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Noix : optimiser pour gagner du temps

Frédéric Ollier-Faure est un des seuls nuciculteurs d’Isère à posséder une trieuse optique. Un choix fait pour dégager du temps pour sa vie de famille. Et un premier pas vers une optimisation de ses outils de production.

Pour faire le travail d’une trieuse optique, il faudrait six personnes »

FRÉDÉRIC OLLIER-FAURE, nuciculteur

« Je ne ferai pas marche  arrière ! ». En arrière pour Fréderic Ollier-Faure, c’est l’époque du tri manuel de ses noix. « Nous avions besoin d’être trois, mes parents et moi, se souvient cet entreprenant nuciculteur de Saint-Lattier. On travaillait 520 h à la récolte et au tri pour une production de 35 t de noix sèches ». Aujourd’hui, Fréderic Ollier-Faure peut travailler seul. Et ses 45 t de noix sèches sont récoltées et triées en 370 h de travail. « Avec la naissance de mes enfants, le tri manuel est devenu trop contraignant. J’ai donc voulu optimiser mon temps de travail en investissant dans une trieuse optique ». Elle a pris sa place sur la ligne : écaleuse, laveuse, brosseuse, trieuse et séchoirs. « En 1 h, elle trie 3,5 t de noix sèches, précise, satisfait, le producteur. Il faudrait six personnes pour aller aussi vite. Et je ne touche plus du tout aux noix ! » Une vitesse qui est conservée sur toutes les machines de la ligne, toutes autonomes.

Le tri n’est plus un frein dans le débit du chantier de récolte. Celle-ci se planifie maintenant selon la capacité de séchage. En une journée, le nuciculteur peut secouer ses noyers le matin, récolter ses noix l’après-midi et débuter la ligne de tri à 17 h. « En anticipant les temps de passage dans la ligne, je peux retarder mes récoltes pour une meilleure maturité des noix ». Une qualité qui est aussi préservée en évitant aux noix de rester au champ trop longtemps ou dans la remorque en raison d’une ligne de tri engorgée. « Et mes taux de déchets à la coopérative sont toujours inférieurs à 4 % comme lors du tri manuel », ajoute ce pragmatique quadragénaire. Si l’investissement, de quelques dizaines de milliers d’euros, peut faire reculer, il est à comparer aux investissements pour les machines à récolter. « Or, contrairement aux récolteuses, l’usure d’une trieuse est moindre car elle travaille dans un espace propre, affirme Frédéric Ollier-Faure. C’est un investissement pour une vie ».

Des séchoirs plus efficaces et moins énergivores

Gagner du temps, l’arboriculteur a aussi réussi à le faire avec de nouveaux séchoirs. « Mon objectif était d'avoir plus de capacité de séchage sans que cela prenne plus de place sous le bâtiment, analyse l’arboriculteur. Je souhaitais aussi réduire mes temps de séchage tout en consommant moins d’énergie ». Son investissement progressif dans quatre séchoirs silos lui a permis de passer à une consommation de 33 kg de gaz par tonne de noix sèches. « Une vis sans fin remonte de temps à autres les noix dans le silo, détaille le producteur. Cela permet d’homogénéiser le séchage des noix, ce qui économise de l’énergie ». Chaque silo est chauffé entre 30 et 50°C. Une sonde d’humidité placée au dessus du séchoir arrête le chauffage quand le taux d’humidité souhaité est atteint. « Pour sécher 10 m3, j’ai besoin de 15 h à 30 h selon le taux d’humidité d’entrée des noix. Mais pour remplir un séchoir, je n’ai besoin que d’une heure et quart ».

Produire de l’électricité sur ses toits

Toujours dans cette idée d’optimisation, Frédéric Ollier-Faure s’est aussi penché sur la valorisation de ses toits pour produire de l’électricité. « En 2010, j’ai dû remplacer le toit d’un hangar. J’ai alors décidé d’y installer des panneaux photovoltaïques », poursuit l’entrepreneur. L’installation actuelle produit 200 Mégawatt revendus totalement, pour seulement 4 000 kW consommés sur l’exploitation. Et le producteur prévoit d’étendre les surfaces pour arriver au final à 1 200 m2, soit 180 Kwc de panneaux. « Avec cet apport financier et les bons prix actuels de la noix, j’arrive à avoir une vie plutôt sereine et surtout une activité diversifiée ».

Une trieuse sur mesure

La trieuse optique de Frédéric Ollier-Faure a d’abord été conçue par l’entreprise italienne Protec pour le tri des olives, des tomates et des pommes de terre... « Mais M. Guillot de Recolt’concept a adapté le module de base à ma ligne de tri », témoigne l’arboriculteur. Son adaptation à la noix a nécessité un réglage colorimétrique. Elle détecte les défauts externes de couleur lorsque les noix passent entre deux rangées de Led à la sortie du convoyeur. Les noix vertes, celles avec des tâches noires ou les noix cassées sont éjectées grâce à des doigts à air comprimé. Trois sorties sont possibles. « Les noix doivent être lavées avant passage dans le trieur, précise Maurice Guillot, distributeur du matériel en France. Selon le nombre de rainures, entre 3 et 8 t/h de noix équivalent sec, peuvent être triées. » Plusieurs programmes sont enregistrables. « Cela me permet de modifier la sensibilité de la machine au fur et à mesure de la saison, détaille Frédéric Ollier. Plus la saison avance, plus la noix est foncée. » Il est aussi possible de trier des noix sèches et des cerneaux.

PARCOURS

1994 : BTS agricole, arboriculture compta et gestion

1996 : stage d’installation dans une exploitation arboricole avec gestion de personnel

1997 : installation sur l'exploitation familiale de 40 ha en céréales, tabac et noix

1998-2003 : atelier fraise avec vente directe sur marché à Grenoble

2000-2012 : agrandissement des vergers de noyers

2006 : arrêt des céréales car changement de la PAC

2010 : arrêt du tabac car chute des prix

2012 : 1er essai de trieuse optique

Ne pas mettre tous ses oeufs dans la même variété

Si la Franquette est la variété traditionnelle en Isère, Frédéric Ollier-Faure a choisi de diversifier sa production. En choisissant d’autres variétés, l’arboriculteur a, là aussi, voulu rationnaliser ses temps de travaux en étalant la récolte. « J’ai 17 ha pour la production de noix sèches avec les variétés Franquette et Fernor et 8 ha de Lara pour de la noix fraîche, énumère le producteur. Les noix fraîches se récoltent début septembre. Fernor est plus précoce que Franquette qui commence à se récolter fin septembre ». Les variétés Lara et Fernor ont un plus gros potentiel de production car elles se conduisent en verger plus dense planté en 10 m par 10 m, ou un peu plus serré. Moins vigoureuse que Franquette, Fernor donne des arbres moins volumineux avec moins de prise au vent. Frédéric Ollier-Faure a donc planté cette variété sur ses parcelles les plus ventées. « Mais les noix de la variété Lara et Fernor n’ont pas le label Noix de Grenoble ! Et les noyers semblent plus sensibles à la mouche », fait remarquer le nuciculteur, engagé auprès de la coopérative Coopenoix.

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