La conduite en Aximum© en test pour augmenter les performances des vergers de poirier

Le CTIFL expérimente la conduite de vergers de poirier en Aximum^© dans le but de maintenir le volume de la canopée tout au long de la vie du verger. Ce nouveau mode de conduite, aux consignes de taille simples, peut permettre de mécaniser le verger.

Publié le 5 octobre 2021 - Par CTIFL

La variété Williams conduite en Aximum© à des distances de 3,5 x 1,25 m a montré une production cumulée entre 270 et 300 t/ha sur neuf ans dans un essai du CTIFL.

Année après année, les surfaces de poiriers se réduisent en France. La culture a même été délaissée dans plusieurs régions. Ce désintérêt s’explique en partie par la technicité de l’espèce et sa conduite chronophage en main-d’œuvre. Le poirier est en effet relativement vigoureux, il présente généralement une mise à fruits lente, une productivité modérée, et plusieurs variétés sont sensibles à l’alternance de production. Afin d’augmenter les performances agronomiques du poirier en maintenant une haie fruitière étroite tout au long de la vie du verger pour faciliter la mécanisation, tout en simplifiant les travaux des salariés, le CTIFL expérimente depuis 2010 la conduite Aximum^©, déjà travaillée depuis plusieurs années en pomme.

L’un des challenges du poirier, espèce particulièrement pérenne, est d’anticiper le développement de la canopée à l’âge adulte tout en assurant une densité (arbres/ha) suffisante pour assurer une mise à fruits précoce et des rendements adaptés à un retour sur investissement rapide. L’intérêt de la conduite Aximum^© est d’optimiser les distances de plantation durant la vie du verger par le maintien du volume de la canopée tout au long de la vie du verger.

Des vergers de poirier à 2 300 arbres/ha

Ce mode de conduite a pour avantage d’avoir des consignes de taille simples à expliquer même à des salariés non spécialisés en arboriculture. Les interventions sont rapides et ne nécessitent pas ou très peu l’utilisation de poids ou de ficelles pour positionner les branches. Le savoir-faire repose sur l’identification des branches fruitières à conserver ou à supprimer durant la vie du verger. L’augmentation de la densité des arbres sur le rang (≤ 1,25 m entre plants monoaxes et ≤ 1,50 m entre plants biaxes) permet de concevoir des haies fruitières homogènes et de maintenir une production élevée après le retrait de plusieurs branches fruitières.

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Quelque que soient l’emplacement ou l’importance des branches fruitières renouvelées, leur suppression n’engendre jamais de dégarnissements car le choix des branches fruitières conservées doit coloniser ce nouvel espace. Entre rangs, comme le développement de la haie est maîtrisé tout au long de la vie du verger, il est possible de resserrer jusqu’à 3,5 m cet espace afin d’augmenter la productivité par hectare selon la variété et le porte-greffe. Plusieurs limites ont été identifiées : elle est difficilement compatible avec une taille d’été, elle exige des conditions de cultures poussantes et une densité de plantation élevée.

Une production cumulée de 300 t/ha sur les neuf premières années

Cette conduite débute à la plantation à partir de plants préformés en pépinière porteurs de plusieurs anticipés. Plus les anticipés sont nombreux, et plus la mise à fruits est rapide et la conduite Aximum^© est simple à mettre en œuvre. Lorsque les arbres sont arrivés à leur hauteur définitive, chaque axe de la haie fruitière est rabattu juste au-dessus d’une branche fruitière. Après la plantation, les branches fruitières trop fortes et concurrentes sont renouvelées. Les années suivantes, le renouvellement est poursuivi, les réitérations concurrentes sur les branches fruitières et le tronc sont supprimées et les nouvelles pousses sélectionnées.

Les branches fruitières sont simplifiées par la suppression de leurs ramifications pendantes ou horizontales. Si les branches ramifiées sont obliques montantes, la fructification devrait permettre l’arcure naturelle des branches. La première étude de conduite en Aximum^© en vergers intensifs installée depuis la plantation à des distances de 3,5 x 1,25 m et 3,5 x 1,5 m sur Williams/Sydo montre une production cumulée sur neuf ans entre 270 et 300 t/ha selon que les plants soient monoaxes ou biaxes.

Un nouveau dispositif planté en 2021

Les travaux d’expérimentation ont mis en évidence la prédisposition de la plupart des variétés à la conduite Aximum^©, dont Williams, Harrow Sweet_cov, Président héron, Angélys_cov, voire Conférence (plus érigée). Le renouvellement des branches fruitières peut s’effectuer sur plusieurs types de plants : monoaxes, biaxes (Bibaum^®, Ypsilon). Un nouvel essai a été mis en place au cours de l’hiver 2020/2021 au centre de Lanxade (Dordogne) du CTIFL.

Trois variétés seront expérimentées : Qtee^® Celina_cov, Fred^® CH 201_cov et Harrow sweet_cov. Ces essais seront réalisés à partir de plants monoaxes, biaxes et multiaxes greffés sur deux porte-greffes cognassier BA 29 et poirier Pyriam^®. Trois principales conduites : Aximum^©, Mur fruitier et Guyot Tree (multiaxes) seront expérimentées en production fruitière intégrée et en agriculture biologique.

Source : Infos-CTIFL septembre 2020

Une taille d’entretien en deux actions

La conduite Aximum^© repose sur un grand principe : le renouvellement régulier et total de plusieurs branches fruitières par arbre ou par axe annuellement. Il se fait durant la phase de dormance des arbres au moment de la taille hivernale. La mise en œuvre de la conduite Aximum^© nécessite deux actions :

1/ Supprimer les branches fruitières très développées, souvent concurrentes de l’axe, soit les branches fruitières trop fortes, trop longues présentant souvent un dégarnissement d’organes végétatifs et fructifères important à leur base. La coupe d’une branche fruitière s’effectue à 2-3 cm du tronc de sorte à laisser un onglet « chicot ». Selon les régions et les variétés, la longueur du chicot peut être volontairement adaptée ou légèrement biseautée afin de favoriser la genèse naturelle des nouvelles pousses. Une à quatre branches/an/arbre sont à supprimer au maximum selon la vigueur et le développement des branches et les renouvellements des années précédentes.

2/ Sélectionner les nouvelles pousses bien placées avec des angles ouverts. Ces dernières sont issues du développement de bourgeons latents induits par la suppression d’une branche fruitière. Les fructifications en 2^e et/ou 3^e année des jeunes branches permettront de parfaire les positionnements naturels de celles-ci dans la canopée. Chaque arbre ou axe d’une haie fruitière peut porter 18 à 25 branches fruitières en comptant les pousses et branches en cours de renouvellement.

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