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Mieux connaître le campagnol provençal

Largement présent dans les vergers du Sud-est de la France, le campagnol provençal est à l’origine de dégâts importants, surtout sur les jeunes arbres. Sa présence est favorisée par l’environnement et certaines pratiques culturales.

La population atteint un pic en automne-hiver de 400 à 600 individus par hectare.

La présence du campagnol provençal dans le Sud-est de la France n’est pas une nouveauté, mais c’est un problème croissant pour bon nombre d’arboriculteurs et de viticulteurs. « C’est un sujet récurrent, confirme Michel Jay, Ctifl, lors de la rencontre Ctifl/ Itab fruits bio en mars dernier. La pression exercée par ce ravageur augmente dans les vergers de plusieurs régions françaises ». Devant l’inquiétude des professionnels vis-à-vis du campagnol provençal, le Ctifl a entrepris l’an dernier une étude sur ce sujet, menée par Michel Jay et Jean-Michel Ricard. Une enquête auprès d’arboriculteurs du Sud-est ainsi que diverses études de terrain ont été réalisées, dont les premiers résultats ont été publiés en novembre 2016 dans Infos Ctifl. Le campagnol provençal (Microtus duodecimcostatus) est présent en France sur tout le pourtour méditerranéen, jusque dans le Rhône et au sud-ouest du Massif central. Son habitat naturel est constitué de friches ou de prairies sèches, la strate herbacée jouant un rôle important dans son cycle de vie. Il creuse des galeries et évacue la terre sous forme de tumuli, plus petits et plus groupés que ceux de la taupe. Son activité est essentiellement souterraine mais il peut aussi circuler en surface. Il s’alimente notamment des parties aériennes et souterraines des plantes et des fruits tombés au sol et constitue des greniers, réserves de nourriture souterraines. « Le campagnol provençal se distingue du campagnol des champs et du campagnol terrestre par le fait qu’il ne présente pas a priori de cycles de développement pluriannuel de ses populations », décrit Michel Jay. On n’observe pas chez lui des années de basse densité qui alternent avec des pics de population. Cependant, l’hypothèse de l’existence de cycles de pullulation n’est pas à écarter, mais sa mise en évidence demanderait un temps d’observation plus important. La population est minimale en août avec une centaine d’individus par hectare. Elle augmente jusqu’à atteindre un pic en automne-hiver de 400 à 600 individus par hectare, puis diminue à partir de février.

Les dégâts par affaiblissement difficiles à identifier

L’enquête du Ctifl auprès de producteurs a été réalisée avec l’aide des techniciens et producteurs du GRCETA de Basse Durance, de la coopérative Cofruid’Oc et des techniciens des stations régionales d’expérimentation. Elle visait à évaluer la présence du campagnol provençal en verger, et déterminer les facteurs le favorisant. Trente-quatre arboriculteurs ont été interrogés, principalement dans le Vaucluse et les Bouches-du-Rhône, mais aussi dans le Gard et l’Hérault. Les vergers concernés (pommiers à 62 %, poiriers à 19 %, pêchers, cerisiers et abricotiers pour le reste) présentaient une surface inférieure à un hectare pour 79 % d’entre eux. « Le campagnol provençal est presque omniprésent, constate Michel Jay. On le rencontre dans près de 80 % des vergers de l’enquête. Mais on recense seulement 9 % de vergers avec des dégâts, c’est-à-dire une mortalité d’arbres nécessitant un remplacement ». Le rongeur est aussi responsable de dégâts par affaiblissement. Ceux-ci sont très difficiles à identifier mais peuvent potentiellement avoir une incidence durable sur la vie du verger. Les arbres les plus jeunes sont les plus touchés : 82 % des dégâts ont lieu en première feuille. Les porte-greffes M9, Pajam 1 et 2 montrent le plus de dégâts mais ce sont aussi les plus fréquemment rencontrés dans les vergers de l’enquête. Par ailleurs, une grande variété de porte-greffes sont touchés. Le système d’irrigation est un critère important qui influence les dégâts de campagnol. « L’irrigation par aspersion et le goutte-à-goutte favorisent les dégâts, note Michel Jay. A l’inverse du système gravitaire, car la submersion des galeries noie de nombreux animaux ». Un suivi des populations de campagnol provençal réalisé en 2016 au centre Ctifl de Balandran, à Bellegarde (Gard) montre que la sécheresse a un effet très fort sur la localisation des rongeurs. « En cas de sécheresse, les campagnols se rapprochent des arbres, là où l’eau est présente », expose Michel Jay. Les auteurs de l’étude s’interrogent sur le fait que l’aridité croissante en été dans le sud de la France pourrait contraindre les campagnols provençaux à se rapprocher des cultures irriguées. Sur le site de Balandran, tous les milieux sont concernés par la présence du campagnol provençal, dès lors qu’ils présentent une strate herbacée. Chaque verger a 15 à 20 % de sa surface qui présente des tumuli.

La sécheresse contraint fortement le campagnol provençal

Seuls les vergers de pêchers sont relativement épargnés, avec 5 % de leur surface montrant des signes de présence du campagnol provençal. Mais cette espèce est implantée en priorité sur les zones caillouteuses, donc peu favorables au campagnol. Les nombreuses friches situées à proximité du centre de Balandran maintiennent les populations à un niveau élevé et constituent probablement des zones sources. Le comportement des campagnols a été étudié grâce à un suivi vidéo infrarouge et à un dispositif photographique à déclenchement automatique. Des tests d’appétence ont permis d’observer que le campagnol provençal ronge les systèmes racinaires des scions qui lui sont proposés, et qu’il a tendance à transporter les bâtonnets de porte-greffes dans son trou pour les stocker. Une préférence pour certains porte-greffes n’a donc pas été observée, mais il n’est pas exclu qu’elle existe.

Trois précautions à prendre lors de l’implantation d’un verger

  1. 1 Analyser les milieux adjacents

    Le campagnol provençal, comme son cousin le campagnol des champs, préfère les milieux enherbés. Ceux-ci sont propices à son alimentation, conservent l’humidité et lui permettent de se dissimuler de ses prédateurs. Ainsi, les friches, luzernières et prairies permanentes sont particulièrement favorables à la présence et au développement du campagnol provençal. Il faut éviter la proximité de ces zones sources dans la mesure du possible. Sinon, la pose d’un grillage enterré autour du verger peut aider à limiter les risques, même si son efficacité reste à démontrer.

  2. 2 Travailler le sol au pied des arbres

    Les surfaces en vignes et vergers travaillés au pied ont baissé ces dernières années. La limitation du travail du sol au profit du désherbage chimique peut être l’un des des facteurs expliquant le niveau élevé des populations de campagnol provençal dans le Sud-est de la France. Un travail du sol au pied des arbres les premières années d’implantation du verger, associé à un piégeage à l’intérieur des parcelles peut contribuer à limiter les dégâts observés sur les jeunes arbres.

    1. 3 Développer la capacité d’accueil des prédateurs

      La liste des prédateurs naturels du campagnol provençal est longue. Le suivi au centre Ctifl de Balandran a révélé la présence de dix espèces de rapaces prédatrices, comme la chouette hulotte, la buse variable, ou encore le faucon crécerelle. L’installation de nichoirs et de perchoirs aux abords de la parcelle peut aider à leur installation durable. Mais les mammifères carnivores ou omnivores comme le renard et le sanglier sont également friands du campagnol provençal, ce dernier éventrant les galeries à sa recherche.

Dans la famille campagnol…

  • Campagnol provençal (Microtus duodecimcostatus)

    - 8 à 11 cm de long

    - 21 à 30 g

    - Forte longévité : jusqu’à 2 ans et demi

    - Maturité sexuelle : 2,5 mois

    - Période de reproduction : de août à mai, pic à l’automne

    - Localisation en France : arc méditerranéen, sud de la vallée du Rhône, sud-ouest du Massif central

  • Campagnol terrestre, ou rat taupier (Arvicola terrestris)

    - 12 à 22 cm de long

    - 80 à 120 g

    - Longévité : 6 mois à 1 an

    - Maturité sexuelle : 2,5 mois

    - Période de reproduction : avril à octobre

    - Localisation en France : régions de moyenne montagne, particulièrement Auvergne et Franche-Comté

    • Campagnol des champs (Microtus arvalis)

      - 8 à 12 cm

      - 16 à 50 g

      - Longévité : 1 à 3,5 mois

      - Maturité sexuelle : 1 mois

      - Période de reproduction : mars à octobre

      - Localisation en France : grande majorité du territoire

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