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Dossier Pêche : des variétés évaluées pour la bio

Quatre sites expérimentaux évaluent la compatibilité des nouvelles variétés de pêches et nectarines avec un mode de conduite en agriculture biologique. Résumé des premières observations.

La première qualité d’une variété de pêche ou nectarine pouvant être conduite en agriculture biologique est sa faible sensibilité aux bioagresseurs et principalement à la cloque et au monilia. « Une bonne variété de pêche ou nectarine en agriculture biologique doit aussi avoir un débourrement et une floraison tardive pour la zone drômoise, une production régulière, une conduite facile et de beaux fruits avec une bonne qualité », estime Yannick Montrognon de la Sefra (Drôme). Plusieurs dispositifs ont été mis en place pour évaluer nouvelles et anciennes variétés avec ce mode de conduite : dans la Drôme (Sefra et Grab), dans le Gard (Ctifl de Balandran, Sud-Expé Saint-Gilles). Les choix variétaux se sont portés sur une gamme de pêches et nectarines blanches et jaunes permettant de couvrir le calendrier de production. Au total, près de 120 variétés sont ou ont été observées. « Les quinze variétés du Ctifl, plantées en 2015 dans le cadre du projet Fan de Bio ont été choisies parmi les nouvelles variétés en évaluation selon les conseils de la distribution, auxquelles quelques anciennes variétés ont été ajoutées », précise Muriel Millan, Ctifl. Les résultats de Sud-Expé Saint-Gilles ont été obtenus sur une première tranche de plantation, observée de 2009 à 2014. Depuis de nouvelles variétés ont été surgreffées.

Coraline® reste une référence en pêche jaune

Parmi les pêches jaunes observées, Coraline® ressort comme adaptée à ce mode production. « Cette variété précoce paraît assez tolérante à la cloque », mentionne Laetitia Cuny, Sud-Expé Saint-Gilles. Elle a eu un rendement satisfaisant dans cet essai avec 18 t/ha valorisé en 6e feuille. Potentiel de production confirmé à la Sefra cette année, en 3e feuille, avec 20 t/ha commercialisable. « Et son coût de main-d’œuvre est parmi les plus bas avec 0,56 €/kg commercialisé sur une base de 11,80 €/h », ajoute Yannick Montrognon, Sefra. Diamond Princess*, testée à Sud-Expé Saint-Gilles, a rencontré parfois certains problèmes de monilia, ce qui a réduit son rendement valorisé. Les deux pêches jaunes Bright Princess* et Crispsun*, vont continuer à être observées après cette première année de récolte. Elles sont toutes les deux à la cloque et moyennement au monilia sur fruits. « Malgré ces sensibilités fongiques très problématiques en bio, Crispsun* a obtenu le plus faible taux de déchets liés aux ravageurs en station, un très bon rendement et une bonne qualité gustative  », précise Muriel Millan. Pour Yannick Montrognon, « sa trop grande sensibilité à la cloque la rend ingérable en agriculture biologique dans la vallée du Rhône. ». Crispsdelice Sun*, variété tardive, a eu une productivité intéressante à Sud-Expé Saint-Gilles sur les cinq années d’observation. Elle est facile à conduire et ne donne pas trop d’écarts de tri. Conquise* et Gardeta* ont été surgreffées à Sud-Expé Saint-Gilles en 2016.

Six variétés de pêches blanches retiennent l’attention

Les pêches blanches ont la gamme la plus large avec 14 variétés testées. « Ivory Star*, Sweetregal* et Sweetreine* sont d’ores et déjà à écarter de par leur trop grande sensibilité à la cloque », tranche Yannick Montrognon. Le débourrement d’Ivory Star* est trop précoce pour la région drômoise et il est difficile de couvrir toute la période de sensibilité à la cloque. « La variété Lucius* serait sans doute à écarter, suggère Muriel Millan, Ctifl. Ses rendements sont faibles, elle a une mauvaise qualité gustative et une forte sensibilité aux maladies ». La plus précoce, Patty® n’a pas rencontré de situation ingérable en cloque à Sud-Expé Saint-Gilles malgré un débourrement précoce, « pour peu que sa protection ait été faite à temps », indique Laetitia Cuny. Pamela* a déçu dans la Drôme pour cette première récolte, par ses faibles calibres (88 g en moyenne) bien que sa production soit la plus élevée, proche de 30 t/ha en 4e feuille. Genadix 4, une variété ancienne testée au Ctifl, présente une bonne qualité gustative, un bon rendement et une très bonne tolérance à l’ensemble des bioagresseurs en verger. En revanche, elle pèche par sa faible tenue en post-récolte. Onyx® est la variété de pêche blanche retenue dans l’essai de la Sefra avec une sensibilité à la cloque gérable en bio, une productivité correcte et un faible coût de main-d’œuvre. La variété Surprise* en est une bonne. « Elle a de bons niveaux agronomiques sans générer trop de déchets », détaille Laetitia Cuny. Monmeil*, observée au Ctifl, n’a pas encore convaincu avec sa sensibilité à la cloque, au monilia et sa faible tenue en post-récolte. Bellerime® et Bellamine* sont assez peu sensibles à la cloque, aux thrips et au puceron, mais beaucoup moins au monilia. Elles sont parmi les variétés ayant produit les meilleurs calibres au Ctifl. Et Bellerime® parmi les variétés avec les meilleurs rendements commercialisés à Sud-Expé Saint-Gilles. « Elle a aussi un bon comportement en affinage avec très peu de perte de fermeté », détaille Hélène Deguette, Ctifl. Belle de Montélimar, une variété ancienne est uniquement conseillée en circuits courts car elle évolue vite sur l’arbre. Peu sensible à la plupart des bioagresseurs, sauf au puceron farineux et à la tordeuse orientale, assez productive elle est pourtant l’une des variétés avec plus d’un tiers de déchets en verger et 40 % en station. Flatbella* et Flatreine*, les deux variétés de pêche plate blanche testées au Ctifl, brillent par leur qualité gustative et leur attrait malgré une sensibilité au monilia sur fruits plus importante pour Flatreine*. Monange* vient d’être surgreffée à Sud-Expé Saint-Gilles.

Des déceptions en nectarines jaunes

Parmi les nectarines jaunes, aucune n’a encore convaincu. Big Bang®, la plus précoce, a déçu à Sud-Expé Saint-Gilles, avec beaucoup de fruits déclassés et du calibre parfois insuffisant. Honey Fire* en test au Ctifl est tolérante au puceron, à la tordeuse et moyennement sensible à la cloque. Mais avec 45 % de fruits non commercialisables sur les 6 t/ha produites pour cette première année, elle est loin d’avoir conquis son public. « Honey Blaze* n’est absolument pas envisageable en bio avec ses sensibilités à l’oïdium et au monilia », souligne Laetitia Cuny. Nectariane* a un comportement moyen avec parfois des départs de pourriture. « Elle est très sensible à la cloque, au monilia sur fruits et rameaux en verger et au thrips », ajoute Muriel Millan. Nectatop* a les mêmes défauts avec une moindre qualité gustative et tenue en post-récolte. Enfin, « Nectavantop*, arrivant mi-août a eu un tiers de fruits moniliés, ce qui s’est ressenti sur sa productivité : 8 t/ha », analyse Yannick Montrognon.

Des variétés intéressantes en nectarines blanches

Le choix de variétés de nectarines blanches adaptées à la conduite en agriculture biologique est plus large. Parmi les précoces Garcica* s’en sort correctement dans le Gard malgré son débourrement précoce. « Quelques fruits boisés ont toutefois été notés », fait remarquer l’expérimentatrice de Sud-Expé Saint-Gilles. Nectarboom* testée dans la Drôme, est sensible aux monilioses avec 11 % de fruits pourris pour une récolte début juillet. « Sa sensibilité aux forficules peut expliquer ce résultat », analyse le technicien. Sa production a été correcte mais avec des calibres faibles. Magique® a eu globalement un excellent comportement dans le Gard, malgré une année avec un litige commercial pour un problème de tenue. Sur le site drômois, le technicien a obtenu de bons résultats avec Cristal®. Elle produit de beaux fruits de belle présentation. Mais sa floribondité est moyenne à faible et elle est sensible aux forficules. « La glu est obligatoire », insiste Yannick Montrognon. Nectarlove* et Nectardream* sont proches en termes de sensibilité. Elles sont très sensibles au thrips mais moyennement sensibles à la cloque. « Nectardream* se conduit facilement et elle est productive, précise le technicien de la Sefra. Ses défauts : une sensibilité à l’oïdium et aux escargots. Mais l’oïdium se gère bien avec du soufre ». Nectarlove* est en revanche plus sucrée et a un meilleur attrait que la précédente. Tourmaline®, qui arrive fin juillet, nécessite d’être bien chargée pour éviter les départs de pourritures. Les récoltes des prochaines années permettront d’affiner ces premiers résultats et de proposer à terme un calendrier variétal pour l’agriculture biologique.

81 variétés de pêchers testées au Grab

Les différences de sensibilité à la cloque, ici entre Ivoire et Summer Lady, ont parfois été très visibles sur l'essai du Grab dans la Drôme. © Grab

 

Le Grab étudie depuis 2002 la sensibilité variétale des pêchers aux bio-agresseurs. Deux types de démarches complémentaires ont été entrepris : une démarche prospective d’évaluation d’une large gamme de variétés en vue d’identifier, par exemple, de futurs géniteurs et une démarche d’évaluation plus approfondie incluant aussi rendement, calibre, qualité des fruits, etc. Selon la nature des essais, les variétés choisies sont des variétés dites « anciennes », pour caractériser la richesse du patrimoine fruitier, ou des variétés dites « modernes », pour identifier parmi le turn-over variétal important les variétés pertinentes en AB, ou des variétés en cours de sélection ou ayant été mises de côté par le dispositif classique d’évaluation variétale, mais potentiellement intéressantes en AB. Sur les 12 variétés observées sur le site de l’Inra de Gotheron (Drôme) en 2009-2011, seules les variétés anciennes Reine des Vergers et Belle de Montélimar ont présenté moins de 60 % de surface de feuilles cloquées en année à forte pression. Quelle que soit la pression, Whitered et Summer Lady sont les plus atteintes par la cloque. Des suivis de variétés anciennes ont continué chez des producteurs de 2014 à 2016. Mireille, Rouge d’Occitanie, RedHaven, sénateur Cazeneuve, Incomparable Guilloux et Honey de Hale ont eu moins de 20 % de feuilles cloquées sur les trois années d’observation dans un verger de la Loire. Dans un autre verger de producteur dans la Drôme où la pression est faible, les variétés touchées à moins de 5 % étaient Mekline, Hermione, Coraline, Plate Saturne, Spring Lady, M. Bianca, Laurired, Sweet Cap et Rose Diamond.

 

Retrouvez tous les articles de notre dossier Pêche :

Une tolérance au thrips difficile à dégager

La tordeuse n’a pas de préférence

Les précoces s’exposent à la cloque

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