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Pomme : Améliorer les conditions d’application du Brevis®

Un taux d’humidité élevé augmente l’efficacité de l’éclaircissant Brevis®, à base de métamitrone. Des essais conduits à La Morinière ont montré une diminution de 18 % du taux de fructification quand celui-ci est utilisé en condition humide.

A ce jour, la plupart des substances homologuées pour réduire la nouaison et la fructification du pommier s’apparentent à des substances de croissance. Depuis 2015, le Brevis® (150 g/kg de métamitrone) est venu compléter cette gamme de produits éclaircissants. Son mode d’action (l’inhibition de la photosynthèse) est très différent des substances de croissance, ce qui apporte une diversité supplémentaire. Du fait de son mode d’action, cette nouvelle substance était perçue comme moins dépendante des conditions climatiques. Or force est de constater que son efficacité est également très variable d’une année à l’autre. La dose appliquée et le stade d’intervention sont apparus rapidement comme des critères techniques justifiant des différences importantes d’efficacité dans les travaux réalisés à La Morinière, et plus largement par le groupe de travail national « Eclaircissage », coordonné par le CTIFL. En 2014 et 2015, l’effet de la diminution du rayonnement lumineux, au cours des jours suivant l’application du Brevis®, sur l’augmentation de son efficacité a été établi par des travaux de La Morinière. Une analyse multifactorielle a aussi fait apparaître que l’humidité pouvait intervenir sur l’efficacité du Brevis®, critère déjà signalé par plusieurs auteurs (voir encadré). Pour préciser l’importance de ce facteur climatique sur l’efficacité du Brevis®, La Morinière a mis en place une étude sur pommier en 2016 et 2017.

Une efficacité du Brevis® amplifiée par le taux d’hygrométrie

Sur une parcelle de Pink Lady® Rosy glow de 2006, une ambiance plus humide a été simulée par un espace clos avec des bâches et équipé d’un dispositif de brumisation. Deux modalités correspondaient aux témoins non traités avec du Brevis® et deux autres aux modalités traités avec le Brevis®, appliqué à une dose de 2 kg/ha. Chaque groupe témoin ou traité a été subdivisé avec brumisation ou sans. Le jour de l’application du Brevis®, la brumisation a débuté à 12h et a été arrêtée à 14h30 sur les deux modalités brumisées, l’application a été faite à 14h sur les modalités traitées et les bâches ouvertes à 15h sur toutes les modalités. Quelle que soit l’année, le Brevis® diminue significativement le taux de fructification comparé au témoin, moins 48 % en 2016 et moins 49 % en 2017. L’augmentation de l’hygrométrie a aussi amplifié l’efficacité du Brevis®. En 2016, les résultats étaient non significatifs. En 2017, l'écart était de 16 % avec cette fois des résultats significatifs. En précisant qu’aucun éclaircissage manuel n’a été réalisé, l’observation du nombre de fruits récoltés confirme très scrupuleusement l’observation précédente du taux de fructification réalisée sur les branches fruitières. Pour les deux années d’étude, le nombre de fruits récoltés de la modalité Brevis® est inférieur à ceux du témoin avec des écarts significatifs. L’augmentation du taux d’humidité associée à l’application du Brevis® amplifie cette diminution de la charge des arbres. Quelle que soit l’année, les différences observées sont comparables et également significatives (-18,8 % en 2016 et -18,6 % en 2017). Quant aux poids récoltés (kg/arbre), ils correspondent logiquement au nombre de fruits récoltés, avec les mêmes différences significatives. L’incidence du taux d’humidité, au moment de l’application du Brevis®, associée à d’autres critères climatiques comme le rayonnement et les températures nocturnes au cours des jours précédents et suivants le traitement, expliquent donc probablement tout ou partie des fluctuations annuelles d’efficacité de cette substance éclaircissante.

Un taux d’hygrométrie jusqu’à 22 %

L’augmentation de l’hygrométrie a été instantanée après la mise en œuvre de la brumisation. On observe aussi que dès son arrêt, le taux d’humidité diminue rapidement. L’observation de la vitesse du vent justifie ce phénomène aussi brutal. Au final, les courbes d’hygrométrie des deux parcelles étudiées se confondent à 16h30 soit 2h30 après l’application. Au cours de la période d’essai, l’écart moyen d’hygrométrie entre les parcelles témoins et celles brumisées était de 12 % avec un écart maximal de 22 % au moment de l’application. En 2017, les conditions naturelles étaient plus humides. L’écart moyen d’hygrométrie entre les deux parcelles était néanmoins de 14 % durant la même période. Concernant la température, on observe en 2016, toujours sur cette même période, un écart logique entre les parcelles témoins et les parcelles brumisées. La différence moyenne observée était de 2°C. En 2017, cet écart était presque inexistant, un niveau d’humidité naturel plus élevé justifiait sans doute ce phénomène.

L’humidité favorise les éclaircissants

De nombreux auteurs signalent l’hygrométrie comme un critère important dans l’efficacité de l’éclaircissage. En 1986, Forshey précise que des périodes humides et brumeuses permettent d’augmenter de manière significative l’éclaircissage. De telles conditions augmenteraient le temps de séchage, ce qui favoriserait la pénétration de la matière active dans la plante et une meilleure « prédisposition » de la cuticule à l’absorber. En 2011, Mathieu et al. expliquent qu’un manque d’efficacité peut être constaté avec une hygrométrie inférieure à 50 %.

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