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HARICOT
Le haricot de Soissons n’a pas perdu le fil

Sauvé de la disparition, le haricot de Soissons renaît grâce à une poignée d’agriculteurs du Soissonnais. Déposé en juin 2012, son dossier d’IGP doit être réexaminé au moment où l’ONU célèbre l’année internationale des légumineuses.

La commission de l’Inao doit réexaminer une nouvelle fois le dossier IGP du haricot de Soissons en novembre. Quelques semaines avant ce passage en commission, François Desmarest se montrait plutôt confiant sur son aboutissement. Créateur de la cueillette libre-service « Les jardins de Pontarcher », implantée à l’ouest de Soissons, c’est l’un des 25 producteurs qui cultivent cette légumineuse dans l’aire géographique de la future IGP. Dans le cercle très restreint des signes de qualité, le haricot de Soissons rejoindrait ainsi quelques-uns de ses homologues français les plus réputés comme le haricot tarbais, la mogette de Vendée, le coco de Paimpol ou le lingot du Nord.

François Desmarest est l’un des 40 producteurs à avoir participé à la relance de ce haricot, sous l’impulsion de la chambre d’agriculture de l’Aisne au début des années 2000. A cette époque, quelques « jardiniers » cultivaient encore la légumineuse dans la vallée de l’Ailette, au coeur du canton de Craonne. Georges Roussy était l’un d’entre eux. Il en a cultivé toute sa vie jusqu’à sa disparition en 2003. Et c’est à partir de sa dernière production que fut régénérée la semence et inscrite la variété Cahot. La quarantaine d’agriculteurs, issus d’horizons bien différents (céréaliers, éleveurs, maraîchers, ou viticulteurs), a emblavé quelques ares, créé un groupement de producteurs et, dans la foulée, une coopérative en septembre 2003 qui commercialise trois tonnes de haricots la première année. Aujourd’hui, les 20 coopérateurs produisent entre 15 et 20 t/an selon les années sur huit hectares. Les produits sont destinés essentiellement aux grandes et moyennes surfaces et aux grossistes.

Un long processus qui justifie son prix de vente

Sur le site de Pontarcher, François Desmarest cultive 1,5 ha de haricots. Il les vend « un peu dès la cueillette », mais il valorise ses 3 à 4 t/an surtout en bocaux. « 90 % de notre production annuelle est destiné à la transformation via un conserveur de Loudun (86), ce qui nous permet de faire 25 000 bocaux/an. Nous distribuons cette gamme de produits cuisinés dans les épiceries fines à travers toute la France », explique-t-il. Ramassé à la main, le haricot exige beaucoup de main-d’oeuvre. « Sa culture nécessite chez nous de 400 à 500 heures/ha et donc un salarié présent en permanence pendant 17 semaines », souligne-t-il. Avec 700 poteaux, 500 mètres de filets à ramer, son implantation à l’hectare nécessite la présence de deux personnes. Cette année, la cueillette « des premiers marrons » a débuté mi-septembre, mais il faudra y revenir : couper les pieds à la faux et laisser sécher sur place, passer plusieurs fois et une fois la récolte terminée, il faudra mettre les filets par terre, arracher les ficelles… Une fois stocké, le haricot est trié, séché, surgelé pour éviter le développement des charançons, décongelé… et mis en sachets ou cuisiné ! « Un long processus qui justifie son prix de vente aux consommateurs », conclut François Desmarest. Comme le haricot de Soissons, le haricot de Castelnaudary a également entrepris une démarche IGP.

Quatre autres haricots signent leur qualité

Tendre et fondante Mogette

Relancée au début des années 2000, la Mogette de Vendée peut déjà s’enorgueillir d’un Label rouge et d’une IGP. Le Label rouge garantit trois caractéristiques. « La traçabilité du producteur au consommateur se concrétise notamment par un stockage lot par lot dans des contenants de deux tonnes », précise Jacques Allin, responsable légumes secs de la coopérative Cavac. L’homogénéité et la sélection du produit sont directement rattachées à l’utilisation de variétés certifiées, essentiellement la variété Linex. Enfin, le caractère « tendre et fondant » de la Mogette de Vendée est issu de parcelles sélectionnées pour leur taux d’argile et de limon qui conditionnent cette qualité gastronomique. La Mogette de Vendée est produite sur environ 700 ha par 45 agriculteurs qui associent cette culture récoltée à la machine à leurs activités de polyculture-élevage. La Cavac commercialise la Mogette de Vendée sous la marque Grain de vitalité qui regroupe d’autres légumes secs dont du haricot rouge.

« Plumer le coco »

Le Coco de Paimpol se cultive dans les Côtes d’Amor. Depuis 1998, il bénéfice d’une AOC qui s’est transformée en AOP en 2012. Elle atteste du mode de culture traditionnel de ce haricot demi-sec à écosser qui se ramasse manuellement de juillet à octobre, période où on « plume le coco ». Sa culture s’étale sur environ 1 000 ha pour une production de 6 500 tonnes. Les grains ronds de couleur blanc ivoire dans leur gousse marbrée de violet sont issus de trois variétés sélectionnées par OBS, ou de semences fermières conservées par les producteurs. « Toute la production est livrée à l’UCPT qui commercialise le coco de Paimpol sur le marché du frais notamment dans le Sud-ouest », précise Philipe Gautier, responsable du produit à la coopérative. Mais l’évolution du mode de consommation conduit les producteurs bretons à envisager de nouvelles présentations « prêtes à consommer » et donc écossées.

Lingot du Nord sur perroquets

Le Lingot du Nord se cultive sur une cinquantaine de communes du Nord et du Pas de Calais. Il dispose d’une IGP et d’un Label rouge qui mettent en valeur la peau fine et la texture fondante de ses grains. Cultivé dans les terres argileuses de la plaine de la Lys, il tire aussi sa particularité de son mode de séchage au champ sur des bâtons appelés « perroquets ». Stocké ensuite sous des hangars, il est battu tout l’hiver. Une vingtaine de producteurs cultivent environ 60 ha et produisent 120 tonnes de haricot. Le produit Label rouge est commercialisé sous contrat auprès de la société Asseman-Deprez qui vient d’investir dans une calibreuse de tri optique. « En supprimant cette opération fastidieuse, nous espérons trouver de nouveaux producteurs pour faire face à la demande », mentionne André Charles, président de l’association Lingot du Nord. En 2008, le flageolet vert à lui aussi reçu le Label rouge.

Haricot tarbais, haricot maïs

Le haricot tarbais, aussi appelé haricot maïs car il est traditionnellement associé à cette culture qui lui sert de support, est cultivé dans le département des Hautes-Pyrénées et les cantons limitrophes, il possède un Label rouge obtenu en 1997 et une IGP en 2000. « La relance de la production s’est bâtie autour de trois éléments essentiels, la semence, le terroir et l’organisation de la production, confie Jean-Marc Bedouret, président de la coopérative du Haricot tarbais. Deux variétés, Alaric et Lapujole, sont aujourd’hui certifiées pour produire ce haricot ». Il est produit par plus de 70 agriculteurs, dont 60 adhérents de la coopérative qui collecte environ 150 t de haricot par an, soit 150 ha de culture. « Nous recrutons chaque année quatre à cinq nouveaux producteurs motivés par l’identité, la qualité du produit et l’assurance du revenu puisque le prix est fixé et l’apport à la coopérative est total », mentionne Jean-Marc Bedouret.

Guy Dubon

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