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Halte aux plantes exotiques envahissantes

Les plantes exotiques envahissantes menacent les écosystèmes et peuvent avoir un impact négatif sur l’agriculture. La réglementation évolue pour freiner leur expansion.

Berce de Perse, jussie à grandes fleurs, renouée du Japon… Ces plantes sont considérées comme des espèces exotiques envahissantes (EEE), qui sont la quatrième cause de l’appauvrissement de la biodiversité mondiale. L’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN) les définit comme des espèces introduites par l’homme dans un nouveau territoire et dont l’implantation et la propagation menacent les écosystèmes, les habitats ou les espèces indigènes avec des conséquences écologiques, économiques et sanitaires négatives. Le phénomène ne cesse de s’accélérer, principalement à cause de l’intensification des échanges commerciaux et du tourisme dans le monde. Sur l’ensemble des espèces exotiques introduites dans un territoire, seule une infime partie deviendrait envahissante. Selon l’UICN, ces plantes se caractérisent par « une capacité de multiplication importante, un développement rapide les rendant très compétitives par rapport aux autres espèces, une capacité d’adaptation forte et une résistance importante aux perturbations, et une absence ou un nombre restreint de prédateurs naturels ».

Un coût annuel de 12 milliards d’euros en Europe

Une enquête commanditée par le ministère de l’Ecologie et publiée en 2015 évalue à 19 millions d’euros par an les frais dépensés pour gérer les EEE entre 2009 et 2013, plantes et animaux confondus, dont près de 70 % en Outre-mer. Au niveau européen, les coûts des EEE sont estimés à 12 milliards d’euros chaque année. Les frais de santé liés à l’ambroisie, dont le pollen entraîne des symptômes allergiques sévères, sont estimés par l’Agence régionale de santé Auvergne-Rhone-Alpes à 40,6 millions d’euros en 2017, uniquement dans cette région très infestée par cette plante. Près de 10 % de la population régionale a consommé des soins en lien avec son pollen. L’ambroisie, comme d’autres EEE, est également très préjudiciable aux cultures, tournesol et maïs notamment. Aussi, Datura stramonium, toxique par ingestion, se retrouve dans les cultures légumières et entraîne des refus commerciaux en cas de présence dans les récoltes. « Des espèces nouvelles sont à surveiller, comme la morelle jaune Solanum elaeagnifolium Cav., qui pose problème pour l’arboriculture et la viticulture principalement », indique Pierre Ehret, de la Direction générale de l’alimentation (DGAL), lors des entretiens techniques Ctifl du dernier Sival. L’arrivée d’EEE sur le territoire peut être accidentelle, via les flux commerciaux notamment. Mais de nombreuses espèces, des plantes en particulier, sont introduites intentionnellement, selon Pierre Ehret, « pour leurs impacts positifs sur l’ornement, l’économie, la production ou encore l’amélioration des sols. » C’est le cas par exemple de la renouée du Japon, arrivée en Europe au 19e siècle en tant que plante ornementale et devenue depuis une des espèces les plus problématiques à gérer au bord des cours d’eau.

Des espèces problématiques non réglementées

La réglementation semble être un levier indispensable pour éviter la propagation des EEE. Un pays comme la Nouvelle-Zélande, historiquement très impacté par ces espèces, mène une politique de biosécurité très stricte à leur encontre. Les organismes autorisés dans le pays font partie d’une liste blanche. Pour être importée, toute espèce qui n’est pas sur cette liste doit faire l’objet d’une demande acceptée, qui comprend une analyse phytosanitaire complète. « En Europe, il y a une faible tradition de réglementation des plantes adventices ou des plantes exotiques envahissantes, signale Pierre Ehret. Mais depuis les années 90, il y a une perception de plus en plus partagée de leurs impacts. » Les choses évoluent. Fin 2014, un premier règlement européen relatif aux EEE est paru. Celui-ci interdit aux Etats membres l’importation, la culture, la reproduction, la vente ou la remise dans le milieu naturel de certaines espèces animales et végétales qui menacent la biodiversité. Quarante-neuf espèces sont pour le moment concernées, après la parution de deux listes au Journal officiel, en 2016 puis en 2017. Parmi elles, 23 plantes, dont 12 plantes terrestres (voir encadré). « Mais les espèces problématiques pour les cultures légumières ne sont pas réglementées, précise Pierre Ehret. Il s’agit de plantes présentes de longue date, souvent largement répandues, comme Datura stramonium. » Les Etats membres doivent mettre en place un système de surveillance des EEE préoccupantes présentes dans la liste. La France a ainsi présenté fin 2016 sa stratégie nationale relative aux EEE, dont l’objectif est la prévention de leur introduction, la mise en place de dispositifs de surveillance et de réaction rapide, leur gestion sur le long terme, et l’amélioration de leur connaissance. Outre l’approche européenne axée sur les impacts sur la biodiversité, la France a souhaité réglementer certaines EEE ayant un impact sur la santé publique pour lutter contre leur prolifération, comme l’ambroisie qui fait l’objet d’un décret depuis 2017. Cette plante ne fait pour l’instant pas partie des EEE réglementées en Europe.

12 plantes terrestres réglementées en Europe

Asclepias syriaca (Asclépiade de Syrie)
Baccharis halimifolia (Séneçon en arbre)
Gunnera tinctoria (Rhubarbe géante du Chili)
Heracleum persicum (Berce de Perse)
Heracleum sosnowskyi (Berce de Sosnowski)
Heracleum mantegazzianum (Berce du Caucase)
Impatiens glandulifera (Balsamine de l’Himalaya)
Microstegium vimineum (Herbe à échasses japonaise)
Parthenium hysterophorus (Fausse camomille)
Pennisetum setaceum (Herbe aux écouvillons pourpres)
Polygonum perfoliatum (Renouée perfoliée)
Pueraria montana var. lobata (Kudzu)

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