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Cerise : Forme palissée ou volumique, il faut choisir !

Le Domaine expérimental La Tapy compare depuis 2012 sept formes de conduites de cerisier pour identifier la plus productive et la moins gourmande en temps de travaux.

« L’objectif de cet essai est de tester différentes formes de cerisier conduites en volume et en axe, comparativement à la référence en axe classique, pour identifier la plus performante », résume Vincent Ricaud, de la Chambre d’agriculture de Vaucluse, en ouvrant l’après-midi de démonstration au domaine expérimental de la Tapy (Vaucluse), fin janvier. L’essai compte quatre formes palissées – axe libre, mur fruitier, axe classique branché-arqué et double axe – toutes plantées en 4 x 1,5 m, ce qui porte la densité à 1 666 arbres/ha ; et trois formes en volume : le Drilling, le KGB et le gobelet traditionnel. Les arbres ont été plantés en février 2012 avec la variété Regina et sont actuellement en 8e feuille. Les formes palissées en haie fruitière sont sur porte-greffe Gisela 6 et les formes en volume, sur Maxma 60. Objectif : établir si ces conduites sont économiquement rentables, sachant que, contrairement aux formes volumiques, les formes palissées sont plus faciles à équiper de filets.

Les quatre formes palissées

Sur l’axe libre, l’objectif est « d’intervenir le moins possible », rappelle Vincent Ricaud. Les arbres ont été laissés à leur développement, sans arcure de branches fruitières qui ont « juste été attachées sur le fil ». En 8e feuille, les arbres « se sont transformés en une espèce de palmette », note le technicien, rappelant que le but dans cette forme était de voir si, avec le moins d’intervention possible, « on avait néanmoins de bons résultats technico-agronomiques ». Les arbres ont commencé à charger en 3e feuille, avec une production notable en 4e feuille. « Le potentiel de production se situe entre 20 et 30 tonnes pour cette conduite. Mais c’est quand même plus la densité que la conduite en elle-même qui explique ce tonnage. » La taille (base de 60 h/ha) a d’abord pour objectif « de bien ouvrir le côté sud des arbres pour bien faire pénétrer la lumière, avec moins d’interventions sur le côté nord, moins ensoleillé. Mais cette taille ne doit pas être non plus trop sévère, car le porte-greffe ici est faible, alors que la variété est productive : il faut donc veiller à conserver un calibre de fruit suffisant ». Mais dès que les branches commencent à prendre de l’envergure « et que le diamètre devient trop important », conseille Vincent Ricaud, il ne faut pas hésiter à tailler, en conservant un « chicot » de 10 cm pour faciliter le repercement. Sur le mur fruitier, en 8e feuille, les résultats agronomiques sont « assez corrects », mais aucune économie n’est réalisée sur le temps de travail par rapport à l’axe libre. Sur cette forme, un passage de taille est obligatoire pour enlever de temps en temps des « pendouillères » à l’intérieur, qui ne sont en général pas touchées par le passage du lamier avant fleur. « Ne pas le faire, c’est s’exposer à des pertes de calibres, constate Vincent Ricaud. Cette année, nous ferons sans un doute un passage supplémentaire au sécateur pour dédoubler les têtes ».

Un bi-axe plutôt intéressant

L’axe traditionnel a demandé plus de temps de travail sur le basculement à fruit, « afin de positionner les branches, car l’objectif est d’avoir des branches de même gabarit, assez vigoureuses ». Ici, la taille d’hiver consiste à sélectionner les branches : « Trop lourdes, il faut les enlever. Trop faibles aussi, à condition d’avoir suffisamment de densité de branche ». Sur le bi-axe, « on rabat le scion afin de sortir deux charpentières et d’établir un plan en V », explique Jean-Philippe Rouvier, du GRCeta de Basse Durance. Mais ici, l’idée est de mieux gérer la hauteur « pour avoir une vigueur mieux répartie ». En 8e feuille, les résultats sont « plutôt intéressants », remarque le conseiller arbo. Les arbres ont commencé à produire en 2015, année où un rabattage a été fait. « Du coup, cela a un peu freiné la production. En 2018, on est à 20 tonnes, avec 9,4 g de calibre de fruit. » En 2019, les interventions serviront uniquement à rabattre un peu le haut des arbres. Côté conduite, « la taille est peut-être un peu plus facile. Mais la conduite reste comme l’axe, sauf qu’il faut conduire deux axes simultanément », contrebalance Vincent Ricaud.

Et trois formes en volume

Première des formes en volume, le Drilling. Il consiste à mettre en place deux plans fruitiers en V, installés avec un angle de 30-35°. Les charpentes sont alternées : un arbre d’un côté, deux de l’autre, puis inversement. « On joue sur le nombre de charpentières : si les arbres sont très serrés, on en conserve deux. S’ils sont très larges, on en met deux d’un côté, une de l’autre puis inversement. » Afin de bien faire ressortir l’influence de la conduite de l’arbre, toutes les modalités ont été mises dans les mêmes conditions et donc greffées sur Maxma 60. « Ici, ce porte-greffe est trop vigoureux pour cette conduite, mais on peut comparer les résultats au gobelet, avec un positionnement des résultats agronomiques du Drilling entre l’axe et le gobelet. » Mais, reconnaît Jean-Philippe Rouvier, « le Maxma 14 est plus indiqué pour cette conduite ». C’est pourquoi le Domaine a remis en place, un rang supplémentaire dans l’essai (mais avec un an de décalage), pour mettre la conduite sur ce porte-greffe plus adéquat, ce qui a permis de « calmer la vigueur des branches ». Enfin, le KGB (Kim Green Bush, du nom de son inventeur australien) est un gobelet constitué de nombreuses charpentières verticales à durée de vie limitée. « L’objectif est d’avoir des arbres qui se taillent et se ramassent du sol, avec un minimum de travaux. Aucun piquet n’est installé, tout se fait depuis le sol », expliquait Florent Lazare, arboriculteur à Villes-sur-Auzon. La densité mise en place est sans doute « un peu trop serrée », concéde-t-il. « Nous avons 1,5 mètre entre les arbres, là où 2, voire 2,50 mètres auraient été plus appropriés pour cette conduite. » De même, les variétés Skeena ou Lapins sont plus adaptées à cette conduite « qui amène beaucoup de ramifications ». Le principe consiste à laisser monter les branches longues et à garder les fruits à la base des branches de l’année. « L’objectif est d’avoir une quinzaine de branches en production pour ce type de conduite. On nettoie l’intérieur pour laisser pénétrer la lumière, tout en taillant à partir du moment où les branches ne sont plus suffisamment flexibles. Dès qu’elles se rigidifient, on coupe à 20 cm de la base pour permettre le repercement et regarnir les arbres. » Après huit ans d’essai, l’essai continue car l’aspect vieillissement du verger est aussi un point important pour la durabilité de ces systèmes de production.

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