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Raisin : des alternatives anti-botrytis au banc d’essais

Différents produits alternatifs antifongiques ont été évalués sur raisin de table au Cefel. Objectif, les intégrer dans une stratégie de protection pour limiter les dégâts de botrytis, à la récolte et en phase de conservation.

Le botrytis est l’une des maladies les plus pénalisantes pour le raisin de table, en parcelle puis en conservation. La recherche de méthodes de luttes alternatives est une voie qui permettrait de limiter les résidus dans le raisin à la récolte, en s’affranchissant des problèmes de résistance. La stratégie de lutte classique contre le botrytis sur Chasselas est basée sur l’application de deux anti-botrytis, en fin de floraison et durant la véraison. Des essais réalisés au Cefel (Tarn-et-Garonne) montrent que leur efficacité sur botrytis à la récolte reste modeste, voire insuffisante les années à très forte pression alors qu’en cas de risque faible, la seule prophylaxie mise en œuvre dans le témoin non traité limite presque totalement les dégâts de botrytis (voir « 6 mesures prophylactiques »). Diverses substances alternatives, récemment homologuées ou encore au stade d’expérimentation, ont donc été évaluées dans des stratégies de lutte contre le botrytis mises en œuvre sur la variété Chasselas, réputée très sensible : extraits de plantes, engrais foliaires, produits d’origine naturelle, micro-organismes… L’efficacité de ces produits « alternatifs » contre le botrytis, appliqués lors de la phase de véraison, a été évaluée à la récolte puis après une phase de conservation.

Une limitation nette du botrytis

En 2018, 10 produits ont été testés : 7 à AMM (Armicarb, Mevalone, Botector, Amylo-X, Serenade, Roméo, Essen’ciel), 2 en cours d’évaluation (un extrait de plante, et un à base de Bacillus amyloliquefaciens), ainsi qu’un engrais foliaire à base de sulfate de potasse. Dans cet essai, le produit Mevalone tend à limiter les pertes par botrytis après conservation. A la récolte, la modalité ayant reçu trois applications de Mevalone à partir du 10 août limite le ciselage (écarts significatifs), la fréquence et l’intensité d’attaque en botrytis sur grappe (écarts non significatifs). L’efficacité du Mevalone a également été testée en 2016 dans un autre essai du Cefel. Ce produit de biocontrôle, à base de trois terpènes encapsulés, le géraniol, l’eugénol et le thymol, est homologué sur raisin contre le botrytis. Les applications de Mevalone ont été réalisées avec l’ajout d’un mouillant (Heliosol à 0,2 %) sur recommandation du fabricant Sumi Agro. Les observations à la récolte n’ont pas montré d’effet limitant le niveau d’attaque en botrytis pour les deux modalités intégrant le Mevalone durant la phase de véraison, par rapport à la modalité traitée uniquement avec un fongicide de synthèse (Cantus). Mais les observations après conservation en chambre froide mettent en évidence une limitation nette du botrytis pour les deux modalités intégrant le Mevalone.

Quatre autres modalités limitent le ciselage à la récolte

On note aussi un léger effet sur la coloration et l’aspect des baies, avec une évolution vers une couleur plus soutenue et plus hétérogène des modalités traitées au Mevalone associé à l’Heliosol. Tel que pratiqué dans l’essai, l’emploi du Mevalone n’a pas provoqué de phytotoxicité ou de marquage sur baies et reste sans effet sur le goût du Chasselas à la dégustation. Dans l’essai de 2018, les autres spécialités évaluées ont eu des résultats mitigés. En plus de Mevalone, quatre autres modalités limitent le ciselage à la récolte : Serenade, Roméo, Botector et Essen’ciel. Le produit Armicarb est déconseillé sur raisin de table par la société qui le développe au regard du risque de marquage sur baie. Après une phase de conservation en chambre froide, aucune différence significative n’est mise en évidence entre les modalités en 2018. Dans un contexte de fortes pertes par botrytis, la modalité ayant reçu l’Amylo-X tend à limiter la fréquence et l’intensité de l’attaque en botrytis sur grappe. Comme pour les anti-botrytis spécifiques, l’efficacité sur botrytis de ces produits reste imparfaite au regard du caractère explosif de ce bioagresseur lors de la phase d’enrichissement en sucre du raisin.

Daniel Lavigne

A lire aussi : raisin de table - "Réduire les intrants grâce aux couverts végétaux"

 

Les différents critères mesurés

L’ensemble des modalités de l’essai 2018 a reçu un traitement fongicide de synthèse, un Cantus le 8 juin et un Teldor le 31 juillet. Une modalité témoin a reçu uniquement ces deux traitements fongicides. La récolte a eu lieu tardivement, les 8 et 9 septembre puis les 16 et 17 octobre 2018. A la récolte, une notation a été effectuée du pourcentage de grappes attaquées par le botrytis en fréquence et intensité. Ont été aussi mesurés le rendement brut et commercial, le taux de raisin classé sous AOP et son rendement, le taux de raisin en catégorie 2 et en demi-grappe. Enfin, la perte par ciselage (grains abîmés qui ont été coupés) a été mesurée pour la partie classée sous AOP. Puis les modalités ont été mises en conservation en chambre froide à 0-2°C avec SO2 jusqu’à fin novembre, avant un nouveau tri qualitatif le 26 novembre, avec mesure des critères suivants : pourcentage commercial, taux de déchets par ciselage, fréquence et intensité du botrytis sur grappe.

 

6 mesures prophylactiques

La prophylaxie préventive permet de limiter fortement la pression botrytis à la parcelle.

- Limiter l’inoculum grâce à un broyage soigné des sarments et rafles desséchées et éliminer les zones de sol humide.
- Gérer la vigueur grâce à une fertilisation en azote et phosphore modérée, à un enherbement ou un travail du sol de l’inter-rang en évitant le travail du sol en pré-récolte.
- Assurer la maîtrise de la charge suivant le mode de conduite : nombre de bourgeons par souche défini à la taille, ébourgeonnage, éclaircissage de grappes.
- Favoriser l’aération de la zone des grappes grâce à un palissage soigné, un ébrindillage et effeuillage d’aération suivant l’exposition des rangs pour éviter les brûlures sur baies, un rognage pour éviter un entassement des sarments devant la zone des grappes, une mise en place des grappes.
- Réaliser une récolte fractionnée.
- Limiter les blessures sur baies lors des opérations de broyage ou de palissage en vert, et assurer une protection optimale contre l’oïdium et le ver de la grappe.

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