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Prospective - Forum pour l’agriculture 2012
La future Pac soumise au défi du verdissement

Pour répondre à l’augmentation de la demande alimentaire, la Pac devra donner à l’agriculture sa fonction essentielle : nourrir. Tout en prenant en compte la préservation des ressources naturelles.

Avec plus de 1 300 participants, le 5e Forum pour l’agriculture, organisé par ELO (1) et Syngenta a rempli son objectif. Rassembler les décideurs – qu’ils soient industriels, agriculteurs, institutionnels européens – pour faire le point sur les futures orientations de l’agriculture européenne avec à l’esprit la protection de l’environnement et la demande alimentaire croissante. Se sont, entre autres, retrouvés à la tribune Dacian Ciolos, Commissaire européen à l’Agriculture, Paolo de Castro, président de la Commission agriculture du Parlement européen, et le ministre de l’Agriculture irlandais, Simon Coveney, qui présidera l’Europe à l’aube de la future Pac. « Nous devons aborder la notion de sécurité et de pérennité alimentaire, a expliqué en préambule Franz Fischler, président du Forum et de la Fondation Rise (2). Nous devons donner des réponses clés quant au rôle de l’agriculture dans la volatilité des prix alimentaires, les effets sur l’environnement et le changement climatique. En ce sens, il nous faut améliorer le remaniement de la Pac et cela dans un contexte d’instabilité financière. » En rassemblant le gotha de l’agriculture et de l’environnement, les débats ont permis d’aborder l’évolution de la recherche, le verdissement de la Pac et les fonds prévus. « Les vingt dernières années ont été marquées par l’abandon des politiques publiques de soutien aux marchés agricoles, mais il n’a pas été mis en place de mécanismes alternatifs. (.) Avec cette réforme nous voulons repenser le rôle des Pouvoirs publics et des interprofessions dans la gestion de marché, a rappelé Dacian Ciolos. La Commission a assumé ses responsabilités avec des propositions de budget réalistes. Les Etats membres et le Parlement européen doivent confirmer au moins cette orientation pour que cette réforme soit applicable. » Après avoir indiqué que l’Europe était à l’aube d’une nouvelle ère, Paolo de Castro a rappelé que la sécurité alimentaire était devenue essentielle : « La Pac devra être souple et flexible et s’adapter à la préservation de l’environnement, mais il faudra des mesures incitatives et minimiser les impacts bureaucratiques. (.) La proposition porte sur le paiement direct, les positions ressemblent trop au passé. Et il est nécessaire d’augmenter les fonds consacrés à la recherche. » Présenté comme un “futurologue visionnaire”, Parag Khanna, directeur de l’Institut Hybride Reality, a rappelé toute l’importance de l’Europe agricole. « Nous vivons une crise globale, qu’elle soit financière, sécuritaire et climatique. Depuis vingt-trente ans, on est passé d’une ère géoéconomique à une ère géotechnologique. Il ne s’agit pas d’opposer l’une à l’autre, mais de faire évoluer les deux en tenant compte du facteur écologie. L’Europe est un exemple de stabilité, en particulier en Méditerranée. Elle est un modèle partout dans le monde, elle doit donc diffuser ses technologies de pointe : irrigation, techniques de culture, semences, rotation des cultures. » Et d’ajouter qu’une politique agricole mondiale permettrait de concilier augmentation de la demande alimentaire et productivité. « Dans ce cas, la gouvernance européenne pourrait prendre toute sa place dans le monde. »

Le Brésil, invité d’honneur
En prenant le cas de la pomme, Mauricio Lopes de l’Institut de recherche agronomique brésilien, Embrapa, rappelle : « Dans les années 70, le Brésil importait les pommes d’Argentine. En trente ans, nous sommes devenus autosuffisants et nous exportons. (.) Une politique par zone a été mise en place et cette évolution a trouvé son origine chez les exploitants agricoles. On a considéré l’environnement comme facteur de développement économique avec une politique publique forte, notamment sur la réduction des émissions de gaz à effet de serre et cela nous a permis de mieux communiquer auprès de la société », a-t-il conclu. Côté européen, Janez Potocnik, Commissaire européen à l’Environnement, martèle : « Il ne peut y avoir de politique agricole sans prise en compte de l’environnement. Verdir la Pac est dans l’intérêt de tous, il faut reconnaître le rôle majeur de ces mesures politiques qui permettent au milieu agricole de survivre. Dans la prochaine Pac, la préservation des ressources est un thème dominant, si on ne prend pas de mesures efficaces pour préserver l’environnement – alors que la demande alimentaire doit augmenter de 70 % –, il faudrait augmenter la consommation en eau de 40 %. La Pac joue un rôle fondamental qui doit permettre de placer l’environnement au cœur même du secteur agricole de manière saine et durable. » A la DG Agri, José Manuel Silva estime que des outils doivent être créés pour mettre en avant les avancées de la recherche. « Le Brésil nous montre l’exemple. Il est clair que les programmes de recherche doivent être multipliés par trois en termes de perspectives financières. » Le Copa-Cogeca rappelle : « Nous vivons une période de stagnation en termes de recherche agronomique, a indiqué Pekka Pesonen, secrétaire général. Tout dépendra de la direction que prendra l’Europe. Investir dans la recherche devra se faire en partenariat avec les agriculteurs. » Interrogée, la DG Recherche a annoncé qu’elle s’était engagée à favoriser la compétitivité industrielle en Europe d’ici à 2020 et a prévu un fonds de soutien de 4 milliards d’euros : « Nous sommes à un tournant en matière de recherche agricole, ajoute Rudolf Strohmeier, DG Recherche. Il faudra une approche pluridisciplinaire pour faire avancer la lutte contre les nuisibles, limiter la consommation d’énergie et d’eau, favoriser une gestion plus durable des sols... » A cela, Mauricio Lopes d’Embrapa conseille : « La corrélation entre environnement et agriculture est cruciale. L’idée est de trouver un juste équilibre grâce à une politique publique intelligente. » Evidemment la question des stocks-tampons a été abordée. Après avoir été réduits de 30 à 14 % en l’espace de dix à quinze ans, les stocks sont controversés. Frans Van Daele, chef de Cabinet du président du Conseil européen, a insisté sur leur coût et Franz Fischler a rappelé que cet outil avait un risque de forte instabilité des prix alimentaires. Reste la question de la nécessité d’augmenter la production agricole alors même qu’un gaspillage alimentaire existe. Plusieurs intervenants ont ainsi rappelé que près de 90 millions de tonnes de denrées étaient gaspillés en Europe chaque année.

(1) ELO : Organisation européenne de la propriété rurale, Fédération rassemblant 67 associations nationales émanant des 27 Etats membres de l’UE.
(2) Rise : Fondation pour le soutien à l’investissement rural en Europe.

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