Interview de Laurent Bergé, président de l’AOPn Tomates et Concombres
Une campagne promotionnelle sur les rails
Elu président de l’AOPn Tomates et Concombres en novembre 2011, Laurent Bergé veut poursuivre le travail effectué par son prédécesseur Pierre Diot pour promouvoir la production française.
Fld : Vous venez de prendre la présidence de l’AOPn Tomates et Concombres, quelles sont vos motivations ?
Laurent Bergé : Nous sommes conscients du travail que Pierre Diot et Jean-Pierre Barrau ont réalisé pour notre filière. Et cela ne pouvait s’arrêter. C’est en s’appuyant sur cette base, accompagné de Lauriane Le Leslé, que je veux continuer à promouvoir et à défendre nos produits français auprès des Pouvoirs publics, de la distribution mais également du grand public. Certaines actions ont déjà porté leurs fruits, le maintien de l’emballage carton en tomates par exemple, un des seuls produits qui ait gardé l’utilisation du carton. Nous y sommes fortement attachés, pour des raisons sanitaires mais aussi pour mieux nous différencier et pouvoir communiquer. Sans AOPn, nous ne pourrions mutualiser les moyens nécessaires à la promotion de nos produits et échanger sur notre vision du marché. Tout cela prend du temps. Nous devons agir en permanence et au quotidien au fur et à mesure que les dossiers arrivent.
Fld : Pour les mois à venir, sur quels dossiers travaillez-vous ?
L. B. : Ce qui nous rassemble, c’est une production de qualité dont les critères ont été définis au sein de la charte. Nous la révisons régulièrement pour prendre en compte l’évolution des techniques et notre environnement. Nous travaillons sur des moyens plus perfectibles de maîtrise des intrants comme l’eau. Par ailleurs, nous voulons faire connaître davantage cette charte et nos engagements de qualité auprès du grand public et en lien avec les enseignes. Elle deviendra un outil de communication en matière de garantie sanitaire par exemple. Dans une situation telle que nous l’avons vécue avec la crise E. Coli, il est indispensable de communiquer sur notre savoir-faire. Nous commencerons courant 2012 par le concombre qui sera stické individuellement par un logo en cours de création et estampillé “Concombre de France”. Il indiquera le site de l’AOPn www.tomates-de-france.com où le consommateur peut prendre connaissance de la charte. Par ailleurs un logo proche de celui de Tomates et Concombres de France sera décliné pour identifier les produits de nos régions. Une campagne de promotion vise aussi les jeunes qui ont tendance à sous-consommer les tomates et les concombres.
Fld : En quoi l’AOPn s’est-elle engagée dans la crise E. Coli ?
L. B. : Nous avons recensé les préjudices subis par les OP : pertes directes par destruction des produits et impacts sur les cours. Ces derniers ont été les plus importants. Nous n’avions aucun intérêt à détruire nos produits puisque l’indemnisation est basée sur le cours moyen européen plus faible que le nôtre. Nous avons été très déçus du montant d’indemnisation de 1,6 M€ dédié à la France alors que les Polonais ont perçu 46 M€. Nous avons le sentiment que l’approche administrative des dossiers varie d’un pays à l’autre. Malheureusement je crains que ces conditions ne se renouvellent lors d’une même situation.
Fld : Et les autres sujets en cours ?
L. B. : Les premiers dossiers concernés par l’appel d’offres pour les investissements dans les serres sont en cours d’évaluation et demanderont probablement des ajustements. Ce qui est normal dans la mise en place d’une nouvelle procédure. Nous sommes aussi dans l’expectative avec l’accord UE-Maroc pour les tomates et la décision du Parlement européen qui devrait se décider dans la semaine du 13 au 16 février (1). Mais nous ne nous faisons guère d’illusion quant au résultat du vote. Nous serons soumis à un plus fort contingent de tomates dans un marché qui arrive à saturation. La production marocaine se développe. L’impact est plus important en France puisque 80 % des tomates exportées hors du Maroc sont expédiées dans l’Hexagone. Nous nous focalisons donc sur les taxes d’importation. Quel que soit le type de tomate, le prix d’entrée est identique alors que les coûts de production sont différents. Pour finir, nous travaillons sur l’application des accords de modération des marges et sur l’accord concernant les promotions hors lieux de vente signé fin 2011.
(1) Interview réalisée début février. L’accord UE-Maroc a été voté le 16 février (cf. fld hebdo du 21 février).