry – qui reste le principal client de Copebi–  lui a acheté, en 2011, 3 391 t sur les 5 439 t produites. « Il semble, indique Jean-Pierre Cuxac, que l’entreprise soit en passe de renouer avec l’équilibre. Comme le l’ai souvent évoqué, notre avenir est intimement lié à celui des transformateurs locaux. Il ne peut y avoir de production en Provence sans des usines de transformation et ces usines ne peuvent exister sans une production locale compétitive. » L’assemblée générale de Copebi, qui a eu lieu le 4 avril dernier, a été l’occasion d’aborder de points plus techniques « qui ne sont pas catastrophiques, a précisé Jean-Pierre Cuxac, mais sur lesquels il faut être attentifs. » C’est plus particulièrement le cas du tri manuel à la récolte qui semble perfectible : « Le bigarreau est travaillé au moment où il est le plus fragile, ce qui entraîne des dégâts supplémentaires. C’est un problème auquel nous devons trouver une solution. Il est possible de ramasser les fruits en temps et en heure, puis de les trier ultérieurement à la machine. Mais il faut être conscient que seuls les kilos qui sortent de la machine seront rémunérés. C’est un changement fondamental. »
Enfin, les attaques de Drosophila suzukii, aux aguets dans les vergers, sont redoutées.

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