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Laitue : la fusariose inquiète les producteurs de Provence-Alpes-Côte d’Azur

En recrudescence dans la région Provence-Alpes-Côte d’Azur, la fusariose de la laitue inquiète les producteurs de plein champ, mais pas seulement.

« La fusariose est une problématique vraiment émergente », explique Justine Garnodier, ingénieure CTIFL-Aprel, détachée sur l’Aprel dans le cadre du programme salade. Apparue pour la première fois en 2015, cette maladie se cantonnait plutôt dans les Alpes-Maritimes. Mais plus en plus de cas sont aujourd’hui observés dans d’autres régions de France comme en Paca.

Des risques sous abris à l’automne

Les symptômes observés dans les Alpes-Maritimes ou ailleurs étaient souvent attribués au Pythium qui attaque les salades car ils sont plus ou moins similaires. « Les connaissances sur la fusariose de la salade ont depuis évolué, mais l’analyse génétique en laboratoire reste essentielle pour valider s’il s’agit bien d’une attaque de fusariose », mentionne la spécialiste. Les températures élevées, comme la période estivale, sont particulièrement favorables au développement de la maladie tellurique, mais on constate aussi des problèmes sur le printemps tardif et automne précoce. Des symptômes de contamination ont par exemple été identifiés sous abris sur une exploitation des Bouches-du-Rhône à l’automne dernier. Le risque d’un développement de la maladie sous abris sur les premiers créneaux précoces d’automne est à l’évidence redouté par tous les producteurs de la région. « Le champignon s’attaque aux racines, bloque l’alimentation en eau et en nutriments de la plante, ce qui entraîne une pigmentation rougeâtre des racines et un dépérissement prématuré des plants », commente la responsable du programme salade. L’altération des vaisseaux du végétal peut, sur les variétés sensibles, dégénérer et causer la perte jusqu’à 100 % des cultures sur les créneaux à risque.

La prophylaxie avant tout

Un cas de fusariose de la salade a récemment été authentifié dans le Vaucluse et les résultats d’un autre signalement sont attendus. Pour prévenir toute contamination, l’Aprel préconise dans un premier temps aux producteurs de mettre en place des mesures prophylactiques élémentaires sur les parcelles et vis-à-vis des outils du travail du sol (voir encadré). Si la pression est avérée, il faut éviter les créneaux de production à risques ou opter pour des variétés résistantes. Selon les typologies, elles ne sont cependant pas encore nombreuses (voir encadré). Plusieurs essais ont été mis en place depuis 2016 par l’Aprel en collaboration avec la Chambre d’agriculture des Alpes-Maritimes pour identifier les leviers efficaces à employer contre le champignon. L’évaluation du charbon actif dans le sol pour piéger les spores du champignon ne s’est pas vraiment révélée intéressante. Plusieurs produits de biocontrôle, plutôt efficaces en laboratoire, n’ont pas non plus donné de résultats très probants sur le terrain en situation de forte pression.

Une solarisation de 45 jours

Les essais se sont ensuite portés sur de la solarisation. Testée sur 45 jours entre juin et juillet, la solarisation a permis de supprimer totalement les symptômes pour une culture de laitue réalisée en août. Mais la technique ne permet toutefois pas de répondre au problème des producteurs qui souhaitent produire de la salade sur l’été. Un travail sur la réduction de la durée de solarisation (à 15 jours) a été entrepris et associé à une biofumigation avec épandage de granulés de moutarde d’Éthiopie. Pour Justine Garnodier, la conjugaison de ces deux techniques a présenté un intérêt mais reste très limitée. « Les résultats ont été moins intéressants qu’une solarisation de 45 jours mais convenables pour les producteurs. D’un point de vue technique, la solarisation en plein champ est en revanche compliquée à mettre en place. Par ailleurs, le coût de la biofumigation est aussi très lourd pour les exploitations », commente-t-elle. La fiche Fusariose de la laitue(1) mentionne que des essais réalisés en 2016 ont montré qu’une solarisation de 38 jours l’été en plein champ permettait d’obtenir 95 % de plantes commercialisables au lieu de 5 % dans le témoin. De nouveaux essais sur des produits de biocontrôle mis en place cette année pourraient cependant apporter des réponses satisfaisantes dans quelques semaines. D’ici là, en cas de doute, la responsable du programme salade à l’Aprel invite les maraîchers à ne pas hésiter à contacter leurs conseillers en cas de suspicion d’une attaque sur leurs cultures.

Fiche Fusariose de la laitue réalisé par l’Aprel, le CTIFL, la Chambre d’agriculture PACA et FDCETAM 13.

Ne pas confondre avec le Pythium

La fusariose de la salade est due à Fusarium oxysporum f. sp. Lactucae, un champignon tellurique vasculaire. La maladie est émergente en Europe et est présente un peu partout (France, Benelux, Italie, Irlande…). Elle a été rapportée pour la première fois sur laitue au Japon en 1955, et plus tardivement dans d’autres pays d’Asie : Taïwan en 1998 et République de Corée en 2006. Fusarium oxysporum f. sp. Lactucae a aussi été signalé aux Etats-Unis, en 1990 en Californie, puis en Arizona en 2001. Quatre races ont été identifiées : Race 1 présente en France - Races 2 et 3 présentes au Japon - Race 4 présente au nord de l’Europe. La maladie occasionne des dégâts en Italie et au Portugal et est maintenant présente en France dans la plupart des bassins de production. Elle commence à poser des problèmes, notamment dans le Sud-est. Fusarium oxysporum f. sp. Lactucae est capable de s’attaquer à la laitue mais aussi à la mâche potagère (Valerianella locusta). Ses dégâts peuvent être considérables en particulier dans les zones de production où on pratique la monoculture de laitues. Les symptômes peuvent être confondus très fréquemment avec ceux du Pythium mais aussi avec d’autres maladies (Verticillium, Corky Root).

Sources Ephytia- D.Blancard INRA

Des méthodes de prophylaxie à suivre

Veille et observation des parcelles de salade

Nettoyage soigné et systématique des outils de travail du sol

Port des sur-chaussures ou désinfection des chaussures à l’alcool/javel pour le personnel amené à circuler sur l’exploitation (employés et personnel extérieur…)

Eliminer les résidus de culture après la récolte

Eviter de faire trois rotations de salade par an

Eviter les périodes de risques élevés (mars-avril et mi-août à mi-septembre sous abris, et de juillet à mi-septembre en plein champ)

Limiter les autres cultures hôtes dans la rotation (chou-fleur, brocoli, épinard, mâche)

Optimiser les apports d’eau (excès d’eau = facteur favorable)

Des variétés de résistances intermédiaires

Des variétés de résistances intermédiaires à la race 1, Fol1, permettent de sécuriser la production, mais cela entretient l’inoculum. Cette résistance est souvent intermédiaire : selon le niveau de pression dans la parcelle, elle ne permet pas toujours d’avoir 100 % de salades saines. Aujourd’hui, il existe de nombreuses variétés de batavias Fol1, les disponibilités variétales en laitue pommée et en feuille de chêne sont plus restreintes. Il est toutefois recommandé de ne pas seulement se baser sur la mention « Fol 1 » pour le choix des variétés. En effet, comme la résistance est intermédiaire, toutes les variétés Fol1 ne se valent pas à niveau de pression égal.

Source : Fiche Fusariose de la laitue

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