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Portrait d’entreprise
Angier International, un acteur de la filière fraise

Le pépiniériste solognot, qui commercialise plus d’une vingtaine de variétés de fraises, craint une baisse du marché dans les années à venir après une embellie durant quatre à cinq ans.

Le producteur de plants de fraisiers Angier International est pratiquement l’une des rares entreprises de ce secteur à ne pas produire de fraises pour le consommateur. Il ne commercialise que des plants de fraisiers, des griffes d’asperges et des plants de petits fruits rouges auprès des maraîchers et des horticulteurs issus de sa production basée à Soings-en-Sologne. En presque cinquante ans d’activité, le pépiniériste s’est spécialisé dans la fraise jusqu’à concocter lui-même ses propres variétés durant une dizaine d’années. Il propose encore à sa gamme actuelle trois d’entre elles : Angélina, Anabelle et Anaïs, cette dernière ayant été certifiée en obtention végétale en 2006. « Il existe aujourd’hui un choix appréciable de variétés sur le marché, explique Frédéric Angier qui est en charge du service commercial tandis que son frère Bruno s’occupe de la production. Nous avons donc décidé d’en faire profiter davantage notre clientèle afin d’avoir la gamme la plus large possible, particulièrement les producteurs de vente directe qui souhaitent multiplier leur nombre de variétés pour offrir des fraises tout au long de la saison. »
C’est ainsi qu’en 2006 les pépinières Angier deviennent membres et administrateur du Ciref, création variétale fraises fruits rouges, qui ont repris en 1988 le pool génétique de l’Inra (Institut national de la recherche agronomique). Leurs variétés sont unanimement reconnues, notamment Cirafine, Ciflorette et Charlotte. Au catalogue Angier International, figurent donc les variétés du Ciref dont les nouvelles fraises sont expérimentées deux ou trois ans avant leur inscription. C’est un atout indéniable non seulement pour le pépiniériste qui apprivoise le plus tôt possible ces variétés mais aussi pour leur clientèle qui bénéficie ainsi rapidement des dernières avancées de la sélection. D’autres origines génétiques viennent compléter la gamme Angier. En provenance de Floride, d’Australie, des Pays-Bas, de Grande-Bretagne, de Belgique, d’Allemagne ou encore d’Italie, elles composent la vingtaine de variétés choisies par le pépiniériste, dont neuf remontantes. Certaines sont exclusivement produites en France par Angier comme Malwina, issue d’une sélection allemande qui se présente comme la variété de printemps la plus tardive du marché. Dans le Sud, elle est récoltable encore fin juin. Rubygem, très précoce et semi-remontante originaire d’Australie, est elle aussi produite en exclusivité à Soings-en-Sologne. « Tous les créneaux de précocité sont travaillés par les obtenteurs. Mais celui du très précoce, souligne Frédéric Angier, c’est-à-dire celui qui permet d’obtenir des fraises très tôt au printemps, est le plus convoité car il en existe très peu sur le marché (1). Dans trois ou quatre ans, des variétés actuellement sous numéro pourraient sortir des cartons du Ciref. »

Inquiétudes techniques
Le pépiniériste a toujours profité des évolutions techniques pour répondre aux besoins des maraîchers qui demandent des plants de gros calibres et indemnes de parasites et maladies. A partir de 1970, le plant frigo se développe au détriment du plant frais qui nécessite une implantation dans les 48 heures. Le pied-mère est planté en pépinière au printemps. Les stolons, dont ils sont issus, sont arrachés en décembre, stockés au frigo et triés selon trois calibres (A, A + pour les maraîchers ou B pour le circuit amateur) au fur et à mesure des besoins. En 2007, la création d’un abri climatique (filet par grêle) de 4 ha a permis la production de trayplants. Ce sont des stolons qui sont repiqués dans une motte de 9 cm pendant quatre mois.
Depuis la construction d’une serre multichapelle en 2010, le plant motte est proposé au catalogue. Il s’agit de la culture d’un stolon repiqué dans une motte de 4,6 cm durant trois semaines. Enfin, le plant WB (Waiting Bed) est une alternative aux trayplants économiquement coûteux. Les plants en motte sont repiqués en pleine terre au mois d’août. Ils sont arrachés en décembre après l’arrêt végétatif, triés puis stockés en chambre froide. Et depuis trois ans, la gamme s’est enrichie de plant frigo bio pour cinq variétés : « Nous répondons ainsi à une demande de nos clients, ajoute le pépiniériste solognot. Et nous nous exerçons à cette technique qui n’est pas des plus faciles. »

Stabilité des volumes avec le hors-sol
Depuis trois ou quatre ans, le marché de la fraise a repris quelque vigueur après une diminution des surfaces durant une quinzaine d’années. Le hors-sol a permis de stabiliser les volumes. Angier a donc profité de cette embellie pour développer son maillage commercial à travers la France. Des dépôts en propre ou gérés par un agent commercial ont ainsi été installés plus particulièrement dans le Sud de la France. Une démarche qui a permis de développer son activité évaluée à 5,8 millions d’euros en 2011. Aujourd’hui, la situation change. « Nos clients ne sont pas très optimistes pour 2012, estime le responsable commercial. Aux problèmes économiques et les charges élevées de main-d’œuvre s’ajoutent des difficultés sanitaires sérieuses. » La disparition de certains insecticides, suite à la révision des substances actives par Bruxelles ces dernières années, ne permet plus de traiter efficacement la drosophile (Drosophila suzukii) et l’acarien tarsonème (Steneotarsonemus pallidus). Les pertes de rendement peuvent atteindre plus de 40 % en présence de la drosophile qui apprécie la chaleur et donc les climats les plus chauds. De par cette caractéristique, les dégâts touchent plus particulièrement les variétés remontantes et les ventes directes estivales. « Avec le changement climatique, ces variétés ne seront peut-être plus adaptées à notre marché, regrette Frédéric Angier. Le Ciref aujourd’hui prend en compte ces éléments dans sa recherche variétale. En attendant, le maraîcher devra adapter ses pratiques comme multiplier le nombre de récoltes dans la semaine puisque cela se traduit par des fruits qui coulent quand les larves de la drosophile attaquent. » Il existerait bien des solutions alternatives mais pour l’instant elles ne sont pas homologuées. Les inquiétudes sont un peu moins vives pour l’acarien pour lequel pourtant aucune solution de lutte n’existe jusqu’à présent. Contrairement à la drosophile, ce bio agresseur est bien connu des producteurs. « L’année 2012 sera sans doute une année charnière, affirme Frédéric Angier. Que va devenir le marché des remontantes ? Les maraîchers seront-ils confrontés cette année aux mêmes difficultés technico-économiques de 2011 ? » Des questions qui, en ce début de printemps, demeurent sans réponse.

(1) Il s’agit de la variété Cléry.

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