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Portrait d’entreprise
Unicoque veut doubler sa production de noisettes

Chez Unicoque, qui traite 98 % de la noisette en France, les nouvelles technologies sont au cœur de sa politique de développement. Nouvelles plantations et bâtiments neufs à construire sont au programme.

« En noisettes coques, nos clients s’approvisionnent sur deux origines, le Sud-Ouest de la France, avec une récolte qui arrive en début de saison, et l’Oregon (Etats-Unis), où la campagne est plus tardive, ce qui leur permet d’assurer le solde de leur commande, explique Christian Pezzini, directeur d’Unicoque, à Cancon (Lot-et-Garonne). Chaque année, nous prévendons donc notre récolte début septembre, mais nous sommes handicapés par le fait que nous ne connaissons pas exactement les quantités, la qualité et les calibres dont nous disposions. En 2005, nous nous sommes équipés d’un bâtiment de 3 000 m 2, spécialisé dans la réception des récoltes, doté d’une ligne mécanisée positionnant les différents lots en fonction des variétés livrées, du calibre et des éventuels problèmes pouvant survenir, selon les années. Nous y centralisons la production, ce qui nous permet d’avoir une connaissance précoce des produits disponibles A cela, s’ajoute un bâtiment doté de trois chambres froides pour les stockages longue durée.. Nous avons triplé la vitesse de rentrée des noisettes, la rapidité des opérations d’agréage étant aujourd’hui de 300 t/j. »

Ce gain de précision facilite la tâche d’Unicoque, pour tenir ses engagements commerciaux et orienter ses lots. En annonçant ses disponibilités, dès le début de la campagne, la société dispose de plus d’atouts pour gagner des parts de marché. L’état des stocks étant connu en permanence, Unicoque peut aller chercher un lot, correspondant à une demande de sa clientèle, le conditionner et l’expédier sur le champ.

Un troisième bâtiment de stockage

Cependant, le marché se développant et les quantités traitées progressant, la coopérative a vite manqué de place. Un million d’euros a donc été investi, en 2008, dans la construction d’un troisième bâtiment de stockage de 3 000 m 2, face au deuxième. Mais contrairement à ce dernier, en tôle simple et vide dès le mois de décembre, ce nouvel entrepôt est doté de panneaux sandwiches de 10 cm à base de laine de roche, permettant une régulation thermique, en cas d’évolution climatique, sans qu’il y ait besoin de chambre froide. Unicoque pourra y stocker les noisettes à une température de 10 °C inférieure à la température extérieure. « Nous aurons ainsi une durée de conservation plus longue, jusqu’en mars-avril, ce qui nous donnera plus de souplesse pour livrer nos clients », poursuit Christian Pezzini. Une chaîne de mise en palox automatique a été installée, ainsi que des machines servant à remuer le produit.

Parallèlement, Unicoque se dote d’une nouvelle ligne de cassage de noisettes entièrement reconfigurée, ce qui lui permettra de doubler sa vitesse de cassage de 10 à 20 t de noisettes décortiquées par jour (30 % des noisettes de la coopérative sont vendues cassées). Comme à son habitude, Unicoque a travaillé sur de nouvelles technologies, ce qui lui a permis de développer sa propre casseuse. Cette dernière peut casser, en même temps, tous les calibres de noisettes, en continu et non plus par lot, ce qui faisait perdre du temps. Et ce, sans abîmer les amandes, ce qui devrait limiter les pertes.

L’attrait des nouvelles technologies

« Depuis cinq ans, nous avons pris l’habitude de développer nos propres prototypes de machines, et possédons une équipe de R&D, reprend Christian Pezzini. Chacun, dans l’entreprise, peut aller piocher dans les projets qui l’intéressent et y travailler. Nos cinq techniciens ont une demi-journée libre par semaine, pour creuser un sujet qui leur semble intéressant, à même d’apporter des idées originales dans l’entreprise. » Pilotage informatique des lignes, fibre optique, RFID (Radio frequency identification), Wifi, vidéo, écran d’aide à la conduite sur les chariots, tri par couleur des noix, impression jet d’encre sur les coquilles de noisettes... Unicoque est toujours à la pointe de l’innovation.

Ainsi, afin de renforcer sa stratégie de marque, les premières noisettes, siglées à la marque Koki directement sur la coquille, sont arrivées en rayon cet automne. Une identification plus rapide, moins coûteuse et moins laborieuse que les petits autocollants utilisés auparavant. En une seconde, la machine peint ainsi 55 noisettes, alors que quinze étiquettes seulement étaient collées. Pour que la marque se voie bien, 10 à 15 % des noisettes portent l’empreinte peinte (contre 5 à 10 % pour les étiquettes).

Pour compléter ses lignes de triage optique et à ultrason, Unicoque a également acheté une machine de triage laser, une technique sur laquelle elle mise pour son développement. La coopérative réfléchit aussi à l’utilisation du nez électronique, jugé toutefois encore “beaucoup trop lent” aujourd’hui, et au tri des mauvaises noisettes par rayon X. D’ici cinq ans, ces nouvelles technologies pourraient avoir intégré l’entreprise, si leur efficacité et leur prix sont convaincants. Au total, Unicoque investit 1,5 M€ par ans (10 % de son chiffre d’affaires) dans de nouveaux équipements. Elle bénéficie, par ailleurs, des aides prévues pour soutenir les programmes opérationnels des OP.

Objectif de 12 000 tonnes en 2015

Parallèlement, afin de répondre à la demande du marché, Unicoque s’est engagé dans un grand plan de développement de ses vergers. 1 400 ha supplémentaires de noisetiers devraient ainsi avoir été plantés, dans le Sud-Ouest, entre 2006 et 2011, afin de doubler sa production et atteindre 12 000 t annuelles d’ici 2015. « Nous tablons sur 50 % de croissance en interne, grâce aux plantations de nos producteurs et 50 % résultant de l’arrivée de nouveaux planteurs », confie Bruno Saphy, responsable des relations entre la coopérative et ses adhérents. Plus de 400 ha ont d’ores et déjà été plantés depuis 2006 et quatorze nouveaux producteurs ont été recrutés, représentant, à eux seuls, 229 ha de projets de plantation, échelonnés sur plusieurs années. Unicoque a négocié, avec le Crédit Agricole et la Banque Populaire, des prêts longue durée, avec possibilité de différer l’amortissement du capital sur cinq ou six ans, au taux de 5,15 % sur vingt ans et 4,85 % sur quinze ans (toutes les zones de production ne sont toutefois pas concernées).

« Notre potentiel de production est actuellement de 6 000 t de noisettes par an, mais nous venons de connaître deux années faibles, avec une récolte de 4 000 t chacune, précise Christian Pezzini. Si nous voulons répondre à la consommation mondiale, nous devons dépasser les 6 000 t (la récolte actuelle ne satisfait que 4 % des besoins industriels français). Les premiers noisetiers de notre plan de développement ont été plantés en 2007, ils commenceront donc à produire en 2011. »

Une production bien valorisée

Les noisettes se récoltent à la machine, une fois tombées au sol à maturité. La culture du noisetier demande donc un entretien soigné des sols qui doivent être propres et plats, et une taille au lamier des branches basses, mais le temps de travail à l’année ne dépasse guère 40 h par hectare. Les noisettes passent ensuite en station de stabilisation pour être nettoyées et séchées, avant d’être conditionnées et vendues par Unicoque. La progression des surfaces représente également un moyen, pour les producteurs, d’amortir les investissements réalisés dans les récolteuses et les stations de stabilisation. « En 2003, j’ai planté 7 ha de noisetiers, car il s’agit d’une production partiellement mécanisée,témoigne Thierry Gouze, producteur à Mas-Grenier (Tarn-et-Garonne). Ma première récolte, en 2007, a été de 2,5 t stabilisées et m’a procuré un produit brut de 4 750 €. » « Le prix de revient de la culture de noisettes est de moins de 1 €/kg, conclut Christian Pezzini. Nous les payons entre 1,3 et 2 €/kg aux producteurs, soit environ le double. Le prix de revient des producteurs et de l’entreprise est compatible avec ce que paye le marché. Ce qui nous engage à nous développer. Quant à nos bâtiments, lorsque nous récolterons 12 000 t, les capacités ne seront plus suffisantes. Il nous faudra encore nous agrandir. »

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