Point de vue des fournisseurs

Enquête en Pays de la Loire

Le groupe Estivin, basé à Tours, à travers ses filiales de négoce et Estivin Logistique Services, livre plusieurs drives. Les volumes sont évidemment bien inférieurs à une GMS traditionnelle. En revanche, la gamme de produits est identique. Pour Bernard Estivin qui dirige le groupe, ce nouveau segment de marché est une opportunité à saisir. « Les fruits et légumes ne sont pas des produits faciles à commercialiser. Contenter le consommateur n'est pas aisé. Aussi, plus on multiplie les façons de vendre des fruits et légumes, plus notre filière sera dynamisée. » Néanmoins le drive ne s'ouvrirait pas encore assez au secteur. « En fruits et légumes, l'acheteur ne visualise pas véritablement ce qu'il achète, analyse Bernard Estivin. C'est beaucoup plus facile avec un paquet de café ou de spaghetti qui sera reconnu grâce au packaging. Or la photo d'un fruit ou d'un légume ne renseigne pas vraiment sur l'aspect visuel du produit sans parler de la maturité et de la qualité gustative. La promesse est donc très difficile à tenir. » Le dirigeant d'Estivin estime que le drive se développera d'autant plus que les produits seront mieux identifiables et en mesure de répondre aux attentes.

Depuis début novembre, le groupe offre ainsi un panier composé de six espèces différentes. Le succès a été immédiat. Le drive que nous avons contacté note que les acheteurs apprécient ce genre de conditionnement comprenant des produits cultivés localement, de qualité et d'un prix raisonnable. « Nous aimerions en proposer davantage, regrette le directeur de ce drive. Mais tout dépend des intentions de notre centrale d'achat. »

Pratique depuis quatre ans

Ces paniers faciliteraient le travail des drives qui proposent uniquement des fruits et légumes en grammage fixe ou à l'unité. Cependant, beaucoup d'entre eux donnent le choix – parfois limité – de pouvoir commander le volume souhaité. L'Hyper U de Mûrs-Erigné, l'un des plus importants magasins de Système U de la région Ouest, a opté pour ce système. Les pommes par exemple en font partie. L'Hyper U est bien rodé puisque le drive date de 2009. Pour Vincent Rolland, responsable du rayon fruits et légumes, ces produits prennent de plus en plus d'importance dans le panier. Le client a une très large gamme à sa disposition, en tout cas plus large que d'autres concurrents. Sur un total de 16 000 références, les légumes en représentaient 84 et les fruits 61 le jour où nous avons cliqué sur leur site (http: //www.coursesu.com/ murserigne/AccueilMagasin/_mag). « Quotidiennement, je réactualise le site, explique Vincent Rolland. Je mets en ligne les produits nouveaux et je retire ceux qui ne sont plus disponibles. » Ce n'est donc pas le chef du rayon fruits et légumes qui gère le picking. Une personne est dédiée spécialement au drive comme dans de nombreuses autres enseignes. Elle s'approvisionne dans les rayons au fur et à mesure des commandes.

De la souplesse dans le grammage

Unanimement, tous les drives contactés effectuent un tri sévère de la marchandise. « Nous jetons beaucoup plus de produits que dans une GMS classique, affirme le directeur d'un drive solo. Nous devons être irréprochables. Si toutefois l'aspect d'un légume ne convient pas au moment de la livraison, nous le changeons. Par exemple, le client n'apprécie pas une courgette dans le lot qui lui a été remis, nous faisons le changement. Nous faisons preuve d'une certaine souplesse. » C'est également le cas au supermarché Intermarché des Ponts-de-Cé, 11 000 habitants, en banlieue proche d'Angers. Installé depuis peu, le drive a trouvé sa clientèle. Deux salariées sont dédiées spécialement à ce nouveau type d'achat. « Nous avons décidé de franchir le pas, parce que nous sentions une demande forte de la part de notre clientèle », affirme Frédéric Chastel, directeur. Les fruits et légumes représentent une part importante du panier de l'acheteur en drive. Kiwis, bananes, tomates et pommes de terre figurent en tête des produits préférés (le nombre de références en drive au niveau national atteint les 400 pour l'enseigne des Mousquetaires). Le choix est identique à celui du rayon. Et les consommateurs peuvent choisir le grammage, remplacer un fruit ou un légume s'il ne convient pas. « Avec le drive, nous nous adaptons aux attentes de nos clients », témoigne le directeur.