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Pomme : la biodiversité selon les producteurs

Une enquête auprès de pomiculteurs européens a permis de lister les techniques favorisant la biodiversité mises en place dans les vergers, leurs avantages et les freins à leurs installations.

Haies, nichoirs, échelonnages des fauches… Les techniques favorisant la biodiversité fonctionnelle en verger sont connues. « Mais nous observons un décalage entre la connaissance de ces techniques et la mise en pratique », observe Sarah Fernique, Inra. Le projet européen EcoOrchard s’est donc penché sur les moyens d’encourager la mise en place de ces techniques en verger de pommier. Un état des lieux a été effectué grâce à une enquête auprès de producteurs et conseillers dans neuf pays européens. Au total, 125 producteurs en PFI, en bio ou en biodynamie, y ont participé ainsi que 55 conseillers. Une dizaine de pratiques sont déjà mises en place par plus de 12 % des producteurs interrogés. Les plus répandues sont la plantation de haies et la mise en place de nichoirs pour les oiseaux. « Ce sont aussi les techniques mises en place depuis le plus longtemps, débutées dès les années 2000 », précise Servane Penvern, Inra. Viennent ensuite la modulation du fauchage des inter-rangs, les bandes fleuries, la diversification des pourtours des parcelles, les abris à vertébrés, la réduction des pesticides, les refuges à insectes, les perchoirs à rapaces et les nichoirs à abeilles sauvages. Mais la mise en pratique de ces techniques varie d’un pays à l’autre.

Un besoin de méthodes d’évaluation de l’efficacité

En France, l’implantation de haies est faite par plus de 75 % des 28 producteurs interrogés. En Allemagne, ce sont les bandes fleuries qui sont dominantes, avec une présence chez plus de 60 % des interrogés contre moins de 20 % en France. Au Danemark, des nichoirs à oiseaux sont installés chez plus de 80 % des producteurs interrogés, contre seulement la moitié en France. « La différence réside dans les infrastructures déjà existantes et l’héritage culturel, les politiques rurales et les différences de communication entre pays sur certaines techniques, continue la chercheuse. Et parfois certaines techniques sont tellement intégrées dans la pratique, comme les haies, que les producteurs ne pensent pas spontanément à les citer. C’est le cas des producteurs de Suède ou du Danemark. » Les producteurs français étaient invités à évaluer l’efficacité et la facilité de mise en place de ces techniques. Les bandes fleuries sont jugées comme la technique la plus efficace pour augmenter la biodiversité fonctionnelle mais c’est la plus difficile à mettre en place des quatre premières techniques. Viennent ensuite les haies et la réduction des pesticides. L’échelonnage du fauchage des inter-rangs est considéré comme la technique la plus simple à mettre en place. « Mais une majorité des producteurs ne sont pas en mesure d’évaluer l’efficacité de ces méthodes, faute de méthodes de mesure facile de la biodiversité », précise la spécialiste. La diffusion de méthodes simples d’observation de la biodiversité faisait l’objet d’un autre volet du projet (cf. RFL n°372).

La crainte de l’augmentation des risques

Les producteurs mentionnent la protection du verger contre les bioagresseurs comme premier objectif d’une augmentation de la biodiversité. Mais la biodiversité est aussi considérée pour certains d’entre eux comme un atout pour améliorer les sols et la production, pour favoriser la pollinisation ou comme protection mécanique (barrière au vent). Son intérêt pour améliorer les conditions de travail par le côté esthétique qu’elle apporte et son impact sur la qualité des paysages ont aussi été mentionnés. Socialement, elle est considérée comme donnant une bonne image de l’exploitation, en donnant la possibilité de communiquer sur le patrimoine naturel. Si les avantages de ces techniques sont plus de fois cités par les interrogés, les inconvénients freinent pourtant leur mise en place. Certains producteurs mentionnent dans les désagréments constatés ou craints une augmentation de certains ravageurs comme les campagnols ou des adventices. Le coût, le temps, la difficulté et l’espace consommé pour la mise en place de certaines techniques sont d’autres contraintes citées. La compétition entre production et certains de ces aménagements fait craindre une perte de production. La diminution des traitements, nécessaire pour rendre la biodiversité effectivement fonctionnelle, engendre pour certains interrogés une augmentation des risques. Enfin la gestion extensive des abords des parcelles ou des inter-rangs renvoie à certains une image négative de leurs vergers. « Ces craintes, mais aussi des avantages cités, ne correspondent pas toujours à une réalité observée scientifiquement, nuance Servane Pervern. Il nous reste donc encore du travail pour lever ces freins. »

Des techniques choisies en fonction des attentes

« Le choix des techniques utilisées dépend des attentes des producteurs vis-à-vis de cette biodiversité fonctionnelle », analyse Servane Penvern. Quatre approches ont ainsi été identifiées. Pour les producteurs qui ont une approche passive, ils ne cherchent pas à influencer les populations de plantes et d’animaux déjà présentes dans les vergers. Leur démarche va se concentrer sur une baisse des produits phytosanitaires, l’enherbement du verger et la plantation de haies. Pour une approche tournée vers la régulation des bioagresseurs, les auxiliaires sont favorisés par des haies souvent plantées avec des espèces choisies. Pour les héberger, plantes de services, nichoirs à mésange, perchoirs à rapace, gîtes à insectes et refuges à mustélidés sont installés en densité variable au sein du verger. Le rang est entretenu pour favoriser les prédateurs du campagnol et le désavantager avec un désherbage chimique ou un travail du sol. Des bandes fleuries sont semées sur le rang pour les nourrir et des auxiliaires supplémentaires sont introduits.

Lorsque l’objectif des producteurs est d’augmenter la biodiversité générale de leur parcelle, ils choisissent plutôt l’implantation de haies multistratifiées et connectées d’espèces locales pour créer des couloirs de circulation. Ils augmentent la diversité végétale au sein des vergers avec l’implantation de plantes de service, de bandes fleuries entre le rang et l’inter-rang. Le rang est enherbé avec une végétation spontanée sur lequel les fauches sont réduites et échelonnées, l’herbe est parfois seulement roulée. Les abords du verger sont gérés à minima. Enfin des gîtes à insectes souvent artisanaux sont disposés dans le verger. L’approche peut être aussi multiple avec aussi un objectif d’amélioration du sol, d’apport d’azote ou d’autres minéraux. Aux techniques citées, peuvent s’ajouter alors la création de plan d’eau, la diversification des productions au sein d’une parcelle, un changement dans la conduite du verger ou le mode de production.

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