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Plaine du Roussillon : la création de filiales au cœur de la coopérative

La majorité des coopératives des Pyrénées-Orientales sont plus que centenaires, Plaine du Roussillon détonne par son jeune âge. Malgré sa courte histoire, la coopérative maraîchère a démontré sa grande capacité à relever des défis et à être innovante.

Créée en 1990 par une trentaine de maraîchers suite à l’arrêt du marché au cadran de Perpignan, Plaine du Roussillon commercialise vers le réseau grossistes des productions conditionnées sur les exploitations. Un an plus tard, elle est reconnue Organisation de producteurs. Dès 1995, des investissements importants sont réalisés en vue de mutualiser le conditionnement des 7 000 à 9 000 tonnes de salades et tomates produites en moyenne annuellement.

En dépit d’un phénomène neigeux exceptionnel qui conduira en 1992 à la destruction de 80 % de son parc de serres, la structure fait face. « Malgré les très grandes difficultés économiques engendrées par ce phénomène climatique survenu tout juste deux ans après la création de la coopérative, les adhérents ont reconstruit leurs serres. In fine, le parc de serres modernisé avait augmenté en superficie », relate Jean-Marie Roger, président de la structure depuis 2011. En 1997, les administrateurs décident de devenir maîtres de la valorisation de ses productions et créent, en lien avec la coopérative Ille-Fruits, la structure commerciale Groupe Saveurs des Clos où ils deviennent actionnaires à 50 %. Suivra en 2010, le déménagement de la coopérative vers un autre lieu, plus stratégique d’un point de vue accessibilité. C’était sans compter sur la crise de la tomate qui, dès 2011, va conduire les adhérents à réorienter les superficies concernées vers du concombre. Désormais, la structure table sur trois cultures principales : la salade, le concombre et l’artichaut. Le développement commercial va s’accompagner de la création de la marque Cœur à Prendre en 2013. « L’objectif visait à mieux coller aux attentes des consommateurs en proposant des légumes frais pré-emballés et prêts à être consommés », explique le président. Une étape qui marquera le début d’une nouvelle ère pour la coopérative… qui veut prendre son envol et voir plus grand.

15 000 t à l’horizon 2020

Pour voir plus grand, le président et son conseil d’administration ont d’abord fait le choix de voir plus loin. En 2014, la structure devient propriétaire d’une exploitation de 10 ha de serres verre sur la commune de Saint-Martin de Crau en Provence, ce qui représente un potentiel de production supplémentaire de quelque 3 500 tonnes de concombre. Géré sous forme de filiale dans un but de plus grande autonomie, ce site de production vient d’investir dans une unité de cogénération qui devrait permettre de construire 2 hectares de serres supplémentaires pour une plus grande rentabilité (voir encadré). « La création de filiales est un choix stratégique qui vise à donner plus d’autonomie à ses différents pôles de production. A moyen terme, notre ambition vise à utiliser ces filiales comme des tremplins en vue d’accompagner l’installation de jeunes maraîchers et assurer ainsi le renouvellement de nos adhérents », explique Gilles Bertrand, directeur général de Plaine du Roussillon depuis fin 2016.

En cinq ans, les quatre filiales Plaine-Agri 1 à 4 ont vu le jour. « L’objectif vise à conforter nos trois productions phare mais aussi à introduire et développer de nouvelles cultures de diversification telles que le céleri, le fenouil, l’épinard, la pomme de terre… en vue de proposer une gamme plus large et garantir une offre commerciale 12 mois sur 12 à nos clients », complète le directeur. Ces filiales sont complémentaires aux productions des adhérents, et sont au service de la croissance et de la maîtrise de la production par la structure. Ainsi, Plaine du Roussillon s’est fixée comme objectif d’atteindre les 15 000 tonnes de produits à l’horizon 2020 dont près de 1 000 tonnes d’abricots bio.

Deux marques et une alliance commerciale

Suite au rachat de l’exploitation provençale, Plaine du Roussillon lance en 2015 sa deuxième marque, Mistrane. 85 % des productions de la structure et ses filiales est commercialisé sous les deux marques, Cœur à Prendre et Mistrane. Près de 85 % des volumes de salades sont destinés au marché de la 4e gamme et 15 % est commercialisé en frais sous les marques Cœur à prendre et Jardin du Roussillon. En 2016, Plaine du Roussillon se sépare de Saveurs des Clos. Dans un but de complémentarité de productions, un nouveau rapprochement commercial avec l’entreprise thuirinoise Ille Roussillon voit le jour. « Ce partenariat, au sein duquel chaque structure garde ses spécificités, s’inscrit dans un objectif de meilleures organisation et structuration de l’offre », termine Jean-Marie Roger.

Depuis sa création en 1990, la jeune coopérative maraîchère Plaine du Roussillon a tracé sa route… Tout en restant fidèle à ses valeurs mutualistes, elle a su s’adapter et se renouveler pour devenir une structure avec laquelle il faut désormais compter. Référencées sur la totalité de la grande distribution française, ses productions sont commercialisées à 85 % en France et 15 % en Europe du Nord.

La cogénération, un investissement stratégique

« Dans un contexte européen très concurrentiel, sans la cogénération, l’exploitation serriste de Saint-Martin de Crau ne serait plus viable à très court terme », indique Jean-Marie Roger, président de Plaine du Roussillon et gérant de la filiale Plaine-Agri 2, propriétaire de l’exploitation. C’est ce qui a conduit les dirigeants de la filiale à investir 4,5 millions d’euros dans une unité de cogénération capable de produire 4,5 mégawatts. « Grâce à cet investissement qui nous fournit de l’énergie à un très bas coût, nous allons pouvoir produire à un prix très compétitif tout en nous permettant d’augmenter notre potentiel de production aux alentours de 4 000 tonnes sur ce site. Cet investissement dans la cogénération est stratégique pour le groupe. Indirectement, elle conforte l’organisation de l’ensemble du groupe Plaine du Roussillon », complète Gilles Bertrand, directeur du groupe.

Le tutorat en interne, un dispositif innovant

Les difficultés rencontrées par les candidats à l’installation sont accrues dès lors que les investissements initiaux sont importants, comme c’est le cas en productions sous serre. C’est à partir de ce constat que les dirigeants de Plaine du Roussillon ont engagé une réflexion et ont souhaité agir. « Les filiales que nous créons n’ont pas vocation à rester des filiales. Parce que notre coopérative a un besoin de renouvellement de ses adhérents, nous avons pensé les utiliser comme un tremplin pour l’installation », explique Jean-Marie Roger, président de Plaine du Roussillon. L’idée vise à faire émerger une nouvelle génération de maraîchers formés en interne. La coopérative a ainsi contacté des écoles d’ingénieurs en vue de sélectionner des candidats ou candidates intéressé(e)s par un tel projet. « L’idée vise à recruter un jeune ingénieur que l’on souhaite accompagner progressivement vers une totale autonomie de gestion technico-économique de l’exploitation, en cohérence avec le projet stratégique et commercial de la coopérative ainsi qu’avec ses valeurs », détaille Gilles Bertrand, directeur de Plaine du Roussillon. Pour atteindre cet objectif, les dirigeants de la coopérative veulent construire leur projet à partir de binômes constitués du candidat et d’un ancien coopérateur retraité. « Outre la mise à disposition du foncier et de tous les moyens matériels mis à la disposition du jeune, la coopérative lui garantit un accompagnement en termes de gestion technico-économique de l’exploitation », poursuit le directeur. Une première tentative réunissant un jeune diplômé et un ancien coopérateur est sur le point de se concrétiser au sein de la filiale Agri-Plaine 2 sur l’exploitation de Saint-Martin de Crau.

A savoir

Parcours

1990 – Création de Plaine du Roussillon par 30 maraîchers

1991 – La coopérative est reconnue Organisation de producteurs

1995 – Mutualisation du conditionnement

2011- Election du président Jean-Marie Roger

2013 - Création de la marque Cœur à Prendre

2014 – Rachat d’une exploitation serriste de 10 ha dans la Crau

2015 - Création de la marque Mistrane

2016 – Partenariat commercial avec Ille Roussillon

2018 – Installation d’une unité de cogénération

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