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Des f&l premium encore trop discrets

Tout le monde s'accorde à dire que les f&l sous signes officiels de qualité sont mieux valorisés que le standard. Mais la difficulté à les sourcer entrave leur développement.

Que l est le point commun entre la mirabelle de Lorraine, la clémentine de Corse ou la carotte de Tilques, pour ne citer que ces produits ? Ils appartiennent à la grande famille des f&l disposant d'un signe officiel de la qualité et de l'origine (Siqo). A ce jour, dans le secteur des f&l, on compte 31 IGP, 20 AOP et 29 produits disposant du Label rouge. Et cette liste inclut aussi bien les f&l frais que les pommes de terre, les olives, les légumes secs et les châtaignes.

Sans aucun doute, ces labels soulignent l'excellence de la production agricole française : variétés historiques, savoir-faire authentique, dépositaire d'une culture gastronomique nationale... Mais, aujourd'hui, dans un contexte où l'approvisionnement est mondialisé, les signes de qualité sont-ils pour le commerce un accélérateur de ventes ou ne revêtent-ils qu'un caractère de préservation d'un produit, un peu comme une “réserve indienne” ?

Les derniers chiffres en date fournis par l'Inao remontent à 2014. Cette année-là, avec 112 154 t, le volume commercialisé de f&l sous Siqo était en augmentation de 4 % par rapport à l'année précédente. Le chiffre d'affaires était aussi orienté à la hausse, avec un total de 243,8 M€, soulignant un léger développement de 1 %. L'IGP représentait près de 61 % du total (environ 68 200 t) avec des volumes progressant de 8 % et le chiffre d'affaires de 4 %. Dans ce groupe, la clémentine de Corse et le pruneau d'Agen ont représenté 70 % des volumes commercialisés. Le petit agrume de l'Ile de Beauté a connu une évolution de 39,4 % en volumes en 2014. Dans la catégorie des AOP, le volume est resté stable mais le chiffre d'affaires a reculé de 3 %. Depuis cette date, l'arrivée de nouveaux produits sous Siqo, comme le melon de Guadeloupe en IGP ou l'endive de pleine terre en Label rouge, a renforcé la place des f&l. L'en-semble de ces chiffres est à mettre en parallèle avec les produits sous Siqo des filières animales et viticoles, largement plus importants en termes de produits (94 % des vins sont commercialisés sous signes de qualité).

Même modestes, les f&l sous Siqo n'en demeurent pas moins intéressants pour l'aval. Ainsi, pour Bertrand Moulins, chef de Marché f&l chez Metro Cash and Carry, la présence de signes de qualité dans la gamme est un avantage : « Depuis trois ans, nous avons inscrit la carotte des sables en fond de rayon. Et nous voyons bien que lorsque nous mettons en avant un produit sous signe de qualité, les ventes – spécialement auprès de notre clientèle de restaurateurs – sont là, le prix n'étant pas ici l'élément principal. Le label est toujours un facteur facilitant pour les ventes. » Le différentiel peut être notable : par exemple en raisin, un muscat AOP se vend à 2,49 €/kg alors que le même produit en standard est à moins de 2 €. Bertrand Moulins précise que Metro Cash and Carry propose ainsi en exclusivité des boîtes de trois têtes d'ail rose de Lautrec. Il reconnaît aussi qu'un travail de fond est nécessaire afin d'assurer un sourcing régulier considérant les contingences de volumes liées à des produits sous Siqo.

L'enjeu principal est de pouvoir sourcer régulièrement le produit

 

Tout comme les autres productions agricoles, les produits sous Siqo sont dépendants des conditions météorologiques : trop de pluie, trop de vent et c'est la valeur ajoutée qui disparaît. Fin août, l'organisme de défense et de gestion de la lentille verte du Puy (AOP) a tiré la sonnette d'alarme : la récolte s'annonçait catastrophique, avec des rendements à l'hectare ne dépassant pas les 4 quintaux contre10 quintaux habituellement. La cause ? Un printemps pluvieux. C'est la troisième mauvaise campagne successive pour les producteurs qui n'ont pas pu compenser d'une année sur l'autre. Les stocks sont vides. L'inquiétude pour la filière est que cette année le consommateur se tourne vers d'autres origines (autres régions françaises, Espagne ou Italie).

 

La clémentine de Corse IGP connaît aussi les variations de volumes d'une saison à l'autre : en 2016, la récolte n'a pas dépassé les 17 000 t (25 000-30 000 t en moyenne). « Cela peut être un marché compliqué, reconnaît Jean-Paul Mancel, président de l'Aprodec (Association de promotion et de défense de la clémentine corse). A ce niveau de volumes, on ne peut pas avoir de vraies discussions avec la distribution. Heureusement, la communication que nous avons mise en place depuis plusieurs années a permis de garder le contact avec le consommateur et de ne pas en perdre. » Le verger corse est constitué d'arbres au rendement moyen et soumis à une forte alternance, ce qui explique ces variations de tonnage. De nouvelles plantations, qui n'ont pas ces défauts, commencent à entrer en production. « Nous espérons gommer cette variation. Nous savons vendre jusqu'à 34 000 t, ce qui est déjà arrivé, précise Jean-Paul Mancel. Le problème est de faire passer l'offre de 17 000 à 27 000 t et de s'y tenir. Car ce n'est pas en allant chercher les dernières clémentines au fin fond des vergers que l'on arrive à ouvrir des marchés. »

 

Sécurité et régularité de production sont ainsi cruciales pour conserver la place des f&l sous Siqo sur les linéaires français. Sans parler de s'attaquer aux marchés européens...

 

Petit glossaire des signes d'identification de la qualité et de l'origine

AOC (Appellation d'origine contrôlée) : elle est l'expression d'un lien intime entre le produit et son terroir : une zone géographique (caractéristiques géologiques, agronomiques, climatiques et historiques...), des disciplines humaines, conditions de production spécifiques pour tirer le meilleur parti de la nature.

Label rouge : il garantit qu'un produit possède un ensemble de caractéristiques lui conférant un niveau de qualité supérieure par rapport aux produits similaires. Il est obligatoirement porté par une structure fédérative : l'Organisme de défense et de gestion (ODG) qui représente et rassemble les opérateurs de la filière du produit.

AOP (Appellation d'origine protégée) : elle a été créée par le règlement communautaire n° 510-2006. Pour pouvoir bénéficier de l'AOP, la dénomination d'un produit préalablement reconnue en AOC par l'Etat membre doit être enregistrée auprès des services de la Commission européenne.

IGP (Indication géographique protégée) : créée en même temps que l'AOP, elle distingue un produit dont toutes les phases d'élaboration ne sont pas nécessairement issues de la zone géographique éponyme mais qui bénéficie d'un lien à un territoire et d'une notoriété. La relation entre le produit et son origine est moins forte que pour l'AOC mais suffisante pour conférer une caractéristique ou une réputation à un produit.

AB (Agriculture biologique) : la marque AB de certification, comme le logo bio européen, identifie des produits 100 % bio ou contenant au moins 95 % de produits agricoles bio dans le cas des produits transformés.

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