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Serres Modernes du Val de Loire : produire du poivron français

Adrien Quaak, gérant des Serres Modernes du Val de Loire, a mis en place une serre high-tech de 5 ha pour produire du poivron.

Jusqu’en 2018, les Serres Modernes du Val de Loire exploitaient 4,5 ha de serres anciennes en concombre, à Bonnée, dans le Loiret. « Quand nous avons souhaité construire une nouvelle serre moderne, Kultive, le bureau commercial de la Sopa, a participé à la réflexion et nous a orientés vers la production de poivron pour lequel il y a un potentiel de développement en France, explique Adrien Quaak, associé avec son neveu Kévin Duval des Serres Modernes du Val de Loire. La production de poivrons nous permettait aussi de nous diversifier et de limiter les risques liés à une mono-production. Et pour abaisser nos prix de revient par rapport à l’Espagne, qui est le principal producteur de poivron en Europe et qui bénéficie de coûts de main-d’œuvre inférieurs, nous avons choisi de construire 5 ha de serre, pour pouvoir massifier et automatiser la production. » 7,5 M€ ont été investis dans 5 ha de serre d’un seul tenant et dans une station de conditionnement des poivrons, auxquels se sont ajoutés 2,5 M€ pour une cogénération de 4,4 MW.

Produire de mars à novembre

La nouvelle serre des Serres Modernes du Val de Loire est une serre Activenlo (Horconex) de 7 m sous chéneaux, divisée en six compartiments. Elle est équipée de verre diffus, de poteaux et chéneaux laqués blancs, d’un système de déshumidification active, d’un écran thermique et d’un écran d’ombrage. Deux capteurs de température par compartiment, un à hauteur de tête et un en végétation, et une caméra infra-rouge qui permet de mesurer la température des feuilles et des fruits, facilitent la gestion du climat. L’objectif est de maintenir une température de l’air de 22-23°C. Les premières plantations ont été réalisées le 5 décembre, pour une entrée en production mi-février début mars. « L’objectif est de récolter du poivron de mars à novembre avec une seule culture », précise Kévin Duval. Quatre variétés de poivron sont actuellement cultivées, deux de poivrons rouges et deux de poivrons jaunes, les poivrons des deux types jaunes et rouges pouvant aussi être récoltés avant maturité, quand ils sont encore verts. « Pour cette première année, nous allons produire des poivrons rouges et jaunes, récolter et proposer du poivron vert quand il y a nécessité à décharger la plante pour des raisons agronomiques », explique Kévin Duval. Les plants sont plantés à une densité de 2,2 plants/m², chaque plant étant ensuite conduit en trois bras enroulés autour d’un fil et effeuillés au moins une fois par semaine. L’objectif étant de commercialiser les poivrons avec le label « Zéro résidu de pesticide » mis en place dans le cadre de Demain La Terre, dont Kultive est adhérent, aucun traitement n’avait été réalisé début avril. « La protection contre les ravageurs tels que les pucerons, thrips, aleurodes… se fait en lutte biologique grâce à des Amblyseus swirskii, Orius, Aphidoletes… », explique Kévin Duval. Le rendement espéré est de 25 kg/m².

Automatisation en récolte et conditionnement

Pour abaisser ses coûts de revient et améliorer les conditions de travail, l’automatisation en récolte et conditionnement a été développée. La serre dispose ainsi de 25 chariots de récolte Qii-Drive (Bogaert) à guidage automatique (AGV). Le chariot avance seul entre les rangs, sur les rails de chauffage, à vitesse constante, laissant l’utilisateur libre de ses deux mains. Quand le chariot est plein, il passe en douceur des rails au chemin en béton situé dans le couloir et se rend seul à la station de conditionnement grâce à un fil inductif. Il est automatiquement soulevé et pesé puis déchargé sur un tapis qui amène les poivrons vers le calibrage et le conditionnement qui se fait en colis vrac de 3 et 5 kg. « Les manutentions sont ainsi très limitées, ce qui facilite le travail », note Adrien Quaak. Chaque rang de la serre est par ailleurs marqué d’une étiquette RFID NFC que le cueilleur « badge » avec son smartphone quand il récolte le rang. « On peut ainsi voir précisément la production par rang et par salarié, le temps passé… », souligne Adrien Quaak.

Face à la concurrence espagnole, la massification et l’automatisation sont nécessaires pour être compétitif en poivron.

Une production limitée en France

En Europe, 2,5 millions de tonnes de poivrons sont produites chaque année(1), principalement en Espagne, puis aux Pays-Bas et en Italie. En France(2), la production de poivrons à destination du marché du frais serait d’environ 31 600 tonnes, les principales régions de production étant Provence-Alpes-Côte d’Azur (27 %), l’Aquitaine (18 %) et le Centre (14 %). L’essentiel est produit en saison sous abris froids ou en plein champs. La majorité des poivrons commercialisés en France, notamment hors saison, provient d’Espagne et des Pays-Bas.

(1) Source Eurostat – moyenne 2014-2016

(2) Source Agreste SAA moyenne 2015-2017

A savoir

Parcours

1960 : Création par le père d’Adrien Quaak des premières serres de concombre dans le Loiret, en sol, puis passage au chrysanthème et fleurs coupées pour des raisons sanitaires

1989 : BTS agricole

1991 : reprise de l’exploitation par Adrien et ses deux frères en fleurs coupées

2003 : mise en place de la 1re cogénération

2005 : adhésion d’Adrien Quaak à la Sopa et relance des légumes en hors-sol (concombre, tomate)

2009 : arrêt des fleurs coupées, spécialisation en concombre sur les 4,5 ha de serres

2018 : construction de la serre de 5 ha en poivron

Kultive veut développer l’offre de poivrons français

Le poivron est le 13e légume le plus consommé en France, avec en moyenne 1,9 kg/an/habitant*. Plus de 60 % des ménages en achètent au moins une fois par an. « Mais les poivrons français ne représentent aujourd’hui que 7 à 8 % des poivrons commercialisés, estime Anthony Langlais, directeur de Kultive, bureau commercial de la Sopa. Il y a donc du potentiel pour du poivron français. » La production de poivron de la Sopa ayant chuté depuis 2013 suite à un problème sanitaire, le choix a donc été fait de relancer la production avec la mise en place notamment de la serre de 5 ha des Serres Modernes du Val de Loire, avec l’objectif de produire 1 500 tonnes de poivron. « En GMS, le poivron espagnol se vend 40 % moins cher que le français, précise Anthony Langlais. Pour être compétitif, il faut massifier et automatiser. » Deux autres producteurs fournissant la Sopa et cultivant respectivement 2 ha et 1,5 ha de poivron devraient produire 800-1 000 t de poivron. L’offre de Kultive porte sur des poivrons rouges, jaunes et verts. « La difficulté est d’avoir une offre équilibrée entre les trois couleurs, constate Anthony Langlais. Les poivrons verts peuvent être produits sur des variétés spécifiques ou récoltés avant maturité sur les variétés rouges et jaunes. Mais les producteurs doivent aussi parfois récolter des poivrons verts pour des raisons agronomiques, pour décharger les plants. Par ailleurs, sur les variétés jaunes, le poivron passe du vert au jaune en 15 jours. Et sur les variétés rouges, il passe du vert au rouge en trois semaines. La demande n’est pas non plus toujours équilibrée entre les trois couleurs. »

* Source Interfel d’après Kantar World Panel

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