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Législation
A la recherche d'alternatives aux sacs plastique

Les sacs de caisse en 2016 puis les sacs fruits et légumes en 2017 vont être interdits. Les professionnels pourront-ils éviter le bio compostable trois fois plus cher ? Rien n'est moins sûr.

Le 17 août, la loi (2015-992) relative à la transition énergétique pour la croissance verte a été adoptée. Dans ce texte “fleuve”, la lutte contre le gaspillage alimentaire a eu un retentissement médiatique important avec la réunion de la ministre et des GMS. L'article 75 concernant l'interdiction des sacs plastique de caisse à usage unique à partir du 1er janvier 2016 un peu moins. Normal, ces sacs d'emballage de marchandise au point de vente, que l'on appelle encore poche ou cornet dans certaines régions, ont quasiment disparu depuis 2006. Mais, selon cet article, les fruits et légumes seront directement impactés à partir de janvier 2017.

Les sacs en matière plastique à usage unique destinés à l'emballage de marchandises seront, eux aussi, interdits sauf pour les sacs compostables en compostage domestique et constitués, pour tout ou partie, de matières biosourcées. La profession a déjà travaillé la question, lors de l'entrée en vigueur le 1er janvier 2014 d'une loi taxant les sacs plastique de caisse. Mais le décret n'est jamais paru. Christel Teyssèdre, présidente de l'UNFD, a ainsi rencontré certains fournisseurs en 2013. Dans la foulée, des tests ont été effectués dans son magasin primeur de Prayssac (Lot). Aujourd'hui, elle estime que tout n'est pas résolu, loin de là. Les références manquent et les instituts techniques comme le CTIFL ne se sont pas penchés sur le sujet. « Nous allons proposer des sacs tissés, détaille-t-elle, pour ceux qui ne viennent sans aucun panier ou autre cabas. Heureusement, les clients sont de plus en plus informés et commencent à s'équiper. L'autre alternative reste le cageot à la place du sac de caisse. Et pour ce qui est des fruits et légumes et le respect de l'article 75 à partir de 2017, nous proposerons des sacs papier. »

Mais tous les fruits et légumes ne sont pas adaptés à ce genre d'emballage. « Certains produits ne le supportent pas, poursuit-elle, les betteraves rouges cuites par exemple. » Avec son fournisseur Promoplast, elle a testé des poches adhésives autocollantes utilisées le plus souvent en fromagerie. Quant à l'emballage des herbes fraîches, cette poche adhésive, opaque, ne lui convient pas. Christel Teyssèdre optera-t-elle pour des sacs bio compostables ? Pour l'instant, le prix semble rédhibitoire. Elle compare : 0,012 €/pièce le sac de caisse plastique traditionnel à bretelle de taille moyenne (26x12x45) contre 0,037 €/pièce le sac bio compostable, donc un prix trois fois plus cher.

De la nécessité d'informer le client

La plupart des enseignes Carrefour ou Hyper U que nous avons contactées n'ont pas encore réalisé d'essai. La FCD attend le décret d'application devant spécifier le pourcentage de matériaux biosourcés (maïs, pomme de terre…) et les normes relatives au compostage pour se lancer dans des opérations tests. Selon la volonté de la ministre Ségolène Royal, ce décret devait sortir rapidement, en septembre-octobre. Alors, l'expérimentation pourra démarrer, d'abord dans les magasins de proximité, là où des sacs plastique sont encore proposés en caisse. « Pour les sacs fruits et légumes, spécifie Philippe Joguet, directeur du développement durable à la FCD, nous avons encore dix-huit mois pour expérimenter les solutions alternatives aux sacs plastique traditionnels. » Il serait encore distribué 600 millions de sacs de caisse à usage unique essentiellement sur les marchés mais aussi dans les magasins de proximité, loin des 10 milliards comptabilisés en 2002. En revanche, 8 à 12 milliards de sacs fruits et légumes sont encore distribués chaque année dans les magasins. « Pour des raisons de praticité, nous pensons que les sacs biosourcés devraient s'imposer pour les fruits et légumes, ajoute Philippe Joguet. Mais l'idée de payer trois fois plus cher des sacs qui risquent d'être incinérés par manque de stations de compostage, c'est dommage ! »

En proposant cette loi, le gouvernement vise le développement d'une filière encore assez embryonnaire en France contrairement à d'autres pays. Dans la péninsule italienne, 33 % des déchets fermentescibles y seraient compostés contre 12-13 % en France. Les sacs plastique de caisse sont interdits depuis 2011, les sacs fruits et légumes n'existant pas. La société Novamont, qui a inventé le bioplastique avec le procédé Marter-bi en 1989, a contribué à développer la filière par de nombreux essais de compostage. En Grande-Bretagne, des sociétés intermédiaires comme Bio Collectors homogénéisent les matières fermentescibles pour améliorer la méthanisation, le procédé le plus efficient en matière de recyclage.

En France, les unités de méthanisation sont rares. De gros projets ont été abandonnés (cf. fld hebdo du 1er juillet 2015). Aussi certains acteurs doutent du développement de la filière, notamment les fabricants qui n'ont pas investi dans le bio plastique. Aujourd'hui, la matière première provient des pays pétroliers. Elle est ensuite transformée en Asie. Avec des matières biodégradables, leur fabrication et leur recyclage se feraient en France, voire en Europe. Les industriels comme Lima-grain qui fabrique du bioplastique (Biolice) estiment que, très rapidement, les prix devraient baisser. Le sac coûterait seulement deux fois moins cher. D'autres (comme le fabricant français de sacs Yokozuma à base de Mater Bi) ne croient pas beaucoup au décollement du marché des sacs pour les fruits et légumes. Certains craignent que la fabrication ne suive pas la demande, ce qui obligerait les fournisseurs à s'approvisionner hors de France, voire hors de l'Europe.

Une chose est sûre : les magasins devront informer leur clientèle de l'intérêt de cette filière car, au final, c'est eux qui devront payer l'addition.

De l'avantage du bio compostable

Papier : fabrication polluante (besoin de 200 litres d'eau/kg de papier produit), matière hydrophobe, nécessité d'une lourde logistique, ne se ferme pas, est opaque, mais son prix est attractif (0,0093 €/poche de 140x90x260).

Bioressourcé compostable : fabrication plus écologique (1 à 2 litres d'eau/kg de plastique), ne perturbera pas le marché alimentaire, imperméable, proche des caractéristiques du sac plastique traditionnel hormis son prix (trois fois plus cher actuellement), exige une filière de compostage plus dense qu'aujourd'hui (750 stations en France).

Oxo dégradable : ce sac plastique traditionnel additionné d'un agent oxydant devient interdit en raison de son très mauvais bilan écologique (le sac se fragmente mais il n'est pas dégradé par les micro-organismes).

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