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Sica Saint-Pol
Un demi-siècle de cadran en pays léonard

La Sica Saint-Pol, navire amiral de l’organisation bretonne, fête cinquante années de marché au cadran. De multiples projets sont en cours.

C’est au Nord-Ouest du Finistère, dans le pays du Léon, que le cadran – principe d’enchères inversées – a vu le jour le 24 mars 1961, à Saint-Pol-de-Léon. Cinquante ans plus tard, les Bretons ne sont pas peu fiers d’annoncer que leur Sica est le premier groupement de producteurs de légumes en France. « Du Trégor jusqu’à la pointe d’Ouessant, la Sica regroupe quelque 1 500 exploitants produisant 300 000 t de légumes à l’année de vingt-cinq espèces différentes. Elle rassemble à elle seule 90 % des agriculteurs installés dans cette frange côtière du Finistère Nord », explique son président Pierre Bihan-Poudec. Si à sa création les légumes étaient présentés au cadran, ce n’est aujourd’hui plus le cas. « Nous avons mis en place un catalogue de vente commun qui est proposé chaque jour de cadran à l’ensemble des acheteurs des trois marchés bretons et c’est avec ce catalogue que les ventes sont réalisées », explique Gwénaëlle Roignant à la Sica Saint-Pol. Dépassant les 240 millions d’euros de chiffre d’affaires en 2010, la Sica Saint-Pol se place ainsi comme le fer de lance de l’organisation économique légumière en France. « Dans le secteur des fruits et légumes ultra-frais, il faut de l’organisation professionnelle », martèle Jean-François Jacob, le secrétaire général de la Sica Saint-Pol. Une organisation qui se conjugue avec la marque Prince de Bretagne depuis plus de quarante ans chapeautant l’ensemble des productions des trois coopératives – Sica Saint-Pol, Union de coopératives de Paimpol et Tréguier (UCPT) et Terres de Saint-Malo – pour un volume total commercialisé de 700 000 t à l’année.
« Le métier de la Sica, c’est d’organiser la mise en marché des légumes de nos producteurs, expliquait Gwénaëlle Rognant de la Sica, en présentant le principe du cadran à Kerisnel. Aujourd’hui de cinquante à soixante acheteurs et négociants sont agréés par les trois cadrans bretons (Saint-Pol, Paimpol et Saint-Malo), chaque négociant ayant sa spécialité (marché de gros, restauration ou GMS), travaillant toute la gamme ou plus particulièrement un produit. Ce sont eux qui assurent la vente de nos légumes partout en France et en Europe. Et, le cadran fixe le prix de la marchandise nue auquel il faudra ajouter le coût de l’emballage (prix logé départ). » Pour limiter les dégâts conjoncturels, « chaque section produit fixe en début de campagne un prix plancher en dessous duquel le produit ne sera pas vendu au cadran. » Pour autant, tous les légumes bretons ne transitent pas par le cadran. « Pour la mise en marché de produits de diversification (les nouveaux produits, les mini-légumes, etc.), la Sica a créé un bureau de vente de gré à gré », ajoute Gwénaëlle Roignant.

Les cadrans européens représentent 2 Md€ de chiffre d’affaires annuel
Même s’il symbolise l’emblème de l’organisation bretonne, les dirigeants reconnaissent que « l’outil cadran n’est pas parfait, mais aujourd’hui, on ne saurait pas vendre nos légumes sans. » Tout en ajoutant, non sans malice, que le cadran serait moins en péril qu’il y a cinq-six ans, et représenterait en Europe la « première source de commercialisation de fruits et légumes avec pas moins de 2 milliards d’euros de chiffre d’affaires annuel. » Dans cet esprit d’organisation à l’échelle européenne, des essais transfrontaliers ont été menés en 2009 avec les criées belges pour une vente au cadran en simultané. « Il serait possible de le faire pour du chou-fleur à l’automne par exemple avec la Belgique. Ce que l’on peut imaginer aujourd’hui, ce serait de mettre en place une harmonisation des horaires de marché et pourquoi pas de répondre ensemble à des demandes de marché », ajoute Pierre Bihan Poudec.
Pour maintenir la compétitivité des productions légumières bretonnes sur un marché davantage européen qu’hexagonal, la Sica a engagé un grand chantier de modernisation de ses outils logistiques. Il est ainsi prévu de restructurer “la pierre angulaire de la coopérative” : les stations de conditionnement. Car ce sont elles qui transmettent les informations sur les produits au cadran et ce sont aussi elles qui servent de lien social et de lieu d’échanges avec les producteurs. D’autres projets sont également cités comme la valorisation de la marchandise non vendue via la société Agrival, rachetée il y a un an, et installée dans les anciens locaux du CBA (Comité breton de l’artichaut) ou encore l’investissement dans Combiwest (société privée de transport ferroviaire). « Nous avons prévu d’investir 100 millions d’euros sur trois ans en particulier dans la restructuration et la modernisation de l’outil logistique, décompte Jean-François Jacob, secrétaire général de la Sica Saint-Pol. Sur les vingt-deux stations que compte la Sica, huit stations de conditionnement-expédition seront remplacées par deux grands pôles logistiques, l’un à Plouescat, l’autre à Saint-Pol-de-Léon, pour réduire les coûts. » D’autres projets sont également prévus comme l’amélioration de la traçabilité des produits. « Nous souhaitons mettre en place la puce RFID sur l’ensemble des emballages et unité de vente de la gamme légumes de la Sica, tout comme nous souhaitons moderniser l’outil informatique avec une base de coordination informatique, ERP. Cela représente un investissement lourd, car il sera fait à l’échelle régionale. L’un des objectifs étant de l’adapter à la vente à distance de nos produits. »
Pour autant, la Sica – il faut bien le reconnaître – c’est avant tout le chou-fleur, qui représente plus de la moitié des tonnages reçus par les stations (160 000 t). Même si la tomate, avec 35 000 t, rivalise avec un chiffre d’affaires en progression constante depuis dix ans. Enfin, pour accompagner cette restructuration, la Sica souhaite promouvoir le territoire avec la marque Prince de Bretagne et le sponsoring voile. La création d’une course aux couleurs de la célèbre marque serait envisagée.

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