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Arboriculture : Le sol pose question

Une enquête du Gis fruits sur les sols en verger met en lumière le besoin de nouvelles références sur les apports hydrominéraux afin de pouvoir répondre aux problématiques préoccupantes de perte de vigueur.

« Pour mieux cerner les attentes du terrain vis-à-vis des problématiques sol, une enquête a été lancée l’été 2016 par le Gis Fruits », présente Pascale Guillermin d’Agrocampus Ouest centre d’Angers, qui a piloté l’enquête. Près de deux tiers des enquêtés expriment des attentes fortes sur des outils de diagnostic du sol et de l’état hydrominéral de l’arbre. En effet, des problèmes liés au sol émergent en verger adulte, comme une perte de vigueur végétative, avec une hétérogénéité au sein du verger pouvant conduire à des pertes de rendement. Environ 75 % des enquêtés sont concernés, et ce quelle que soit l’espèce ou le bassin de production. Pour 15 % d’entre eux, ce sont des problèmes vraiment préoccupants. Parmi les autres problèmes liés au sol soulignés par les producteurs, les campagnols et les pathogènes telluriques sont aussi considérés comme vraiment préoccupants pour près d’un tiers d’entre eux. Un autre tiers classe ces problèmes comme "non importants".

Effet inconnu sur le sol de huit pratiques

La connaissance de l’effet des pratiques culturales sur ces symptômes est partielle. Cinq pratiques sont considérées comme positives par 25 à 60 % des producteurs et des conseillers pour diminuer ces symptômes. Ce sont l’apport de matière organique, le travail du sol à la plantation, l’âge et l'origine du scion, le pilotage précis de l’irrigation ainsi que le désherbage mécanique du rang. « Le décompactage profond du sol avant plantation est largement plébiscité », analyse Claude Coureau, Ctifl. A contrario, quatre pratiques sont considérées comme néfastes pour un quart à un tiers des interrogés : un nombre trop élevé de passages de machine, les précédents culturaux (mêmes espèces), l’enherbement spontané sur le rang et une plantation tardive en fin d’hiver. « Le nombre annuel de passages tracteurs se situe le plus souvent au-dessus de 15. Il est unanimement considéré comme trop élevé et pénalisant pour le sol, avec une forte dépendance au climat », continue Pierre Varlet de l’ANPP. Le désherbage chimique est majoritairement considéré comme sans effet sur l’expression des symptômes. « Mais pour les huit autres pratiques proposées hors apports fertilisants, la réponse majoritaire est "ne sait pas" », commente Nathalie Rivière de la Chambre d’agriculture de Lot-et-Garonne. Ces interrogations concernent diverses pratiques à la plantation : désinfection du sol, surgreffage, mise en place de cultures intermédiaires avant plantation, les apports à la plantation autres que la matière organique (mycorhizes, stimulants racinaires…), les pratiques de gestion de l’inter-rang et du rang et l’effet d’un rationnement contrôlé de l’irrigation.

Pas de lien entre analyse de sol et symptômes

Parmi les caractéristiques du sol, seuls le caractère plus ou moins séchant ou plus ou moins hydromorphe et la texture ont été donnés comme influençant ces symptômes par plus de 50 % des enquêtés. Mais pour ces trois caractéristiques, il n’y a pas consensus sur l’effet induit. Ainsi, pour l’hydromorphie, 80 % des répondants considèrent qu’elle augmente les symptômes, contre 20 % pour qui elle la diminue. De même pour la texture, trois quarts considèrent que les sols argilo-limoneux augmentent les symptômes alors que le quart restant considère que ce sont les sols sableux, filtrant et peu argileux. Près de 70 % des enquêtés ne considèrent pas qu’il y a un lien entre les symptômes observés en parcelle et les résultats d’analyses de sol classiques.

Une demande pour mieux maîtriser la fertilisation

« Pour plus des deux tiers des répondants, les apports organiques au sol et les engrais foliaires sont globalement considérés comme efficaces pour diminuer l’apparition des symptômes », analyse Maud Delavaud du Bureau interprofessionnel du pruneau. Mais les apports de matière organique sont parfois notés comme peu efficaces ou pouvant entraîner des problèmes de type campagnols ou chancre. Les apports minéraux sont plébiscités mais dans une moindre mesure. L’intérêt des apports en cuivre est controversé. Malgré ces constats empiriques, les producteurs demandent à mieux maîtriser les apports de fertilisants. Plus de 50 % d’entre eux ont identifié l’optimisation des apports dans leur forme et leur équilibre et l’évaluation de la minéralisation des matières organiques comme des thèmes de recherches prioritaires. « L’augmentation des apports sous forme organique et leur diversification peut expliquer ce besoin de renouvellement des connaissances sur ce thème », ajoute Anne Guérin de l’Institut français des produits cidricoles.

Des références à revoir

L’état biologique et de capacité nutritionnelle du sol, ainsi que l’état hydrominéral des arbres semblent donc être les principales attentes des producteurs. « Plusieurs outils de pilotage ou d’analyse de sols, de feuilles, de fruits ou de bourgeons sont testés, commente Claude Coureau. Mais ils ne semblent pas donner entière satisfaction. L’interprétation reste décevante ou mériterait d’être approfondie ». Les référentiels sur lesquels s’appuient la plupart des acteurs de terrain sont souvent anciens, voire mal connus. Et surtout, ils ne prennent pas nécessairement en compte l’évolution des pratiques dont le développement de nouveaux modes de gestion du sol ou de nouvelles formes d’apports, entre autres organiques. « C’est une des causes pouvant expliquer cette perte progressive de vigueur, voire de rendements, constatés dans de nombreux vergers, conclut Pascale Guillermin. Il semble donc urgent de revisiter les fondamentaux concernant l’alimentation hydrominérale ».

Source : Enquête du GIS Fruits sur les sols de vergers

Peu de différence entre régions et espèces

De manière générale, les réponses diffèrent peu en fonction des espèces ou des bassins. Mais deux types de profils de répondants se dégagent. Le premier groupe classe systématiquement tous les problèmes au bas de l’échelle. Il ne semble donc pas rencontrer de problèmes vraiment majeurs liés au sol. Les enquêtés concernés par la production de pêche dans le Sud-est sont surreprésentés dans ce premier groupe. A l’opposé pour d’autres, tous les problèmes sont considérés comme préoccupants. Les producteurs et techniciens de fruits à pépins du Val de Loire sont plus importants dans ce second groupe. Ils semblent également plus nombreux à rencontrer des problèmes de campagnols. La même analyse montre que les producteurs de prune d’Ente du Sud-ouest sont davantage préoccupés par les problèmes de fonctionnement du sol que la moyenne des autres répondants.

 

 

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