Aller au contenu principal

Châtaigne : Des variétés pour relancer la filière

La variété de châtaigne Bellefer® commence à se planter pour une utilisation de ses fruits en industrie. Cette nouvelle variété issue d’une sélection de l’Inra est la première des trois variétés sélectionnées résistantes au phytophthora. Chacune se positionne sur un créneau.

Bellefer® produit des fruits aux qualités recherchées par l'industrie en manque de matière première.
© M. Le Corre

" La production de châtaigne européenne chute. En cause le cynips, les aléas climatiques… annonce Nathalie Lebarbier d’Invenio. La filière transformation française, qui importe 20 000 t de châtaigne par an, a de plus en plus de mal à s’approvisionner." Produire de la châtaigne pour cette industrie est donc un vrai challenge à relever pour la filière française. " Nous misons beaucoup sur des plantations de la nouvelle variété Bellefer® ", espère la technicienne châtaigne. Cette nouvelle variété est issue d’un programme de l’Inra, débuté en 1992, dont l’objectif était de créer des variétés hybrides peu sensibles à la maladie de l’encre (phytophthora). Parmi les 6 000 semis initiaux, seules 10 sélections ont été gardées pour une observation dans des vergers de comportement. Trois variétés sont finalement en démarche de diffusion. Bellefer® est l’une d’entre elles. « Cette variété a été choisie pour les caractéristiques de ses fruits répondant aux besoins de l’industrie : ses petits fruits s'épluchent bien et leur goût est apprécié. Et sa chair se tient bien à la cuisson pour faire des marrons grillés », souligne Nathalie Lebarbier. Enthousiaste, la technicienne énumère ses avantages. "Sa mise à fruit est rapide. Elle est très productive : en 10e feuille, nous avions 12 t/ha avec des plantations à 7 m par 7 m. A partir de la 10e feuille, on peut donc attendre une production de 40 kg/arbre en 10 m par 10 m." L’arbre est en effet équipé pour produire avec des inflorescences à deux ou trois bogues réparties sur tous les rameaux. Mais elle a besoin d’arbres pollinisateurs. Cette variété demi-précoce a aussi pour elle une faible sensibilité au carpocapse. "Elle est sensible au cynips, ajoute la spécialiste. Mais les galles de cynips restent petites et donc la surface foliaire est moins affectée." Le calibre des fruits se situe autour de 100 fruits/kg. Mais pour la transformation, ce caractère n’est pas un problème.

Florifer, un bon pollinisateur

La seconde variété en cours de développement commercial est OG19. Elle a été sélectionnée pour le marché du frais. Cette variété précoce a un fruit typé, proche de celui de Marigoule. « Son fruit épluché est clair avec un bel aspect, il s’épluche bien et il se conserve mieux que celui de Bouche de Bétizac, récolté à la même époque », note Nathalie Lebarbier. Sa production est moyenne, autour de 40 kg/arbre après la 10e feuille. « C’est une variété avec beaucoup d’avantages, insiste l’expérimentatrice. Elle est résistante au cynips mais semble sensible au carpocapse. Nous sommes encore en phase de multiplication des individus pour mieux évaluer la capacité de cette variété."

Troisième variété sortie du programme : Florifer. De par ses chatons très longs, elle est conseillée comme variété pollinisatrice. Avec 52 fruits par kilo, ses fruits sont de catégorie 1 avec une bonne qualité gustative, ils s’épluchent et se conservent bien. Sa mise à fruits est lente et sa productivité faible, autour de 20 kg/arbre après la 10e feuille. Cette variété est aussi sensible au cynips. « Les arbres sont petits et pourraient être plantés plus densément pour augmenter la productivité par hectare », suggère Nathalie Lebarbier.

Agriverger, un projet de filière pour l’industrie

"Avec Agriverger, notre objectif est de développer 1 200 ha de verger pour la transformation avec la variété Bellefer® dans le bassin de production Sud-ouest", affirme avec conviction Bertrand Guérin, président de l’Union Interprofessionnelle Châtaigne Périgord-Limousin-Midi-Pyrénées. Agriverger est une société regroupant trois organisations de producteurs : Périgourdine, Limdor et Fermes de Figeac. Elle a pour objectif de lever les freins du financement et du travail de plantation d’un verger. "Implanter un verger coûte environ 13 000 €/ha. Agriverger propose d’avancer les frais et de délivrer un verger clef en main au producteur. La société s’occupe d’acheter les plants, de les planter et d’installer le système de fertirrigation", explique le professionnel. Pour rembourser l’avance de ces frais, le producteur paye un loyer à Agriverger de 300 €/an pendant les années improductives et de 1 000 € sur les années de production pendant 15 ans. Pour entrer dans ce dispositif, le producteur doit engager un îlot de production de minimum cinq hectares. Il doit devenir adhérent à une des trois coopératives. "Mais le dispositif n’est pas fermé", précise Bertrand Guérin. Le producteur s’engage à apporter l’ensemble de sa récolte de la parcelle engagée à sa coopérative pendant 15 ans. Avant de signer la convention de partenariat, un technicien passe sur la parcelle pour s’assurer de la qualité du sol, de la disponibilité en eau et de la motivation du producteur. "Le contrat spécifie un prix minimum garanti de 1,80 €/kg", souligne le responsable. La communication pour ce dispositif commencera cet hiver. Pour le moment, seuls six hectares ont été plantés. "Nous avons encore quelques problèmes de disponibilité en plants de qualité. Mais le nombre de plants disponibles va progresser vite, nous permettant de planter 200 ha par an d’ici à 2020"

Les plus lus

Salon de l’Agriculture : C'est Qui Le Patron ?! débarque sur les fruits et légumes

La démarche C’est Qui Le Patron ?! (CQLP) qui assure une juste rémunération pour le producteur et qui s’est fait connaître sur…

Face à la sécheresse, comment l'agriculture des Pyrénées-Orientales envisage sa gestion de l'eau ?

Face au manque d’eau, à l’amenuisement des réserves et à la sécheresse prolongée, les Pyrénées-Orientales se concertent pour…

Emballage plastique des fruits et légumes : le Conseil et le Parlement UE s’accordent sur une interdiction

Le Conseil et le Parlement sont parvenus lundi 4 mars à un accord provisoire sur le projet de règlement Emballages, texte issu…

Salon de l’Agriculture : la noisette française Koki a un message à faire passer au président Macron

La coopérative Unicoque et l’association de la noisette française ANPN ont écrit en semaine 8 un courrier au président de la…

Fraises hors sol cultivées en France
Fraise française : un bon début pour la commercialisation... à poursuivre

En retard par rapport à l’an dernier, la saison de la fraise française a bien commencé d’autant que la fraise espagnole est…

Remise de la Légion d'Honneur à Laurent Grandin par Marc Fesneau au salon de l'Agriculture 2024.
Plan de souveraineté fruits et légumes : 100 M€ supplémentaires en 2024

Au salon de l’Agriculture, Marc Fesneau a débuté la journée du 29 février sur le stand des fruits et légumes frais afin de…

Publicité
Titre
Je m'abonne
Body
A partir de 354€/an
Liste à puce
Accédez à tous les articles du site filière Fruits & Légumes
Profitez de l’ensemble des cotations de la filière fruits & légumes
Consultez les revues Réussir Fruits & Légumes et FLD au format numérique, sur tous les supports
Ne manquez aucune information grâce aux newsletters de la filière fruits & légumes