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Point de vue des fournisseurs
Les Bretons préparent leurs gammes

En Bretagne, où le drive se développe peut-être encore plus vite qu'ailleurs, les principaux opérateurs préparent des gammes adaptées à ce nouveau mode de distribution.

Emmanuel Descloux, directeur marketing chez Prince de Bretagne, en est convaincu : le drive va révolutionner le monde du commerce. « Le nombre de drive augmente tous les jours, constate-t-il. Les produits frais y sont encore peu présents, même si les fruits et légumes sont les produits frais qui ont l'assortiment le plus large. Mais les consommateurs qui ont goûté au drive ne reviennent pas en arrière. Avec le temps, ils demanderont plus de produits frais et notamment plus de fruits et légumes qui, dans un drive, subissent moins de variations de température et sont moins manipulés. » Pour Prince de Bretagne, le développement d'une offre pour le drive est donc un axe stratégique. Très rapidement, la marque veut proposer 70 références adaptées à ce créneau. « Certains produits y sont directement adaptés comme la tresse 1 kg d'oignons de Roscoff, qui constitue une unité de vente consommateur et se stocke, ou encore la tête de brocoli ou de chou-fleur en sachet flow-pack. Pour les produits qui se pèsent, la situation est plus compliquée. » La marque travaille donc sur des conditionnements permettant de vendre en drive des produits qui se pèsent, comme la tomate grappe. Elle voit aussi dans le drive une opportunité pour relancer ou développer des produits n'ayant pas en magasin le développement escompté. « Sur un site Internet, tous les produits se retrouvent au même niveau, quel que soit le stock dans l'entrepôt, souligne Emmanuel Descloux. Des produits peu visibles en magasin du fait du manque de volume pourraient être relancés par le drive. Cela pourrait être le cas par exemple du sachet de cinq têtes d'artichauts violets. Le drive pourrait aussi favoriser le développement des fruits et légumes bio, pas toujours très visibles en magasin, alors qu'ils sont au même niveau que les produits conventionnels sur Internet et que l'on peut facilement comparer les prix. » Sur les 70 références de la gamme drive, 20 pourraient être des produits bio.

Des produits qui se conservent

« Le développement du drive est tel que nous ne pouvons pas ne pas nous y intéresser, estime également Roger Capitaine, directeur de Savéol. Nous travaillons depuis deux ans sur une gamme adaptée à ce créneau. » L'opérateur offrant déjà beaucoup de produits conditionnés, à peu près toute la gamme de tomates peut être proposée pour le drive. « La difficulté pour l'instant porte sur le fait que les drives ont souvent des lieux de stockage froid regroupés, plutôt à 2-4 °C et donc peu adaptés aux fruits et légumes. Nous mettons donc en avant des variétés qui se conservent bien, comme la tomate Torino. Et pour la même raison, nous imaginons difficilement vendre des fraises en drive. » Savéol travaille aussi sur des conditionnements adaptés au drive. « Nous proposons des barquettes sous flow-pack de 600 g de Cœur-de-bœuf et de Torino, précise-t-il. Pour la grappe, nous avons des barquettes 1 kg et, à la demande de certaines enseignes, des grappes conditionnées à l'unité. » 40 à 50 références sur les 150 de Savéol ont été regroupées dans un catalogue dédié au drive.

Les opérateurs ont toutefois un peu de mal à cerner comment fonctionner avec le drive. « Actuellement, ce sont les mêmes opérateurs qui achètent pour le drive et pour les magasins, constate Roger Capitaine. Et nous ne savons pas quels produits vont au drive. De plus, chaque enseigne a ses exigences en termes de produits ou de conditionnements. Sans visibilité, la gestion des stocks peut devenir compliquée. »

« Nous vendons nos produits à des centrales d'achat et nous ne savons pas si ces centrales en placent dans des drives, note Isabelle Georges, attachée de direction chez Solarenn. Nous n'avons donc pas de produits spécifiques pour ce créneau. » Une autre crainte porte sur la banalisation des produits tirant les prix vers le bas. « Le plus souvent, aucune marque n'est mise en avant sur les sites, constate Roger Capitaine. Il y a donc un risque que le produit soit banalisé, que les efforts faits pour défendre la qualité ne soient plus valorisés et que cela entraîne une baisse des prix. » Une crainte que ne partage pas le directeur marketing de Prince de Bretagne : « Le drive pourrait être l'occasion de relancer les marques, qui peuvent être très visibles sur un site web, et de donner encore plus d'informations sur les produits, la production, la traçabilité, les recettes... » Tous estiment en revanche que le drive est amené à évoluer. « Le secteur va se professionnaliser, s'équiper de moyens de stockage adaptés et de forces de vente spécifiques, estime Roger Capitaine. Nous devons nous y préparer. »

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