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Le son de moutarde insuffisant pour la protection de l'asperge et du melon contre les taupins

Le son de moutarde a été évalué, parmi d’autres solutions, comme une stratégie alternative de protection contre les taupins. Les premiers résultats montrent un effet partiel de la substance, pour le moment insuffisant.

Comme d’autres ravageurs du sol, le taupin est en recrudescence depuis une quinzaine d’années, avec la diminution des solutions de traitement de sol. Il est à l’origine de dégâts sur de nombreuses cultures, dont plusieurs légumes. Il en existe environ 200 espèces en France, mais la plupart ne sont pas nuisibles. Six principales espèces sont responsables de dégâts sur les cultures, appartenant aux genres Agriotes et Athous. Agriotes sordidus est l’espèce la plus courante dans le Sud-est de la France. Le projet Probiotaupin (2015-2018), réalisé par Arvalis (organisme chef de file) et de nombreux autres partenaires*, visait à proposer des stratégies alternatives de protection contre le taupin Agriotes sordidus. Trois axes ont été étudiés : les nématodes entomopathogènes, les champignons entomopathogènes et les substances naturelles insectifuges. Parmi celles-ci, le son de moutarde a été testé sur plusieurs cultures, melon, asperge, pomme de terre et maïs. « Approuvé comme substance de base par le règlement européen 2017/2066 du 13 novembre 2017, le son de moutarde n’est homologué pour l’instant que comme fongicide pour le traitement des semences et des céréales », présentait Pascal Letouzé, de la société Terrial, spécialisée en fertilisation organique, lors des dernières journées de l’Itab sur les substances naturelles. L’Itab et Terrial travaillent à déposer de nouveaux usages pour la substance.

Une activité répulsive pendant deux mois

Les acteurs du projet Probiotaupin ont cherché à savoir si la protection contre les taupins pouvait constituer un usage du son de moutarde. Sur les stations d’Invenio et de SudExpé, la substance a été évaluée sur asperge et melon. Sur asperge, à SudExpé, elle était appliquée au buttage, en incorporation à la butte à la dose de 3 t/ha. « Mais les niveaux d’attaque de taupin ont été trop faibles ces années-là, rapporte Lucie Guigal, de SudExpé. Seulement 3,5 % des turions ont été attaqués par les taupins dans le témoin non traité en 2017, et 4,3 % en 2018 ». Ces pourcentages sont équivalents dans la modalité traitée au son de moutarde. En revanche, une efficacité du son de moutarde contre les ravageurs autres que le taupin (mouche des semis et/ou scutigérelles) a été démontrée. Mais cette efficacité est insuffisante (2017 : 80,6 % des turions attaqués dans la modalité son de moutarde, contre 90 % dans le témoin. 2018 : 10 % des turions attaqués dans la modalité son de moutarde, contre 6,2 % dans le témoin). A Invenio, le son de moutarde a été incorporé au buttage entre 2016 et 2018, à la dose de 2,5 t/ha, sur une culture de Grolim plantée en 2010. « En 2016 et 2017, le son de moutarde a montré une efficacité les deux premiers mois, avec une diminution significative des attaques de taupin par rapport au témoin non traité, observe Stéphan Plas, Invenio. Mais après deux mois, le niveau d’attaque sur la modalité son de moutarde a rattrapé celui sur le témoin. »

Pas d’effet significatif sur melon

En 2018 en revanche, le son de moutarde n’a pas été efficace contre les attaques de taupin. Sur melon, en application à 3 t/ha le 9 mai 2016, on observe une légère augmentation de la vigueur des plants. Mais à la récolte, les 19 juillet et 8 août, aucune efficacité sur les attaques sur fruits n’a été observée. « L’année suivante, l’essai n’a pas été significatif, en raison d’une hétérogénéité des attaques et d’une pression taupin trop faible », poursuit Stéphan Plas. A SudExpé, l’essai melon réalisé de 2016 à 2018 n’a pas montré d’effet significatif du son de moutarde par rapport au témoin. Le son de moutarde était incorporé au sol à la dose de 3 t/ha, deux à trois semaines avant plantation. Même conclusion sur pomme de terre et patate douce, au cours d’essais menés respectivement à l’Aprel et à SudExpé : il n’y a pas eu de différences significatives entre les modalités. Le son de moutarde semble donc avoir un effet répulsif temporaire contre le taupin, sur certains essais et certaines années. Mais il ne constitue pas à l’heure actuelle une solution suffisante de protection sur les cultures testées.

*CTIFL, Acta, UMR DGIMI (Inra-Université de Montpellier II), Sonito, Acpel, aprel, CEHM (SudExpé), Invenio

Des durées de cycle différentes

Les taupins sont des coléoptères de la famille des Elatéridés. Les espèces du genre Agriotes, responsables de la plupart des dégâts en France, peuvent être classées en fonction de la durée de leur cycle. Les espèces à cycle long ont un cycle de cinq ans, dont quatre à l’état de larve dans le sol (Agriotes lineatus, Agriotes obscurus, Agriotes sputator). Leur vol a lieu d’avril à juillet et la ponte de mai à juillet. Les espèces à cycle court présentent un cycle de deux ans généralement, mais pouvant aller jusqu’à quatre ans en fonction de la température du sol et des conditions climatiques. Agriotes sordidus appartient à cette catégorie. Leur vol a lieu d’avril à octobre, tandis que la ponte se déroule entre mai et septembre.

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